
Au théâtre : Langage(s) avec Emmanuelle Devos et le Quatuor Parisii…

Di 9.3.2025
Au Théâtre + Cinéma – scène nationale Grand Narbonne.
Langage(s)
Sur scène, les quatre musiciens du Quatuor Parisii et la comédienne Emmanuelle Devos. Une table de lecture pour l’actrice qui se déplacera pour « dialoguer » avec les musiciens et quatre pupitres pour les deux violons, un alto, un violoncelle, aussi. Rien d’autre dans le cercle de lumière pour distraire l’attention.
Dans les hauts-parleurs, une voix veloutée, profonde, sensuelle lit : « Godard est mort, avec lui le XXe siècle s’éteint. » Ah bon ! Elle annonce le programme et ses « interprètes » : les œuvres de Bach, Beethoven, Schumann, Webern, Chostakovitch pour la musique, Rilke, Hesse, Ryokan puis Godard… Ce texte, c’est celui du cinéaste Arnaud Desplechin. Il jette des passerelles, entre voix et sentiment, classicisme et romantisme, musique, écriture et cinéma.
Ainsi commence « Langage(s) »
Jean-Luc Godard, en porte-parole donc. Hélas ! Avec des extraits d’un long entretien lus par Emmanuelle Bedos où sont conviés Péguy, la Bérénice de Racine, Baudelaire, Kantor et l’infini mathématique, Russel… et les Gilets Jaunes (!) Un amas de référence et de citations pour nous dire finalement qu’il ne faut pas confondre langue et langage et que pour en inventer, du langage, il faut passer outre la culture : la culture entendue comme règle, norme. Ce que Rilke et Hermann Hesse, dans des textes magnifiques nous avaient fait comprendre aisément en début de spectacle.
Rien à dire en revanche sur le répertoire offert et le jeu de musiciens tout en finesse.
Mais voilà ! tout ça, pourtant bien pensé, ne fonctionne pas. Très vite, j’ai lâché prise. En cause ? La voix, douce, un brin morose, et l’élocution molle et plate d’Emmanuelle Bedos, surtout. Un langage tout en surface. Un comble ! Elle dit des mots, certes, mais ne « dit » rien de ce qu’ils cachent. Son corps, son visage, ses gestes, non plus. Résultat, un collage ennuyeux textes-musiques, plombés de surcroît par un Godard indigeste, à défaut de la création, par hybridation, d’un autre langage fait de poésie et d’imaginaire. Dommage !
À propos d’imaginaire et de poésie, je laisse, pour terminer, la parole au moine itinérant, au peintre et poète, que fut Ryōkan, cueillie à l’écoute des bagatelles de Webern : « Le voleur parti / n’a oublié qu’une chose – / la lune à la fenêtre. »

Rétrolien depuis votre site.
KRISDEN
| #
Bonsoir.
Les mots prononcés ont toujours leurs portées surtout si l’on sait à chacun y mettre de son âme pour que celui qui les reçoit y trouve la beauté.
Sans cela les uns après les autres transforment notre imaginaire en un véritable encéphalogramme plat. Peut-être est-ce ce qui vous est arrivé?
Bien à vous.
Reply