C’est quand le bonheur…
Chassez les automobilistes du centre ville et vous verrez arriver de nouveaux prédateurs. De l’espèce bistrotière surtout. Sympathiques au demeurant mais particulièrement voraces en trottoirs, places et voies fermés à la circulation motorisée à quatre roues, ils prolifèrent pendant la saison chaude dans les cœurs de nos villes méditerranéennes. Cœurs de ville qui, le jour, ressemblent à des champs de sièges et de tables dont la fantaisie des formes et des couleurs n’a d’égale que la désespérante monotonie de leur esthétique de bazar et qui, à la fin de la nuit, se muent en de hideuses petites montagnes aux formes les plus baroques. A cette « extension horyzontale du domaine de la canette », s’ajoute la débilité sonore, et expansive, de leurs prétendus concerts qui vous envoient dans les oreilles, malgré des vitrages isolants surpuissants, et dans un rayon de plus de 300 mètres, des âneries beuglées du style « c’est quand le bonheurrrr… c’est quand…. » sur un rythme composé de deux ou trois accords appris dans des revues à un euro. L’avenir des centres villes classés serait-il désormais lié à celui de la profession cafetière ? Il ne resterait plus alors d’autre choix, pour les résidents, que de se transformer en figurants d’un spectacle permanent qu’elle orchestrerait ou de quitter ce qui ne ressemblerait plus qu’à un parc touristique urbain. Utopie ? Pas sur! Guy Debord ne nous a-t-il pas enseigné que : «Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.»
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