Que lis-tu en ce moment ? L’Odyssée ! Voici pourquoi…

 

   

Un ami m’a demandé ce qu’en ce moment je lisais. C’est la question des questions sur les réseaux sociaux ! Je veux dire aujourd’hui et pour des semaines encore. Confinement oblige. Bien qu’on puisse se divertir autrement. Je n’ai pas de préjugés, s’agissant de passer le temps. À chacun sa manière. À cet ami, je lui ai donc répondu : « Rien de la production éditoriale récente ! » Je voudrais que l’on me croit. Et que l’on n’y voit aucune pédanterie. C’est ainsi. J’ai donc relu récemment, entre autres classiques, « Un coeur simple » de G. Flaubert, et admiré sa bienveillante ironie – la mort de Félicité et son Loulou de perroquet dans les airs semblable au Saint Esprit, m’a beaucoup fait rire ; « À Rebours » aussi, qui, cette fois-ci, m’a paru limpide. Oui, oui ! Avant-hier, c’était l’Odyssée et demain, façon de parler, sera « Le journal intime » de B. Constant – sur ma liseuse ! je sais, c’est pas bien ! – ;  des « journaux » ou des « carnets » d’auteurs, enfin. Très commode, leurs lectures ! J’en ouvre un au hasard, comme chez Montaigne, et quelques lignes ou quelques pages suffisent ; et tout un monde surgit qui s’impose au présent. Bon ! j’arrête là. Je disais donc  à mon ami que j’étais dans Homère et son Odyssée. J’y ai surligné ce passage, notamment, où Circé la Magicienne met Ulysse en garde ; lui conseille de ne pas céder au chant des Sirènes. Elles attirent irrésistiblement les marins, dont les bateaux s’éventrent sur les écueils ; et nul n’en réchappe et « les os des défunts blanchissent sur le pré fleuri des rivages de l’île. »

Je ne sais ce qui précisément m’a arrêté sur ce chant en particulier. Mais je le trouve de circonstance. Le voici :

« Le Chœur – « Viens ici ! Viens à nous ! Ulysse tant vanté ! L’honneur de l’Achaïe !… Arrête ton navire : viens écouter nos voix ! Jamais un noir vaisseau n’a doublé notre cap, sans ouïr les doux airs qui sortent de nos lèvres ; puis on s’en va content et plus riche en savoir, car nous savons les maux, tous les maux que les dieux, dans les champs de Troade, ont infligés aux gens et d’Argos et de Troie, et nous savons aussi tout ce que voit passer la terre nourricière. » Elles chantaient ainsi et leurs voix admirables me remplissaient le cœur du désir d’écouter. Je fronçais les sourcils pour donner à mes gens l’ordre de me défaire. Mais, tandis que, courbés sur la rame, ils tiraient, Euryloque venait, aidé de Périmède, resserrer mes liens et mettre un tour de plus. Nous passons, et bientôt, l’on n’entend plus les cris ni les chants des Sirènes. Mes braves gens alors se hâtent d’enlever la cire que j’avais pétrie dans leurs oreilles, puis de me détacher. »

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