Une heure dans ma ville et dans ce temps traversé…

   

15h 15 ! Sur la ville, d’épais nuages bas poussés par un fort vent de mer, filent vers l’intérieur des terres. Par moments, des trouées de lumière donnent à voir un peu de ciel bleu. Le soleil s’y glisse et colore des façades aux volets tristes. Tout semble las et respire l’ennuie. Un chat noir, venu de derrière l’immeuble voisin traverse la rue désormais interdite aux passants. Le silence est lourd. Trois pigeons piquent incessamment du bec sur le trottoir d’en face. Ils sont ridicules. Une vieille dame apparaît dans l’encadrement de ma fenêtre. Elle lâche ses deux caniches sur la pelouse d’un beau vert fraîchement réalisée ; les couve des yeux en train de déféquer ; laisse là leurs excréments, et disparaît. D’autres, plus jeunes et plus tard, feront de même. Personne qui pourrait d’un regard leur faire éprouver quelques remords. La nature reprend vite le dessus quand, dans ces circonstances tragiques, la civilisation s’efface. Je pense aussi à toutes ces violences concentrées derrière ces murs dans un temps à l’arrêt. Plus tard, j’irai faire mon tour de ville dans l’heure accordée par les autorités. Je verrai des voitures garées dans des rues piétonnes, de petits groupes de « gens » en rangs serrés. Je croiserai peut-être Claude, sur son vélo, habillé à la façon d’un plagiste exotique ; et François, qu’hier à la même heure, j’ai, sur quelques mètres, accompagné ; Americo et Maryse sur leur balcon, sait-on jamais, que, de loin, je saluerai. Et puis, je dialoguerai en secret avec tous ces personnages imaginaires ou du passé qui viendront à ma rencontre. Les rues seront alors moins désertes et le monde moins désolé. En rentrant, j’écrirai, peut-être, les quelques lignes de ce temps traversé…

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