Petit éloge de la lenteur et du temps comme il va…

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Hier après-midi, marchant à une allure soutenue le long du canal de la Robine, je constatais, comme à l’accoutumée, que ce que je perdais en énergie physique je le gagnais en concentration intellectuelle; que la lenteur du déplacement sur mes deux seules jambes densifiait mes sensations , multipliait mes idées et les rendait plus légères, beaucoup plus riches. Le soir et le temps de la lecture venus, je m’emparais du « Petit éloge du temps comme il va » de Denis Grozdanovitch, paru dans la merveilleuse petite collection Folio2€. Il reposait là, sur ma table de chevet, attendant son heure pour que je fasse encore une fois l’expérience de ce phénomène psychologique mis au jour par le grand psychiatre suisse Carl Gustav Jung: la « synchronicité ». C’est à dire l’occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Ainsi, pages 18 et 19, suis je tombé, par la grâce de cette « puissance discrète du hasard » sur ces lignes du psychanalyste Charles Baudoin: « Quand il nous arrive de devoir renoncer à la vitesse, par exemple de devoir abandonner l’auto pour la marche, nous sommes frappés de constater comme les sensations, moins nombreuses, sont redevenues par contre plus denses, plus réelles, plus riches, et nous ne nous sommes plus sûr de n’avoir, pas tout compte fait, gagner au change. Elles ont perdu en quantité mais elles ont repris une dimension de plus. Elles nous sont moins jeter aux yeux, comme poudre et confettis, mais nous les tenons mieux. « Un tiens vaut, nous dit-on, mieux que deux tu l’auras. » Or les sensations multipliées par la vitesse ne sont-elles pas de perpétuels. « Tu l’auras » ou « tu pourrais l’avoir » que nous ne tenons jamais ? Cela rejoint la remarque que nous faisions un jour sur ces vies recluses du couvent ou de l’hôpital, ces vies sans événements à ce qu’il semble, mais où aussitôt les plus menus incidents font figure d’événements, comme un petit bruit dans le silence. »

NB: « La puissance discrète du hasard » est un autre des livres écrits par Denis Grozdanovitch, que je vous recommande vivement …

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Commentaires (2)

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    Eric

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    Une fois de plus, tout Rousseau y est, lui qui marchait Paris-Genève, occupé à ses ‘rêveries’ de promeneur solitaire.

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