Une tyrannie « bienveillante et éclairée » pour sauver la planète ?!

   

S’il fallait prouver que les plus conséquents des écologistes souhaitent imposer une « tyrannie bienveillante et éclairée » (selon l’expression de Hans Jonas), l’entretien accordé par la chercheuse Mathilde Szuda au journal libération, publié le mardi 30 juillet 2019, en serait la parfaite démonstration. Premier argument développé par cette chercheuse, celui du nécessaire rationnement individuel et collectif, afin que chacun puisse avoir la même quantité d’un produit ou d’un service vital, nécessaire. Une régulation de  l’ensemble de la consommation et de la surconsommation équitable qui passe évidemment par  une intervention « musclée » du politique — le rationnement pendant la seconde guerre mondiale et celui pratiqué à Cuba, notamment, sont invoqués à l’appuie de cette thèse. On notera tout de suite qu’avec ces deux exemples les seuls modes d’intervention du politique dans l’économie ne peuvent être que de nature autoritaire. Toujours dans la même veine argumentative, sont mises en valeur les recherches faites dans les années 1990 par des chercheurs britanniques ayant  conçu l’idée d’une carte carbone. Avec cette carte, chacun aurait ainsi droit à une quantité limitée de crédit pour accéder à ses besoins, notamment en énergie — pour sa voiture, sa maison, ses déplacements etc. Une « police » du rationnement en résulterait qui serait légitimée et mise en pratique par l’inscription de la finitude des ressources de la planète « comme architecture de notre fonctionnement économique et social. » Dans ce contexte, l’indicateur le plus prédictif des émissions de gaz à effet de serre d’une personne étant sont revenu, les plus gros consommateurs verraient leur consommation limitée, bloquée. Ce sont, en effet, affirme-t-elle « des dangers publics » — qu’il convient donc d’éliminer ! Devant l’évidence d’une proposition politique de type « dictatoriale », Madame Szuda fait observer que la la contrainte ne veut pas dire forcément dictature, la preuve l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans, nous dit-elle. Elle est acceptée par la population sans difficulté « car on estime qu’elle est légitime pour le bien de l’humanité ».  II est donc temps que l’on perçoive le climat comme un enjeu d’intérêt général, voire de survie, et accepter l’idée de passer par une période de sevrage collectivement administrée*. C’est simple ! Et voilà qui révèle d’une façon quasiment pure et parfaite, le fond de la pensée économique et politique des Verts. Tout le reste de leurs discours entendus sur la justice sociale, la protection sanitaire et sociale des personnes, le refus du développement des échanges internationaux et du progrès scientifique et technique, ne s’explique, en la justifiant, qu’à l’aune de cette pensée « collectiviste » et autoritaire… On imagine la réception démocratique d’un tel programme en France… Sauf à imaginer demain un peuple souverain suffisamment éclairé, consentant à une restriction drastique de ses libertés et confiant la gestion de cette nouvelle société à une élite « altruiste  » et « bienveillante » (et laquelle : scientifiques, intellectuels, philosophes…). On sait, la preuve par l’histoire, comment ces modèles malheureusement finissent. En attendant, on peut espérer que les hommes arrivent à s’imposer d’eux-mêmes la modération nécessaire à leur survie…

*Hans Jonas ne disait pas autre chose. Treize ans après le Principe responsabilité, interrogé par Der Spiegel sur la possibilité d’une «sorte de dictature économique éclairée au sein de laquelle les philosophes seraient rois, ainsi que l’exigent de nombreux adeptes convaincus de l’environnement», il répondait : «On peut esquisser dans l’abstrait un projet de dictature en vue de sauver l’humanité. Mais comment se représenter qu’une élite effectivement altruiste parvienne au pouvoir, qu’elle demeure altruiste et que son désintéressement soit également reconnu ? […] Il s’agit là d’une sorte d’utopie qui ne peut pas se traduire dans la réalité.» Il jugeait pour autant le «renoncement à la liberté individuelle» «inéluctable». Dans Libération du 2 avril 2019 ! 

   

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Commentaires (3)

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    Polo

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    « Vert dehors,Rouge dedans »

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    PICHON'

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    Certes l’idée est dure á avaler.
    Mais comme en 40 ou á Cuba, devrait arriver le jour ou il faudra l’accepter. En attendant , car vous ne proposez rien pour éviter d’en arriver là , continuons gaiement de « carboniser » la planète . Les plus riches en premier lieu. Ce sera d’autant plus dur pour eux.
    Et je fais le pari avec Polo que ce ne seront pas les Verts qui mettront en prison les contrevenants, mais bien les bleus ou les rouges. Ces derniers ayant pris soin d’y mettre les Verts en premier.
    Souhaitons que les technologies nous sortent de là avant que cette prédiction n’arrivent.

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      Michel Santo

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      Pour ce qui me concerne, j’ai un excellent bilan carbone : je ne prends pas l’avion, peu la voiture, habite en centre ville et fais mes çourses à pied, mange très peu de viande, bois peu, pratique le tri sélectif, etc , et vous ? Quand aux Verts et leur rapport au pouvoir, n’oubliez pas que le brave Hulot affirmait qu’il avait plus de points commun avec Besancenot qu’avec d’autre leaders politiques… un même goût finalement pour des régimes autoritaires… Mais soyons optimistes, l’homme ne se pose que des questions auxquelles il est capable de répondre. Et je crois à sa puissance créatrice, inventive,

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