Scène de la vie ordinaire et du monde d’après !

 

Mardi 2 juin : deuxième phase du déconfinement, titrent les journaux. Il est 8 heures ; devant ma fenêtre grande ouverte, je jette un coup d’oeil vers un ciel lourdement chargé : le vent marin y pousse de sombres nuages gris. De rares trouées d’un beau bleu signalent cependant que, dans ce gigantesque conflit atmosphérique, le soleil finira sûrement par l’emporter. Il n’y a donc pas trop de risque à parier sur une belle journée. Humide, certes, mais agréable aussi. J’en étais là de mes supputations météorologiques quand est apparu dans mon « cadre », façon de parler, un de ces coureurs à pied qui, nombreux depuis le début de cette crise sanitaire, foulent furieusement trottoirs et chaussées de nos grandes et petites cités. Celui-là était aussi large que court. Il portait un short flottant, à « l’ancienne », et un maillot informe, sans « logo ». Son allure, ou son style, était tout aussi peu conventionnelle. Il courait comme un dératé et donnait l’impression d’être chassé par une nuée de virus affamés. Tout dénotait, chez lui, un néo-converti. Le plus étonnant est qu’il portait un masque. Oui, un masque, un vrai. Noir de surcroît ! Mais combien de temps tiendra-t-il ainsi ; il va finir aux urgences, me disais-je ! À la réflexion, finalement, je me demandais si cette extravagante scène n’était pas symptomatique de ce « monde d’après » dont on nous rebat les oreilles depuis ce confinement imposé. D’un « monde d’après » dans lequel la peur pathologique de la mort et d’une mauvaise santé, sous la pression constante et contrôlée de puissantes normes hygiénistes, pousserait nos contemporains, comme mon joggueur de ce matin, jusquà d’absurdes – et potentiellement mortels – comportements. Demain matin, à la même heure, je prendrai un café devant ma fenêtre grande ouverte. Et peut être y verrai-je alors ce même homme masqué courir au devant de sa peur et se mettre ainsi en danger. Peut-être !…

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