Eloge de la médiocrité.
Je feuillette un de mes nombreux carnets (remplis ou pas, de différents formats de poche…) dans lesquels j’ai pris l’habitude de consigner les livres à acheter ou à consulter, les idées récoltées aux terrasses de café ou à l’écoute, volontaire ou pas, d’une radio, les tics et phobies de mes « amis » internautes, les miens aussi, quand ils me sont gentiment rapportés. Il porte en couverture et en titre : « Tour de France 2008, du 5 au 27 Juillet » et en accroche : » Le Tour toujours « . Attribuant ainsi, de façon tout à fait inattendue et salutaire, un statut un brin dérisoire à des notes pourtant emplies de sérieux. Les premières de la première page (pas de date !), je les ai pêchées chez Renan (Pensées de 1848 : l’avenir de la Science), qui affirmait » Ma religion, c’est le progrès de la raison, c’est-à-dire celui de la science « . Pour, vingt ans plus tard, nous dire : » Notre siècle ne va ni vers le Bien, ni vers le Mal ; il va vers le Médiocre. » Avouons que des générations d’êtres humains du vingtième siècle, broyées par l’histoire au nom d’idéaux se réclamant du Bien, se seraient satisfaites de cette « médiocrité » envisagée par Renan ; une « médiocrité » dont je me demande, aujourd’hui, si, finalement, elle n’est pas le meilleur des remparts contre toutes les tentations totalitaires et totalisantes (1).
(1) L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut ; rien que la médiocrité n’est bon. [Pascal, Pensées]
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