Un geste…Comme une trace de parfaite et simple humanité !…

 

       

Il était 8 heures 30 du matin, et, dans la chambre claire et spacieuse où m’avait conduit une jeune infirmière, j’attendais patiemment – que faire d’autre ! –, allongé sur le lit qui m’avait été attribué, coiffé d’une charlotte bleue clair et revêtu d’une simple blouse grise aux motifs géométriques, j’attendais patiemment que les brancardières de service viennent me chercher pour m’amener au « bloc ». D’épais rideaux coulissants de couleur sombre m’isolaient des trois autres espaces pareillement toilés et circonscrits. Je ne pouvait donc qu’entendre, au fur et à mesure de leur installation, les nouveaux arrivants. Un seul a fait son entrée avant que l’on me confie ailleurs en d’autres mains . Dans le remue ménage du moment : le crissement des rideaux sur la barre d’acier, les quelques consignes d’accueil prononcées par une aide soignante, l’ouverture d’un placard métallique… , c’est sa voix, forte, puissante, autoritaire qui tout d’abord m’a troublé ; la voix d’un homme qui s’adressait dans sa langue natale – turque je crois ! – et sur un ton redoutable, à son fils ; son fils qui dans ce dialogue brutal lui répondait calmement, en un un français parfait, avec une déférence affectueuse. J’ai trop connu ce genre de « rapports » père-fils, et sa charge de violence, pour ne pas ressentir dans chacune des circonstances où j’ai pu les constater , les mêmes tristes et pénibles impressions. J’étais profondément peiné pour ce jeune homme. Quand mon rideau fut enfin tiré, mon nom prononcé et mon lit tiré vers la sortie, j’ai pu apercevoir, de face, la grosse tête emmaillotée et le visage brun de ce « terrible » voisin de chambre. Immobile, tout le reste de son corps était couvert. Il me semblait tétanisé par la peur. Mais dans l’instant même où nos regards se sont croisés, j’ai vu son bras droit lentement s’élever et sa main gracieusement s’agiter. Une petite lumière brillait au fond de ses yeux. J’étais ému. Grâce à ce geste, l’espace d’une seconde ou deux, une partie de lui-même qui ne dépendait plus du temps se dévoilait. Il était sans âge. Oublieux de son état et de son rôle. Innocent. Je ne saurai et ne connaitrai rien d’autre de cet homme que sa voix, son regard et son geste surtout. Son geste qui alors m’éblouit et reste encore suspendu dans mon esprit. Comme une trace de parfaite et simple humanité !…

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Commentaires (4)

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    Alphonse

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    Bon rétablissement Michel et que la force soit avec toi.

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    Jacques Molénat

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    Ce beau texte annonce un très prochain rétablissement

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      Michel Santo

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      Oui Jacques ! Je termine à l’instant mon premier tour de ville. Amitiés !

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    Tastu Thierry

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    Bon rétablissement Michel
    Appelle moi
    Nous t’embrassons
    Thierry et Nelly

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