Quelques remarques sur les résultats du premier tour de la présidentielle en Occitanie.

             

Le 18 mars 2022, j’écrivais ceci : « Ce n’est un secret pour personne : Carole Delga veut prendre la direction du PS après la présidentielle et les législatives qui suivront. Prendre est d’ailleurs un bien grand mot tant la séquence électorale à venir devrait être la pire jamais subie par ce parti depuis sa naissance à Épinay-sur-Seine. Disons alors cueillir ce qu’il en restera. Il lui faut donc, après avoir conservé la Région, sans LFI et EELV, en 2021, doper son image dans sa stratégie de prise de contrôle de la direction du PS en présentant aux militants et cadres du parti un bon bilan électoral à la présidentielle et aux législatives. » Les résultats du premier tour de la présidentielle sont tombés et la situation de la gauche hors LFI, c’est-à-dire celle promue par Carole Delga, notamment, est pire que celle que j’avais anticipée. La candidate du PS fait en effet un petit 2,33 %, le candidat du PCF 2,52 % et celui d’EELV 4,20 %. Au total donc, un peu moins de 10 % * pour un « rassemblement partisan » promu et voulu par Carole Delga pour les législatives –  rassemblement qui ne représente qu’un peu moins de la moitié des électeurs de J.L Mélenchon ! Autant dire que ce dernier peut passer sur le corps du PS et de ses alliés aux législatives, avec pour conséquences évidentes la disparation assurée de députés estampillés « delganiens » ; et de sérieux problèmes financiers pour leurs partis respectifs. Cela dit, certains commentateurs avancent l’idée que le PS, EELV et le PCF n’ont pas le choix ; qu’ils devront renier leurs stratégies et leurs programmes jusqu’ici présentés à leurs électeurs, pour se mettre à genoux devant Mélenchon afin d’obtenir de lui un grand élan de générosité : son effacement et son soutien dans des circonscriptions considérées comme « gagnables ». On imagine d’ici ce que seraient alors leurs discussions sur un vague pacte de législature, lui-même fondé sur des programmes totalement incompatibles. Quant aux négociations sur la répartition, à 3 ou 4 (PS, EELV, PCF et PRG), des circonscriptions… À ceux-là, j’ai bien envie de dire qu’ils sont bien sûr en droit de rêver ! Je disais donc que ce premier tour de la présidentielle avait provoqué un véritable séisme politique dans une région considérée à tort comme éternellement acquise à la gauche « républicaine ». Mais un séisme politique venant de loin et qui, au fil des élections, place désormais en tête des différents scrutins majoritaires la candidate d’extrême droite et son RN. Une candidate et un parti qui, élections après élections, avale aussi l’électorat traditionnel de droite, au point d’avoir fait quasiment disparaître du paysage politique régional sa candidate et son parti historique « LR » : 3,90 % des voix ! Ce qu’il faut retenir aussi est qu’en Occitanie Emmanuel Macron arrive en deuxième position et conserve son socle électoral de 2017  – un peu moins d’un point derrière Marine Le Pen. En conséquence, le deuxième tour du 24 avril sera tout aussi déterminant au plan régional qu’au plan national. Au plan régional, car le vainqueur de la présidentielle créera une dynamique électorale favorable à ses candidats aux législatives. C’est pourquoi, en raison, et parce que je veux éviter le pire à mon pays et ma région, je voterai sans hésitation pour le président sortant…

* Ces piètres résultats s’expliquent par le vote utile de leur électorat dont ont profité Mélenchon et E.Macron. [Région Occitanie résultat élection présidentielle 2022 complet]

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Commentaires (4)

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    Gerard

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    Le combat sera pas si dur pour Macron !je vois le président sortant avec 10 points devant après les 2 semaines de campagne

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    Dumas

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    Est-il utile et nécessaire de faire une analyse du scrutin de premier tour?
    Une gauche et une droite radicales et un ventre mou de chez mou composé d’ex DSK et Hollande, et d’ex Fillon et Sarkosy.
    L’agrégat en a fait la république en marche.
    Seule la gauche doit se reconstruire, la droite est chez Macron et Le Pen.
    A charge pour ces derniers de se fondre dans un creuset mal odorant.

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      Michel Santo

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      Bonjour ! Ne voyez vous donc pas que les vrais sociaux démocrates ont choisi Macron, par vote utile ou conviction désormais assuré, tandis que les ex frondeurs du Ps et d’EELV ont voté Mélenchon. Au moins le paysage est clair désormais. Et oui, je crois utile cette analyse du premier tour, car quel que soit le résultat, et j’espère de tout cœur et en raison que Macron vaincra la candidate de l’extrême droite, si Mélenchon va jusqu’au bout de sa stratégie, ou pas d’ailleurs, la gauche dites républicaine sera tout simplement à la rue, politiquement et financièrement. Cela dit, elle se reconstruira. Sous d’autres formes nécessairement ! Et de nom ! Le Ps d’Epinay après avoir joué son rôle historique est bien mort, en effet…

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    dumas

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    Epinay, de triste mémoire… J’y étais, au CERES, avec Chevénement et Georges Sarre le postier…
    De triste mémoire en effet, car le combat de fondation de l’Union de la gauche avec le PCF, les Radicaux, fut une foire d’empoigne ubuesque durant laquelle les anticommunistes n’ont pas adhéré à l’idée de rapprochement avec le PCF pour établir un programme commun – ils se sont abstenu lors du vote de motions-.
    Dès lors, l’union de la gauche était bancale. Les dérives et l’effondrement d’aujourd’hui viennent de ce moment.
    En effet, l’entrisme des ex militants PSU avec Rocard dans les structures supérieures du PS, soutenant la théorie de Galbraith sur la techno structure incontournable dans l’élaboration d’un projet politique, ont conduit à 1983.
    1983 le tournant de la rigueur, le début de la fin pour les porteurs de l’idée d’un socialisme d’équilibre, de rupture avec l’hégémonie capitaliste de l’époque.
    Aujourd’hui le PS est une sociale démocratie comme une autre.
    Fondue dans l’air capitaliste du temps.
    Éloignée des citoyens de gauche qui votent Le Pen ou Mélenchon faute de mieux.
    Le mieux est à rebâtir aujourd’hui, avec les citoyens qui le veulent, hors des doctrines mortifères.
    Epinay est mort en effet.

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