L’ennui de l’homo festivus .

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Simon Leys faisant escale à Hawaii fait cette remarque : «  Le plus horrible, ce sont ces foules de touristes qui ont payé des sommes considérables pour s’assurer huit jours de bonheur et qui, dans leurs uniformes bigarrés de forçats du loisir, patrouillent lugubrement ce vaste Luna-Park en cherchant à se convaincre qu’ils en ont vraiment pour leur argent. Léon Bloy, commentant le fameux passage de saint Paul selon lequel, dans cette vie, nous ne percevons les choses que « de façon obscure et comme dans un miroir », se demandait si cette vue inversée du miroir ne suggérait pas, par exemple, que les plaisirs des vivants fussent un reflet des tourments des damnés. Et en effet, on voit bien comment les délices de Hawaii (ou d’un paquebot de croisière, ou du Club Méditerranée, etc.) pourraient donner une idée assez exacte de l’enfer. » C’est ce genre de réflexion, notée dans «  Le bonheur des petits poissons », qui, ces jours ci , m’est venue à l’esprit à regarder, de ma terrasse favorite située sur la place de l’hôtel de ville, le défilé des premiers touristes arpentant les rues ensoleillées de Narbonne. Tee-shirts informes sur les mêmes pantalons multi poches ; tennis, sac à dos et casquettes pour les hommes, les femmes n’étant pas en reste dans l’accoutrement standardisé de style Décathlon ! Le « guide vert ou rouge » à la main, c’est surtout leur allure et leur regard qui inquiètent. Ils semblent errer, en effet, comme s’ils traînaient un énorme et pesant ennui ; celui sans doute de vainement chercher ce qui pourrait ressembler à de la beauté ou du plaisir ; et qui ne réside dans nul autre part que leur âme…

 

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