Une éducation politique.
Mes pages :
Un jour, j’ai compris que la lecture de Stendhal ( je pense à « Lucien Leuwen » ) et de Flaubert ( notamment cette « éducation sentimentale » ) étaient plus éclairantes que l’essentiel de l’édition sociologique contemporaine, le style en plus… Cette courte page en témoigne…
Flaubert : l’Education sentimentale
« C’était une succursale intime de la rue de Poitiers. Il y rencontra le grand M. A., l’illustre B., le profond C., l’éloquent Z., l’immense Y., les vieux ténors du centre gauche, les paladins de la droite, les burgraves du juste− milieu, les éternels bonshommes de la comédie. Il fut stupéfait par leur exécrable langage, leurs petitesses, leurs rancunes, leur mauvaise foi, −− tous ces gens qui avaient voté la Constitution s’évertuant à la démolir ; −− et ils s’agitaient beaucoup, lançaient des manifestes, des pamphlets, des biographies ; celle de Fumichon par Hussonnet fut un chef−d’oeuvre. Nonancourt s’occupait de la propagande dans les campagnes, M. de Grémonville travaillait le clergé, Martinon ralliait de jeunes bourgeois. Chacun, selon ses moyens, s’employa, jusqu’à Cisy lui−même. Pensant maintenant aux choses sérieuses, tout le long de la journée, il faisait des courses en cabriolet, pour le parti.
M. Dambreuse, tel qu’un baromètre, en exprimait constamment la dernière variation. On ne parlait pas de Lamartine sans qu’il citât ce mot d’un homme du peuple : » Assez de lyre ! » Cavaignac n’était plus, à ses yeux, qu’un traître. Le Président, qu’il avait admiré pendant trois mois, commençait à déchoir dans son estime (ne lui trouvant pas » l’énergie nécessaire » ) ; et, comme il lui fallait toujours un sauveur, sa reconnaissance, depuis l’affaire du Conservatoire, appartenait à Changarnier : » Dieu merci, Changarnier. Espérons que Changarnier… Oh ! rien à craindre tant que Changarnier… «
On exaltait avant tout M. Thiers pour son volume contre le Socialisme, où il s’était montré aussi penseur qu’écrivain. »
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