La leçon de Freddie et de Fanny.

Tous les médias et leurs chroniqueurs économiques se gaussent de la nationalisation de fait de Freddie Mac et Fanny Mae par  » l’administration Busch  » qui serait, au pays de  » l’ultra libéralisme « , la manifestation d’une  » divine surprise  » anti-libérale ou une ruse de la raison prouvant la nécessité d’un Etat interventionniste et salvateur. Mais, ce que ne nous disent pas les mêmes, c’est que Fanny et Freddie étaient des créatures hybrides créées de toutes pièces par l’Etat et légalement tenues de s’occuper exclusivement de refinancement de prêts immobiliers sous contrôle de l’État fédéral, en contrepartie d’avantages fiscaux. Etablissements qui, bien qu’étant officiellement privés, été considérés, du fait de leur tutelle publique et de leur rôle social ( augmenter le taux de propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment les minorités ) comme bénéficiant d’une garantie implicite du Trésor américain ! Contrairement à ce que prétend la vulgate médiatique, la chute de ces deux institutions est plus un constat de faillite de ce type de régulation que celui d’un marché ultralibéralisé. Marché sans régulation étatique qui n’existe que dans les fantasmes idéologiques des ultra-libéraux et des commentateurs politiques et économiques français. De nouvelles règles d’intervention sur les marchés financiers sont donc, à l’évidence et urgemment à mettre en place. Et pas seulement aux USA.

Un languedoc-Roussillon pauvre et inégalitaire.




Carte
: taux de pauvreté par département
.

Profitons de ce mois d’Août pour réfléchir sérieusement à la réalité sociale et économique de la région Languedoc-Roussillon présentée, par son Président, ses amis et ses inconditionnels soutiens, comme la première de la classe. Précisons aussi, comme je l’ai déjà fait dans des billets précédents, que le tableau figurant ci-dessus aurait pu être présenté en 1990 ou en 2000, pendant le mandat de Jacques Blanc. Et qu’il sera toujours d’actualité à la fin de celui de G. Frêche. J’en fait le pari aujourdhui. Tout cela pour dire enfin que, sur ces questions, pour ce faire une opinion, disons informée, mieux vaut ne pas lire la presse régionale et les bulletins de propagande de la collectivité régionale. On sera plus avisé, en effet, d’aller voir les analyses d’un
Olivier Bouba-Olga, par exemple. De faire travailler ses méninges plutôt que de se prélasser sur la plage. Ce qui, j’en conviens, par ces temps de canicule, suppose un esprit de sacrifice plutôt orienté vers la sieste… 

« Si l’on s’accorde sur l’idée que l’objectif économique essentiel de tout territoire est d’assurer à l’ensemble des habitants un niveau de vie élevé et croissant, ces données (celles d’ Insee Première d’octobre 2007
, c’est moi qui précise ) permettent de repérer les régions qui atteignent mieux que d’autres cet objectif, étant entendu que quatre possibilités existent : régions riches égalitaires, régions pauvres égalitaires, régions riches inégalitaires, régions pauvres inégalitaires…

Les quelques calculs que j’ai pu effectuer sur les données Insee disponibles en ligne montrent que la corrélation entre niveaux de vie et degré d’inégalités est mauvaise, au niveau des régions comme au niveau des départements … j’ai donc construit un tableau croisé régions riches/pauvres en ligne (niveau de vie supérieur/inférieur à la moyenne simple), et régions égalitaires/inégalitaires en colonne (rapport interdécile D9/D1 inférieur/supérieur à la moyenne simple). On obtient le tableau suivant :



Régions
« Egalitaires »
« Inégalitaires »
« Pauvres »
 
Auvergne
Champagne-Ardenne
Picardie
Limousin
Poitou-Charentes
Basse-Normandie
Bourgogne
Pays de la Loire
Lorraine
Corse
Languedoc-Roussillon
Midi-Pyrénées
Nord-Pas-de-Calais
« Riches »
Aquitaine
Bretagne
Franche-Comté
Haute-Normandie
Centre
Alsace
Ile-de-France
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Rhône-Alpes
 
Aquitaine, Bretagne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Centre et Alsace sont, sur la base de ces calculs, les régions les plus performantes. La Corse, le Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Nord-Pas-de-Calais, en revanche… « 

Les faits ( pour Lénine ) et les chiffres ( pour l’Insee )  sont têtus..

L’étau se resserre…



Plutôt que de lire les commentaires ( affigeants ) du commentaire ( navrant ) de Sarko sur la décision de la BCE d’augmenter symboliquement ses taux, deux extraits de la version longue de l’entretien de ( l’excellent ) Jean Quatremer avec l’économiste ( un vrai, ça change! ) Jean Pisani-Ferry, qui dirige le « think tank »
Bruegel, dont le siège est à Bruxelles et qui fut conseiller de Dominique Strauss-Kahn lorsqu’il était ministre des finances

 » Pourquoi la BCE a-t-elle si peur d’une augmentation générale des salaires ?

