Deux ou trois choses vues sur le marché de Gruissan.
Lu.4.7.2022
Lundi matin,11 heures. C’est jour de marché à Gruissan. J’y viens pour acheter melons et abricots. Chez Frédéric. Il est d’Agel, un petit village près de Bize-Minervois. La chose faite, je m’installe à la terrasse de « Bernard artisan boulanger pâtissier », à l’ombre. Une jeune serveuse s’approche. Son allure est celle d’une étudiante. Sérieuse et appliquée. En témoignent ses lunettes. Fines, la monture est en acier. Aucune fantaisie dans sa vêture. Ni de tatouages. Ses manières sont affables. La voix est douce et son sourire discret. Elle « fait la saison ». Aucun doute. Elle me dit commencer son service à 6 heures. Rien n’y paraît pourtant.Ses cheveux, longs et blonds sont en place, tirés et tenus sur sa nuque par un ruban beige – une petite pointe de coquetterie : son débardeur est de la même couleur. Je ne saurai rien de plus d’elle. Un couple, massif, s’arrête devant ma table. Elle s’en va prendre une commande. Lui, grand, énorme et gras me demande dans une langue étrangère, s’il peut, avec sa compagne, s’asseoir à mes côtés. Toutes les tables sont prises. Y compris par des chiens. À leurs pieds, aplatis, ils tirent la langue. J’accepte, de mauvaise grâce, j’en conviens. L’inconnu s’installe et me fait face. Il porte un short multi poches que recouvre en partie un bide laissé à l’air libre, gonflé et tendu par des hectolitres de bière. Sur ses épaules flotte une chemise à carreaux datant du siècle dernier. Sa compagne, tout aussi grosse et grasse, était plus vêtue. Disons, plus couverte. Un petit bonnet blanc et un bermuda rouge la distinguait cependant du reste de la foule. On aurait dit, un nain de jardin. Pour me distraire, j’ai feuilleté le quotidien local du jour. André Viola, l’ancien président PS du Conseil Départemental de l’Aude, désormais Nupésien de stricte observance, nous apprend que : « 60 % de l’eau prélevée en France sert à refroidir les centrales nucléaires, et qu’on va en manquer… » Il ne manquait plus que ça ! Mourir de soif, si on ne démantèle pas la filière nucléaire ! Je ne suis pas un spécialiste de la question, loin s’en faut, mais, à ma connaissance, sur les 52 réacteurs nucléaires français la grande majorité des refroidissements sont en boucle ouverte, c’est à dire qu’ils pompent sur les grands fleuves ou en mer en amont des réacteurs et qu’ils réinjectent l’eau en aval des centrales. Mais bon ! Viola et le journaliste commis s’en foutent. Et les lecteurs de ce genre de papiers, s’il y en a, encore plus ! Plus loin, de faibles échos sur les pattes baladeuses de Coquerel ? Étonnamment, Sandrine Rousseau ne sonne pas le tocsin. Coucou ! C’est Anaïs, ma coiffeuse. Blonde aux yeux verts, elle est née à Wattrelos d’une mère de souche andalouse et d’un père dont j’ignore l’ascendance. Elle me fait penser à ces mêmes blondes aux yeux verts, croisées dans les rues de Séville et de Jerez. Du sang berbère coule dans leurs veines. Le temps file à rebours. Nous sommes avec des amis sur la plaza mayor, à Sanlucar. Il est midi. Manzanilla et tapas sur la table. Il fait beau. Une petite troupe de jeunes filles passent devant nous. Légères, elles rient ! L’élégance et la beauté avaient ce jour là une odeur de jasmin…
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