Le lit, un endroit idéal pour lire.

Ve 25.10.2024

Le lit est l’endroit idéal pour lire. Soir et matin. Avec une préférence pour le matin. Entre sept et neuf heures, après le premier café, les mots s’égrènent mélodieusement. Les pages se tournent d’elles-mêmes, aisément. Plus de lutte contre le sommeil, plus de cette confusion mentale qui me contraint à reprendre mon auteur chaque matin, quelques lignes en arrière, comme si je devais sans cesse le rattraper. Ce qui vaut pour moi ne va pas forcément pour d’autres. Mon ami Jacques Demaille, médecin et chercheur, me fit comprendre un jour que chacun avait en effet un « temps de cerveau » propre : son chronotype. Lui, par exemple, ne commençait jamais ses conférences ou exposés avant dix heures du matin, affirmait-il. Pour moi aussi c’est indéniablement le matin que mon cerveau est le plus réceptif, le plus efficace. Et dans mon lit, plus encore. Un espace propice à la concentration, à l’immersion dans un univers littéraire

Tout ça pour dire que j’ai commencé la lecture des œuvres choisies de Pierre Pachet, avant-hier soir. Et que son « Autobiographie de mon père » m’a happé dès les premières lignes. C’est la vie d’un homme né en 1895 dans une famille juive de Russie. Un homme qui part : à Odessa juste après la révolution de 1905, en France quand éclate la Première Guerre mondiale. C’est là qu’il fonde sa famille, connaît l’Occupation et meurt. Un récit fascinant écrit dans un style dépouillé, sans fioritures. Je me suis laissé porter par les mots de Pierre Pachet et ce matin j’ai éteint ma liseuse bien après l’heure habituelle.

Pierre Veilletet. Querencia & Et autres lieux sûrs. Arlea. Page 67 :

« La mode est révolue, semble-t-il, de ces têtes de lits fabriquées, dans les années 30 et 40, afin d’y loger quelques ouvrages dont on pouvait ainsi s’emparer sans avoir à se lever. Signe des temps : c’est le deuxième ou le troisième récepteur de télévision du foyer qui est entré dans les chambres à coucher, et la télécommande qui trône sur la table de chevet, à portée de la main. Les lits-bibliothèques étaient souvent d’une esthétique discutable mais ils avaient le mérite de matérialiser une association qui me paraît aller de soi. Plus que le divan, qui appelle la sieste – ou le soliloque thérapeutique -, plus que le fauteuil à oreilles dans lequel on sirote un armagnac en tisonnant la dernière bûche, le lit est l’endroit idéal pour lire. Lectus lucubratorius… De combien de nuits de lecture gardons-nous le souvenir, où le sommeil qui suivait était encore de Proust ? Blancheur des draps et des pages, froissement des uns et des autres, fertile et délicieuse confusion entre le dernier mot de l’auteur, son bonsoir à notre oreille, et les premiers songes du lecteur. S’endormir sur un livre comme sur une épaule : rasséréné… »

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