Éclats de mémoire.

Le grand café n’est plus. Il en reste un morceau, côté Robine. Le 89. Un Australien, ancien du Racing, tient la maison. Le reste, celui de l’angle, s’est fait boulangerie-pâtisserie. Devant, la terrasse. Nous y étions encore hier. Nous aimons prendre, régulièrement, de grands cafés crème.

Moments de vie : N’oubliez pas !

J’aime ce nom. Rue du Bois Roland. Il sonne juste.

Je la prends souvent. Pour marcher. Pour respirer.

Des maisons basses. Des murs pâles. Des jardins serrés contre la rue.

Devant l’une, les belles de nuit débordent. Fleurs, graines.

Petites perles noires tombées sur le trottoir.

J’en ramasse. J’en sèmerai autour de ma cabane.

« Pardon Monsieur ! »

Voix claire. Une femme âgée dans un fauteuil roulant. Un homme la pousse.

Le bras droit immobile. Les yeux, vivants.

Elle me sourit. On s’excuse ensemble.

Plus loin, une maison bleue.

Le portail, les persiennes, les fleurs. Tout bleu.

Je touche les branches. Fines. Fraîches.

« Pardon Monsieur ! »

Encore elle. Même sourire.

— Je cherchais des graines.

— Il n’en fait pas, dit-elle. Mais je peux vous faire des boutures.

Un pot. Oui.

Elle ouvre son portail.

— N’oubliez pas.

Je promets. Le vent se lève.

Les fleurs bougent. Le bleu tremble un peu.

Et je me dis qu’il suffit d’un geste offert

pour que la vie reparte.

Griggio dresse ses totems comme on réveille une mémoire endormie.

C’était dans les années 2000. À Moux, dans les Corbières. Là que j’ai rencontré Serge Griggio. Dans son atelier : l’ancienne épicerie du village. Aux murs, une série de toiles : « Dyptique Griggio Pirotte ». Pirotte ! Pirotte admiré. Ici, lu, commenté. En plein cœur des Corbières. Ma surprise fut grande.

Articles récents