« La télévision c’est le monde impossible à entendre »
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La télévision, c’est le monde qui s’effondre sur le monde, une brute geignarde et avinée, incapable de donner une nouvelle claire, compréhensible.
La télévision c’est le monde à temps plein, à ras bord de souffrance, impossible à voir dans ces conditions, impossible à entendre.
Tu es là dans ton fauteuil ou devant ton assiette et on te balance un cadavre suivi du but d’un footballeur, et on vous abandonne tous les trois, la nudité du mort, le rire du joueur et ta vie à toi, déjà si obscure, on vous laisse chacun à un bout du monde, séparés d’avoir été aussi brutalement mis en rapport – un mort qui n’en finit plus de mourir, un joueur qui n’en finit plus de lever les bras, et toi qui n’en finis pas de chercher le sens de tout ça, on est déjà à autre chose, dépression sur la Bretagne, accalmie en Corse.
Alors. Alors, qu’est-ce qu’il faut faire avec la vieille gorgée d’images, torchée de sous ? Rien, il ne faut rien faire. Elle est là, de plus en plus folle, malade à l’idée qu’un jour elle pourrait ne plus séduire ».
Voir aussi sa très belle conversation avec François Busnel !
Mots-clefs : Christian Bobin, François Busnel, L'Express, L'homme joie, L'inespérée, Poésie, Télévision
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