Les matins blêmes.

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Le jour de Noël, quatre condamnés à mort ont été exécutés. Au japon. Par pendaison.

La journaliste de Radio Classique qui nous donne cette information oublie,  sous le coup de l’émotion, de nous signaler que l’immense majorité des japonais ignore tout de la Nativité et de sa puissante charge symbolique.

Les bienveillantes de Jonathan Littell.

Unknown

Nos journées sont un tissu serré d’habitudes. Au moment où j’attaque ma joue gauche de la lame de mon rasoir, comme tous les samedi, à la même minute où j’accomplis ce même geste, la voix d’Alain Finkielkraut ouvre son émission du samedi matin sur France Culture par la première phrase du roman évènement de Littell : « Les Bienveillantes » : « Frères humains, laisser moi vous raconter comment ça s’est passé. » 

 C’est de la parole d’un bourreau dont il s’agit tout au long de ce livre. Que je suis en train de lire. Un bourreau nazi, cultivé et raffiné. Qui obéit aux ordres. Qui tue aussi avec méthode. Avec le souci aussi d’être reconnu comme un grand professionnel de la « chose ». Et qui est pris, en conscience, dans un faisceau d’habitudes où le mal est en partage avec ses frères en barbarie.

La lecture des « Bienveillantes » secoue. Son « héros », Max Aub, est une parfaite allégorie d’une fraternité fondée sur l’abjection. Elle montre qu’au cœur de tout homme et de tout agrégat humain gît la violence. Et que la culture n’en est pas l’antidote absolu. Il suffit  d’entendre ce qui ce dit  autour de vous…

 

       
 

Gamers!

Soir 3, le journal de 19H30, vendredi. Le sujet : les achats de Noël dans un magasin de jeux électroniques.

Le vendeur interrogé! Un manche à balai hirsute revêtu d’une culotte longue, informe et de couleur indéterminée. Sur laquelle retombait une chemise fatiguée et probablement sortie d’une essoreuse à bout de souffle.

Début de son propos charabianesque : " les gamers…"

Et de voir apparaître en bas, à gauche de l’écran: " gamers = joueurs ".

Le progrès fait rage…

Un soir, au théâtre.

Avant-hier soir, théâtre. A l’affiche, de la danse contemporaine. Le ballet de Lorraine y présentait cinq pièces. La meilleure, à mon goût, signée Mathilde Monnier et Jean François Duroure : Mama, Monday, Sunday or Always. Le programme nous invitait à y voir des danseurs (en réalité des danseuses dont deux hommes en longs tutus) ayant « des airs de détectives privés ». Que je n’ai pas vus. Je les ai pourtant longtemps cherché. Scrutant les moindres indices. Gestuels et vestimentaires. Les imperméables, peut-être ? La pièce ne durant que 20 minutes, j’ai vite abandonné. Vaincu ! L’art contemporain vous place souvent dans ce genre de situation. La création est une co-production. L’artiste assure la livraison des matériaux. Les spectateurs la «  mise en quelque chose ». Forme (!!!), perspective (???), abyme (pourquoi pas), situation (forcément), concept (sans doute). Qui, chez les plus cuistres de nos amateurs, se résume à un « c’est intéressant » aussi vague que prétentieux. L’infiniment creux au service de l’infiniment vide…

 

 

 

L’Amérique,notre histoire?

Samedi 25 novembre, 16 heures, à l’auditorium de la médiathèque de Narbonne, diffusion en avant-première du documentaire: « L’ Amérique, leur histoire. » en présence du réalisateur  Jean-Michel Meurice  ( qui a eu la bonne idée de s’installer à Bages ). Une salle comble et attentive, plutôt âgée et féminine. Pour un film qui, d’après l’auteur, lui a été commandé par ARTE (ce soir à 20H 40) « et qui doit s’adresser à un public de 7 à 77 ans. » Ironie involontaire de la situation !!!

Le parti pris de J.M Meurice ? Notre image des Etats-Unis découlant largement de celle que Hollywood en a fabriqué, soumettre deux grands témoins : Russell Banks et Jim Harrison  à la diffusion d’un montage d’extraits des plus fameux films afin de les leur faire commenter. Ça commence avec Naissance d’une nation et ça se poursuit avec La case de l’oncle Tom, les Raisins d de la colère…

Sur la durée, Banks voit les américains comme des évangélistes voulant imposer leurs valeurs au reste du monde. Le sauver du malheur quitte à tuer au nom d’une mission à remplir pour la plus grande gloire de Dieu, les Indiens comme les irakiens , avec cette arrogance et cette « imbécillité heureuse » qu’il y a à vouloir être admiré dans le monde entier.

Curieusement, en l’écoutant, et par un mouvement incontrôlé de mon esprit, les mots : « Français, Lumières, Etre Suprême, Paysans vendéens, Africains… » venaient se couler dans sa voix. A croire qu’avec l’Amérique de Meurice et R. Banks, c’est de notre histoire dont il est question. Ce qui expliquerait, peut être, le profond ressentiment des français à l’égard de ce peuple. Si différend et si proche…

 

 

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