Toussaint, la Fête des Morts ! Le sens perdu du sacré…

Cimetière de Bages d’Aude @michelsanto

Hier, comme chaque année à Toussaint, nous sommes allés au cimetière de Peyriac-de-Mer nous recueillir quelques instants sur la tombe de la grand-mère paternelle de Simone. Un beau soleil réchauffait l’atmosphère humide du lieu.  Nous étions seuls, ou presque. Une voix forte cependant brisait l’apaisant silence de cet espace à part.

Celle d’une dame âgée, petite et ronde, vêtue de sombre, ses yeux cachés sous d’épais verres noirs. Elle informait une longue et maigre silhouette entrevue dans un épais couloir d’ombre pour lui dire qu’elle ne savait plus où se trouvait la tombe qu’elle recherchait. Curieux, je m’approchai. La silhouette en question était celle d’un homme d’une soixante d’années, plus peut-être, un pot de cyclaments blancs à la main. Il errait au milieu des chapelles, tombes et caveaux, désespéré de ne point trouver celle de sa mère. Il ne doit pas venir souvent la voir, me chuchota la petite et vieille dame âgée, en me quittant, le sourire aux lèvres… Puis Bages d’Aude, et cette tombe de Pierre Dumayet devant laquelle je passe régulièrement, toujours abandonnée aux herbes sèches et folles…

Aujourd’hui, cimetière de l’Ouest. Tombes fleuries (quand ?) et très peu de monde dans les allées. Là encore des personnes seules pour la plupart, vieillies. On ne fréquente plus les cimetières en famille. Et Toussaint et la Fête des Morts ne sont plus ces moments de séparation d’avec la vie ordinaire : ces espaces-temps dans lesquels toutes les générations se réunissent et se souviennent autour d’un passé, d’une histoire commune… On préfère partir en week-end, le plus loin possible, pour y consommer du loisir, se divertir, oublier. Une image en contrepoint, cependant ! Celle d’une tombe couverte de fleurs autour de laquelle est rassemblée une dizaine de personnes. Hommes, femmes, enfants, tous âges mêlés. Ils parlent, crient, jouent…mangent : des Gitans ! En compagnie des morts, ils font la fête. Comme en Espagne, en Andalousie, où le catholicisme s’exprime magnifiquement dans ce mélange de tragique et de festif…

Que lʼon soit croyant ou non et de quelque religion que ce soit, il nous faudrait retrouver le sens de la ritualité, me disais-je. Retrouver et se donner les moyens dʼavoir un espace-temps à part. Cʼest de cette manière que le sacré pourrait reprendre un peu de couleurs. Cʼest vrai pour notre rapport à la mort ; c’est vrai aussi pour notre rapport à l’histoire, l’école, la justice, notamment…

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Commentaires (1)

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    Didier

    |

    En Corse, où je suis actuellement, c’est tout juste si on ne fait pas la queue à la porte des cimetières devant des tombes tellement fleuries que l’on ne distingue même plus les noms gravés sur les dalles

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