Un choc pétrolier, c’est un prélèvement extérieur sur le revenu national. Ainsi, en 2007-2008, la totalité des augmentations de revenus générées par la croissance dans l’ensemble de la zone euro va être absorbée par l’alourdissement la facture pétrolière. Si on répercute la hausse du pétrole dans les salaires, cela veut dire qu’on refuse de payer ce prélèvement. Mais ça n’est pas possible. On entre alors dans une spirale inflationniste et, à la fin, on ne gagne rien en terme de revenu parce que l’inflation est un jeu de mistigri à l’intérieur d’une économie qui ne change rien au fait que le prix d’une ressource venue de l’extérieur a augmenté.

La décision de la BCE vous paraît-elle justifiée ?

Elle était inévitable à partir du moment où l’inflation atteint 4%, le double de l’objectif fixé par la Banque centrale, et où certains signes font craindre une remontée des anticipations d’inflation : par exemple, les salaires négociés ont nettement augmenté, particulièrement en Allemagne. Or, la BCE est très attentive aux effets indirects de l’inflation, ce que l’on appelle les « effets de second tour » qui sont susceptibles de s’enclencher dans la zone euro. Reste que ce n’est pas avec 25 points de base en plus qu’elle va combattre l’inflation : la décision d’hier est avant tout un signal. La BCE gère les anticipations en montrant qu’elle est prête à augmenter davantage ses taux pour casser une spirale inflationniste. Elle espère ne pas avoir à le faire. »

Et
Alain Lambert, ancien Ministre,d’enfoncer le clou:  » Nous voudrions que la BCE amortisse notre mauvaise gestion : ça suffit ! La France est, en zone euro, le pays qui dépense le plus et qui alimente lui-même l’inflation. »

Bon! Après cela, une petite sieste et direction la plage…

 

A l’abri sous les niches!

486 niches fiscales ! C’est plus que le nombre de fromages.Comment en est-on arrivé là ? 73 milliards d’euros de niches pour cette année, alors que l’impôt sur le revenu devrait rapporter 60 milliards! Encore une exception française. Comme la culture, les fromages, le modèle social et que sais-je encore. C’est aussi le pays de l’OCDE où l’impôt sur le revenu est de loin le plus faible. Selon les prévisions de Bercy, il devrait collecter 3 % du PIB en 2008. Aux Etats-Unis,c’est 8,5 % du PIB, plus de 15 % en Suède…! Paient-on pour autant moins d’impôts? Non,bien sûr, car la pression fiscale est en France l’une des plus élevées au monde avec un système profondément injuste où les pauvres paient autant que les riches. Car les taxes les plus lourdes, comme la TVA avec 180 milliards d’euros de rentrées prévues en 2008, la CSG et la CRDS avec près de 90 milliards  et les cotisations sociales, sont toutes proportionnelles. Cette réalité nous ne voulons pas la voir. Nous préférons les impôts indirects invisibles qui nous évitent d’exiger de la part de ceux qui les administrent davantage d’efficacité…La France vit en fait dans l’inégalité. Et à l’abri…Dans ses niches !

Contre-regards sur l’économie du Languedoc-Roussillon.

Le Languedoc-Roussillon devrait connaître la plus forte croissance démographique en 2030 : 32,2% et la plus forte augmentation du vieillissement de sa population (+ 73 % ) où la part des 60 ans et plus en représenterait 31,5% ( 29,3% pour la France métropolitaine).
Ce phénomène constitue certes un atout pour le développement économique régional, notamment dans le domaine des services à la personne. Mais il constitue aussi un défi par ses conséquences en termes de cohésion sociale et territoriale.
L’économie « résidentielle », malgré son importance réelle, n’est pas, en effet, un moteur suffisant (le seul depuis un demi siècle !) pour pallier aux difficultés de secteurs traditionnels (comme les industries manufacturières et l’agriculture) fragilisés par la globalisation de l’économie mondiale. Et ce ne sont pas les industries et les services de pointe, peu présents, qui peuvent assurer le relais.
Quant aux fragilités sociales, elles s’expriment déjà au travers de plusieurs paramètres : chômage, niveau des salaires,saisonnalité, revenus sociaux, besoins en logement social et même, niveau des diplômes. La question de la précarisation possible d’une partie de la population et de certains territoires doit donc être d’autant plus posée que la stabilité des finances publiques, toujours sollicitées dans ces situations, n’est pas assurée.
Car si la croissance démographique crée de l’emploi, elle induit aussi une demande de financement pour satisfaire un niveau croissant de besoins collectifs en particulier dans les domaines de la santé et du logement, comme dans celui des équipements publics (eau potable, traitement des eaux usées,infrastructures, transports collectifs…).
C’est dire que, dans une situation de crise des finances publiques, les collectivités locales régionales ne pourront guère compter sur l’Etat et qu’il leur appartiendra de trouver des marges de manœuvre autrement que par l’augmentation des impôts.
Contrairement à ce que prétendent la plupart des « patrons » des exécutifs régionaux, elles existent. Mais cela suppose que toutes les collectivités «  réduisent leur voilure » et ramènent leur champ d’intervention à celui que définissent leurs compétences. Cela signifie aussi une plus grande coordination de leurs politiques publiques, une mutualisation de leurs moyens et de leurs services, plutôt que leur redoublement… Une véritable révolution dans un Languedoc-Roussillon où règne une classe politique pour qui la seule variable d’ajustement est la fiscalité…

 

 

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