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Un soir au resto à Port Gruissan…

Di.17.7.2023

 

 

 

 

 

Dans une lettre du 3 août 1878 adressée à Flaubert, Guy de Maupassant se plaint, notamment, des événements qui ne seraient pas suffisamment variés. Qu’en savez-vous ? lui répond son cher Maître ? « Il s’agit de les regarder de plus près. Avez-vous jamais cru à l’existence des choses ? est-ce que tout n’est pas une illusion? Il n’y a de vrai que les « rapports » c’est-à-dire la façon dont nous percevons les objets. » Je pensais à cette remarque de Flaubert, hier soir, à la table de ce petit restaurant du port de Gruissan à l’honorable réputation coincé entre deux minuscules boîtes à manger rivalisant de grossièreté publicitaire. Ensemble on les trouve sur un quai, côté cave coopérative, qui en aligne ostensiblement un nombre invraisemblable du même tonneau.
Nous étions donc huit sur cette terrasse de poupée, sans compter le chien du dernier couple arrivé : un basset avide et déshydraté qui ne cessait de me faire du charme. Je venais juste de terminer mon entrée : d’excellents poireaux en vinaigrette, tendres et moelleux, quand ils se sont installés à la table voisine. La salle, elle, était vide. Nous étions serrés et l’air commençait à manquer sur cet étroit belvédère de planches. Cependant je goûtais mes noix de « Saint Jacques » sur un risotto au parmesan et champignon, quand, brusquement, une grosse et vilaine tête carrée, des yeux sombres et sournois, sont apparus dans mon champ de vision. Ces yeux, je les connaissais. Toujours aussi humides, vicieux, ils me fixaient par dessus le mur en bois qui nous séparait de la gargote où ce personnage dînait. Le reste de son corps m’était caché, mais sa tête comme dans certains stands de fête foraine, semblait à celles offertes aux visées agressives de badauds frustrés et malveillants. J’aurais d’ailleurs été tenté par un jet de balle en chiffon sur cette figure d’homme de presse rencontré autrefois, complaisant, intéressé et peu recommandable. Mais je m’égare. L’essentiel, en effet, était dans l’assiette ; et nous nous sommes promis de revenir à cette table de qualité. A l’automne. Une saison reposante, où la probabilité de rencontrer ce genre d’individu est, de surcroît, à peu près nulle. De la Place des Menhirs, nous venaient aussi, par rafales, les effrayantes vocalises d’une chanteuse d’un genre musical brutal et indéterminé. On aurait juré entendre les cris d’un animal qu’on martyrise. La nuit promettait cependant d’être douce. Ailleurs. Plus loin !

 

 

Deux, trois remarques sur les législatives 2022 dans l’Aude, et ailleurs…

 

Lu.20.6.2022

Dans mon département : l’Aude, sur les trois députés sortant LREM, seul celui de la deuxième circonscription (celle où je vote) Alain Perea, était en lice au second tour face à un candidat du RN parachuté dont personne n’avait jamais entendu parler ; dans les deux autres circonscriptions, les représentants de ce même parti, arrivés en tête sur l’ensemble du département au premier tour, étaient opposés à des candidates Nupes. Et dimanche soir, les audois ont finalement envoyé sans barguigner à l’Assemblée Nationale trois députés d’extrême-droite. Un carton plein. Avec des scores sans possibilités d’appel. Un résultat historique dans un département qui, il y a 93 ans envoyait Léon Blum à l’Assemblée. Et pour expliquer ce résultat, chaque camp fait évidemment le procès à l’autre de n’avoir pas fait « barrage » en mobilisant le désormais fantomatique « front républicain ». Alors disons les choses simplement et calmement. Comment les dirigeants de NUPES, des LR et du RN, qui ont mené une campagne d’une agressivité inouïe en faisant de ce second tour un référendum anti-Macron, pour, au mieux pour les premiers, obtenir une majorité et envoyer Mélenchon à Matignon, et au pire pour ce dernier, et au mieux pour les deux autres, imposer au Président une majorité relative, aient pu croire que ces appels hypocrites au-dit « front républicain » allaient être entendus ? Conséquemment, dans « ma » circonscription, les électeurs Nupes et LR les plus déterminés (en s’abstenant ou votant pour) ont donc choisi, de fait, le candidat RN tandis que dans les deux autres, les électeurs LREM et LR faisaient de même. Au tout début de cette campagne, j’écrivais que cet accord électoral NUPES, sa direction politique et idéologique insoumise, ses thèmes de campagnes et sa violence symbolique faisaient objectivement le jeu du RN. Ce matin, je constate, sur un plan plus général, qu’il n’a pas permis à ses composantes de gagner la majorité, d’envoyer Mélenchon à Matignon ni de marginaliser le RN – ce dernier obtenant même un nombre de sièges supérieur à La France Insoumise. Un bilan que son « leader à vie » n’hésite pas à considérer néanmoins comme « globalement positif ». Sans rire !

     

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