Narbonne-Solidaire : un écosystème de fraternité…

Jeudi 19 heures, rendez-vous avec Benoit-Maéva Perez, le jeune et entreprenant animateur de Narbonne-Solidaire, sur le parking de l’ancienne salle des ventes où je le retrouve en compagnie de sa joyeuse (oui !) équipe de bénévoles servant le repas du soir à cette « société » de SDF et de clochards – j’en croise certains dans les rues de Narbonne, mais la plupart me sont inconnus – qui vit – façon de parler – en marge et dans l’indifférence plus ou moins avouée de la nôtre, quand elle n’est pas à ses yeux rendue invisible. Je disais joyeuse, parce qu’à l’évidence, dans cette relation entre ces personnes de tous âges en détresse et leurs servants de ce début de soirée, la dignité et le respect dû à chacun de ces êtres en très grandes difficultés, excluent toute forme de « lamentation », de poisseuse compassion. Benoît me raconte chacune de ces histoires, de ces vies. Et je peux voir, devant et derrière les tables  sur lesquelles les « bénévoles » ont amené entrées, plats et desserts qu’ils ont eux-mêmes préparés, des visages marqués par ce souci d’humanité que l’on constate souvent, paradoxalement, dans des situations de très grande misère physique ou sociale, et qui fait défaut, la plupart du temps, dans le quotidien de ceux qui n’en ont jamais connues… Ces « restos-trottoir » (trois par semaine et toujours au même endroit et à la même heure) se terminent à 20 heures, heure à laquelle une maraude suit, pour aller au contact de ceux qui n’ont plus la force, ou ne veulent pas se déplacer… L’admirable aussi, dans cette initiative solidaire prise en 2017 par  Benoit-Maéva Perez, est qu’elle le fut de manière spontanée sur Facebook et qu’elle persévère dans cet esprit quasi « autogestionnaire ». Pas de subventions sollicitées, à l’abri donc de toutes sommations d’allégeance politique ou symbolique et ne comptant que sur  ses seules forces et capacités d’auto-organisation, cette association fait aussi preuve d’innovation dans un monde associatif, disons- le, assez normé. Ce soir, j’ai pu croiser des bénévoles venant d’horizons religieux et politique différents mais tous pratiquant en acte un devoir de fraternité. Ce mot de notre devise républicaine trop négligé qui me fait penser, l’écrivant, à la conférence donnée la semaine dernière, à la Médiathèque de Narbonne, par Abdennour Bidar, sur ce sujet. J’y ai assisté et retenu, notamment, cette formule : « La fraternité, c’est un dénominateur commun à tous les humanismes ». Et cette idée encore, qu’il nous appartient, à tous les niveaux de notre vie sociale, famille, école etc… de créer des « écosystèmes de fraternité ». Dommage qu’il n’est pu, ce soir là, se rendre à deux pas du lieu où se tenait sa conférence. Il aurait alors constaté que la fraternité, comme utopie concrète, peut s’exprimer avec de faibles moyens, mais une grande générosité collective, sur le petit parking d’une ancienne « salle de vente »…

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