Comment donc s’étonner d’y voir circuler dans cette circonstance dramatique ce virus du « complotisme » – habituellement dormant en temps ordinaires. Un virus doublement mortel. Car il attaque et ronge nos facultés cognitives, ainsi que toutes nos instances de régulation démocratiques. Ainsi voit-on de « beaux » et de moins « beaux-esprits » reprendre à leur compte la thèse (façon de parler) d’un documentaire récent, et à succès. Une thèse à la fois simple et bête. Selon ses producteurs et ses témoins, la Covid serait en effet une invention du gouvernement mondial des plus riches. Son objectif ? Supprimer les 3,5 milliards d’humains les plus pauvres des pays les plus riches. (Un véritable holocauste que la maîtresse à penser des « Gilets Jaunes », sociologue fonctionnarisée du CNRS à la retraire, n’hésite d’ailleurs pas à comparer ignoblement à la Shoa.) Pour ce faire, la solution la plus radicale consisterait, toujours selon les mêmes, en la destruction de leurs emplois et de grands pans de l’économie (Les plus pauvres ne serviraient plus à rien et les plus vieux coûteraient trop cher !).Des robots et/ou des transhumains formatés grâce à l’intelligence artificielle suffiraient ainsi à cette nouvelle société de « super-riches » qui, en outre, serait mise sous contrôle à leur profit grâce à la 5G et à la distribution sélective de vaccins auxquels auraient été intégrés des « puces » traçantes. Ainsi donc serait sauvée « l’élite » de l’humanité, jouissant d’une planète régénérée (moins d’humains, moins de consommation, moins de productions, moins d’ozone etc…). De sorte que les confinements et atteintes aux libertés publiques d’aujourd’hui, nous dit-on, ne feraient que préparer les esprits à cette nouvelle humanité réduite au plus petit nombre, domestiquée, programmée, contrôlée de la naissance à la mort par les « supers-riches », les Gafa et Big Pharma… Un scénario général autour duquel brodent, avec des variantes, les diverses composantes de l’extrême gauche et de l’extrême droite, toutes deux ayant un seul et même ennemi commun : le libéralisme et la démocratie représentative. Ne nous y trompons pas, cette menace est d’autant plus sérieuse sur nos institutions et notre « santé » démocratique, que surfe sur ces courants à forts potentiels médiatiques, en les aggravant, une « opposition » prête à toutes les compromissions idéologiques pour gagner des parts de marché électorales. Ne laissons donc pas ce virus complotiste proliférer. Il est de notre responsabilité de le tenir confiné dans l’espace le plus réduit possible de notre société délibérative. Et de s’en protéger en respectant les idées et gestes barrières nécessaires à toute vie intellectuelle et politique raisonnable et raisonnée.