Scène de la vie narbonnaise (et d’ailleurs aussi) : Une terrasse place de l’Hôtel de Ville… et l’oubli !

   
Denis Carrière : café de la Paix. Capestang (34)
   

M. est un ami. Il me dit ne pas pouvoir rester assis à la terrasse d’un bistrot plus de 15 minutes ; et s’étonne toujours que je puisse y passer « deux heures » sans m’ennuyer. Comme hier où le temps était favorable à cette immobile et prenante activité. Un petit vent du Nord avait dégagé le ciel de ses lourds nuages noirs des jours précédents ; et la place de l’Hôtel de ville où je m’étais installé avait des airs d’Italie. Léopardi note quelque part que les Turcs et « autres orientaux » trouvent cette habitude fort raisonnable. Moi aussi ; et reposante ! Pas toujours, certes, mais très souvent, par une étrange et providentielle métamorphose de l’esprit, la pesanteur et le ridicule de l’existence qui parfois me pèsent, s’évaporent dans un léger et glorieux état de bien-être ; d’apaisante sérénité. La « rue » alors n’a plus ses formes mouvantes et disgracieuses – souvent ! Et la bêtise environnante se dissipe dans un vague et mélancolique bruit de fond. Une disposition du corps et de l’âme comme le souvenir d’une vie parfaite et désintéressée. C’est dans ces moments propices à l’émotion que soudainement naissent aussi de « belles images ». Comme hier après-midi celle qui depuis s’est fixée dans ma mémoire.  J’en vois encore toute la profondeur, et ses lumières. Le soleil était passé subitement derrière la sévère et sombre tour Aycelin, tandis qu’en sens contraire de sa course filaient vers la mer, à toute vitesse, très haut dans un ciel très bleu, de petits nuages blancs épars, disloqués. Le moment, précisément, que je choisis, sans trop y réfléchir, pour m’en aller aussi. L’ombre avait recouvert la place. Concordance des temps, l’heure était venue de ma longue marche quotidienne – sans autre but qu’elle même –, jusqu’à la nuit tombée…

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