Retour à la politique réelle: l’accord sur le nucléaire iranien…

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Que dire d’autre que ce  qu’écrivait Valérie Toranian dans une de ses dernières chroniques de la Revue des Deux Mondes.

« Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Barack Obama a choisi. Téhéran est un mal relatif comparé à la barbarie de Daesh. Les diplomates iraniens et américains actuellement réunis à Lausanne semblent prêts à jouer la dernière manche de la discussion autour du programme nucléaire iranien. Objectif pour le chef de la Maison-Blanche : assouplir sa relation avec l’Iran qui, à ses yeux, est sur la scène moyen-orientale la seule puissance capable de stopper l’avancée de Daesh.

L’Amérique sait que ses frappes aériennes ne suffiront pas contre l’État islamique. Comme il est hors de question pour elle d’engager des troupes au sol, l’Iran semble bien être l’unique clé de la résolution du conflit.

De fait, l’Iran contrôle déjà les opérations sur le terrain : la reprise probable de Tikrit va se faire grâce aux milices chiites dirigées depuis Téhéran. Après Tikrit, si l’Iran et les Etats-Unis agissaient de concert, la reprise de Mossoul serait envisageable. Même chose en Syrie où l’Iran semble avoir un rôle important dans l’encadrement des forces militaires de Bachar al-Assad, lancées contre les positions de Daesh. La coalition occidentale, alliée à l’Iran et acceptant que le président Assad « rentre dans le jeu », se dessine de plus en plus comme la configuration réaliste anti-Daesh.

John Kerry, chef de la diplomatie américaine, croise donc les doigts pour qu’un accord historique sur le nucléaire soit signé dans les jours qui viennent en Suisse. ( Quasiment conclu hier! ) Il permettra à la République islamique de développer un programme nucléaire « civil » avec, assure-t-on à Washington,  les garanties suffisantes pour que ce civil ne devienne jamais militaire. Les sanctions économiques contre l’Iran seront levées et les deux pays pourront coordonner leur action militaire contre Daesh.

Dans le sillage des Etats-Unis, François Hollande opinera du bonnet. Aujourd’hui, ce n’est pas l’Iran qui attaque la France mais Daesh. L’armée française est à la manœuvre en Afrique contre Boko Haram. Elle n’enverra pas de troupes au sol. L’Iran est le pays le  mieux placé pour déloger les djihadistes de leur embryon de califat. Et même si la République islamique continue d’entraver les libertés et a exécuté pas moins de 753 prisonniers en 2014, entre deux maux, il faut choisir le moindre.

Dans ce jeu d’ajustement des alliances, comment reprocher à Benjamin Netanyahu son discours incendiaire contre l’administration Obama et la volonté américaine d’aboutir à un accord sur le nucléaire avec l’Iran ? Chacun voit Téhéran à sa porte et à l’aune de ses intérêts. Si l’Occident s’imagine fort bien allié d’un Iran nettoyeur de Daesh, Tel-Aviv frémit à l’idée d’un Iran nucléarisé qui a clairement menacé dans le passé l’existence d’Israël. Ne soyez pas crédules a tonné le chef du gouvernement israélien : « Les ennemis de vos ennemis sont aussi vos ennemis. » On craint qu’il ait raison. Mais dans l’Orient compliqué, a-t-on aujourd’hui le choix ? Quatre ans après le déclenchement du « printemps arabe » à Damas, après plus de 210 000 morts, dont 65 000 civils, après l’avènement de Daesh et de la barbarie djihadiste, c’est la revanche de la République islamique chiite et de Bachar al-Assad.

La première est à deux doigts de reprendre sa place de puissance régionale dominante. Le second attend tranquillement d’être réinstallé en triomphe sur les ruines de son pays et les cendres de ses ennemis.

L’autoritarisme « normal » est de retour. »

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