Entre ciel et mer, la pointe des Albères semblait guider mes pensées…
Hier après-midi, à Gruissan, deux heures de marche et de rêveries sur la même plage où, l’été, le repos agité des petits plaisirs balnéaires occupe l’essentiel de mon temps. J’aime par dessus tout, en ces mois ci de mai et de juin, son côté négligé, un peu canaille, quand ses larges étendues n’ont pas encore été nettoyées, nivelées, pour ressembler à des images de cartes postales ; de celles que l’on trouve abondamment dans les agences de voyage du village mondial. En attendant cette oeuvre de civilisation, y reposent toujours des bois de toutes tailles laissés là lors des jours de grands vents et de fortes pluies du dernier hiver. Un répit hélas ! de courte durée avant qu’ils ne soient bientôt avalés et broyés par de puissants et voraces engins mécaniques. Tout doit disparaître, en effet ! et la nature prendre enfin ses formes de papiers glacées qui feront demain le bonheur et le profit des marchands de rêves assermentés. Hier donc, disais-je, cette plage sans nom était merveilleusement déserte ; la marée était silencieuse aussi. Rien d’humain, de lourd et de vulgaire n’en altérait l’évidente beauté. Tout était simple, net et précis, comme on aimerait pouvoir écrire ; et s’abstraire enfin des pesantes et grandiloquentes rancoeurs et miévreries du moment. Au loin, plein sud, entre ciel et mer, la pointe des Albères semblait guider mes pensées. Tout, tout cela me suffisait.. « L’un des secrets de cette sensation de plaisir esthétique que produit la nature, c’est l’absence de l’homme » Iñaki Uriarte (Bâiller devant Dieu ; chez Séguier)
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