Quand la photographie arrête le temps…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sa.25.2.2023
 
Sombra y sol !
 
C’est avec son petit appareil photo pour enfant à tirage instantané que Mila est venue chez nous ce matin. Pourquoi ? Nous n’en saurons rien. Il a donc fallu prendre la pose quand elle nous le demandait. Coïncidence troublante, j’ai regardé hier soir sur Netflix, Kodachrome. Dans ce film de Marc Raso, Ed Harris (formidable !) joue le rôle de Benjamin Asher Ryder, un photographe célèbre en phase terminale d’un cancer du foie. « Pourquoi la photographie ? Pour arrêter le temps ! » dit-il à son fils Matt, abandonné très jeune à la mort de sa mère et confié à son oncle paternel et sa tante jusqu’à la fin de ses études universitaires. Ils sont alors sur la route, dans la décapotable rouge de Ben, en direction du Kansas, jusqu’au dernier laboratoire traitant encore les films Kodachrome (Dwayne’s Photo, à Parsons). Ben y mourra le lendemain de son arrivée. Mais il aura eu le temps d’y faire développer ses pellicules Kodachrome datant de plusieurs dizaines d’années. Celles des années heureuses. Les siennes, celles de Mat et de sa mère. Celles de l’enfance de leur vie commune. Des pellicules précieusement conservées par Ben et développées le jour même de sa mort. Quelques jours plus tard, Mat visionnera ces photos sur un grand écran dans l’appartement d’artiste de son père…
En nous quittant, Mila a laissé derrière elle quelques photos. Elles rejoindront bientôt celles que nous avons rangées au fil des ans dans une vieille valise en carton. Là, au fond de la plus haute étagère d’un sombre placard.
 
 
 
 
 
 
 
 

En ce jour, qu’aurait dit mon professeur d’espagnol…

 
 
 
 
 
 
 
Je.23.2.2023
 
Hommage.
 
Monsieur M. était mon professeur d’espagnol en 3ᵉ. Il était grand et mince. Ses cheveux avaient la couleur de ses yeux : noirs. Comme ses vêtements. Il ne restait jamais en place et se déplaçait lentement dans la salle de cours. L’espagnol qu’il nous enseignait était clair, limpide. Grave aussi. Et très musical. Je percevais déjà dans ses gestes et ses paroles une discrète, mais profonde, nostalgie. Depuis, j’en connais les raisons. C’est avec lui que j’ai appris et aimé cette langue qu’il était interdit de parler, du moins en ma présence, « à la maison ». Mon professeur d’espagnol était un homme bien et droit. Il m’aurait sans doute fait remarquer, aujourd’hui, ce substantif castillan Luz – Lumière – accolé à Saint Jean… On n’est jamais assez attentif aux sens des noms et des mots…
 
 
 
 
 
 
 
 

Ce que dit notre addiction à l’indignation.

 
 
 

Ma.21.2.2023

J’ai pu constater ce matin encore sur mon fil d’actualités de trop nombreux « indignés » de la politique, de la culture et du reste. J’ai aussi remarqué, chez ces derniers, un suivisme compulsif, pour ne pas dire pathologique, des polémiques et des outrances du moment. Un moyen finalement assez commode, songeai-je, pour attirer le maximum d’attention sur soi et sa page : le marché des « idées » étant dominé par des frustrations, des peurs et des violences de toutes sortes. Un souci narcissique de distinction finalement qui, paradoxalement, pousse et renforce la visibilité sociale de tel fait ou de telle opinion déjà largement promu sur les médias traditionnels et les réseaux sociaux. Loin donc d’un affranchissement des opinions et des pensées communes, j’ai l’impression, en lisant, survolant plutôt, ce genre de commentaires, de lire, sous des formes différentes, certes, un seul et même texte. Ce qui est lassant, et, pour tout dire, ennuyeux ! Comme ces images de voyages ou de dîners d’une extrême banalité ostensiblement présentées et commentées par leurs auteurs comme l’expression de moments uniques et merveilleux…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

L’inimitié et l’amitié… 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sa.18.2.2023
 
Lecture
 
Extrait tiré de l’article signé Milan Kundera « L’inimitié et l’amitié » : 
 
« Dans notre temps on a appris à soumettre l’amitié à ce qu’on appelle les convictions. Et même avec la fierté d’une rectitude morale. Il faut en effet une grande maturité pour comprendre que l’opinion que nous défendons n’est que notre hypothèse préférée, nécessairement imparfaite, probablement transitoire, que seuls les très-bornés peuvent faire passer pour une certitude ou une vérité. Contrairement à la puérile fidélité à une conviction, la fidélité à un ami est une vertu, peut-être la seule, la dernière.
Je regarde la photo de René Char à côté de Heidegger. L’un célébré comme résistant contre l’occupation allemande. L’autre dénigré à cause des sympathies qu’il a eues, à un certain moment de sa vie, pour la nazisme naissant. La photo date des années d’après-guerre. On les voit de dos ; la casquette sur la tête, l’un grand, l’autre petit, ils marchent dans la nature. J’aime beaucoup cette photo. »
 
 
 
 

La première fois que j’ai vu et entendu Aurélien, je l’ai trouvé franchement…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Comment peut-on vivre et penser
dans une Assemblée composée
pour une grande part de vrais
psychotiques, d’authentiques
élus assurément cinglés
Comment conserver son calme
sans perdre raison et santé
au milieu d’un tel vacarme
et préserver sa dignité
sur des bancs à la dérive
soumis aux cris insolences
injures et invectives
pensai-je devant mon café
Comment résister à l’envie
de regarder le monde passer
et penser et vivre à vide
songeai-je enfin tôt ce matin
quand un jeune con d’Insoumis
du joli nom d’Aurélien
qui sait le poids le sens des mots
de sa superbe en plein chaos
vous tire aux côtés de Pajot
Simmonet Bompard et Ruffin
une rafale dans le dos
 
Ainsi fut-il dit d’Olivier
Dussopt qu’assassin il était.
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