Les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) la diète ou la fin !

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Dans un précédent billet, j’avais, à la suite de Gérard Borras – ancien Président de la CCI de Montpellier – analysé la place de ces organismes consulaires dans le dispositif régional et montré que leur organisation, leur fonctionnement, leurs ressources … bref ! leur existence et leur utilité même , si leurs responsables ne se mettaient pas radicalement en question, seraient un jour clairement posées…

Eh bien, nous y voilà ! Elles ont été l’objet d’une mission conjointe de l’Inspection générale des finances (IGF), des affaires sociales (Igas) et du Conseil général de l’économie (CGEIET).

Selon les auteurs du rapport les concernant, il leur est fait le reproche ( euphémisme ! ) d’être mal gérées, d’intervenir « dans des champs où agissent parfois de multiples acteurs », de disposer encore d’un réseau « très atomisé » et, surtout, de bénéficier d’une « situation financière confortable ».

De 2002 à 2012, le produit de la taxe affectée aux CCI (taxe pour frais de chambre) aurait bondi de 19 % en euros constants. « Depuis 2002, l’Etat a affecté au réseau des CCI un financement qui excédait ses besoins, ce qui a permis l’accumulation de réserves financières très conséquentes. » , est-il précisé par leurs auteurs qui évaluent le « trop versé » aux CCI entre 132 millions et 206 millions en moyenne par an.

Parmi les recommandations exposées, le rapport prône aussi une refonte du réseau avec l’objectif de ramener le nombre de CCI de 145 aujourd’hui à… une par région d’ici à 2017 ! ; et de «mieux encadrer» les rémunérations des cadres dirigeants.

Sur ce dernier point , une anecdote . Le préfet de Région de l’époque et le président de la Région décidèrent, dans des circonstances un peu particulières,  de me confier la restructuration du Centre Régional de Transfusion Sanguine de Montpellier en pleine déconfiture suite à « l’affaire dite du sang contaminé » ( 350 millions de CA et 350 salariés ). Le premier me convoque dans son bureau et , au cours de notre conversation, me dit  « vous vous rendez compte monsieur Santo, son Directeur Général bénéficie d’un salaire de 30% supérieur au mien … comme celui de la CCI de Montpellier ! »

Un détail certes, mais un détail révélateur de pratiques où la prétendue bonne gestion entrepeunariale de représentants d’entreprises en région peut masquer en réalité la jouissance de confortables rentes financières.

Plutôt que de donner tous les jours des leçons de vertus aux « politiques », nos présidents de CCI feraient mieux de les appliquer à eux mêmes …

 

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Commentaires (3)

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    Bernard BALLESTER

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    Michel SANTO, l’arrosé arroseur !
    On aime Michel SANTO quand il se pare du manteau d’hermine de procureur pour commenter à grands effets de manches virtuelles le manque de vertu du réseau consulaire, de ses présidents et cadres dirigeants.
    On aime moins Michel SANTO quand il perd la mémoire… Il fut un temps où il était moins regardant quant à la soupe au lard que lui servait la CCI de Narbonne !
    Il jouissait alors, à l’image de ceux qu’il condamne aujourd’hui, d’une rente de situation d’exception dont il a largement profité sans que cela le dérange.
    Notons que le ticket de cantine n’a pas été amorti, semble-t-il. En effet, il était tout de même bien placé pour connaître le fonctionnement des CCI dans le moindre détail et il aurait pu faire un peu de prévention pour montrer le bon chemin.
    Devisant ses conseils à voix basse, il est possible que notre satrape n’ait pas été entendu…

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    Michel Santo

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    Monsieur Ballester, vraiment pas au niveau votre réaction … Pour un président de CCI, quand même !
    Je la laisse néanmoins en l’état pour l’édification intellectuelle de mes lecteurs sur la capacité d’analyse d’un chef d’entreprise présidant une CCI . Et Ils ne manqueront pas de la mettre en rapport avec mon texte qui se contente, faut-il le rappeler, de reprendre des extraits d’un rapport de l’Igf et de rapporter une anecdote vécue .
    Loin de fustiger tous les présidents de CCI et tous leurs directeurs généraux , je dis simplement qu’il serait temps que les premiers ne se contentent plus de dénoncer l’inertie des politiques dans la réforme du mille-feuilles administratif et qu’il serait temps qu’eux mêmes s’y mettent pour reformer leur réseau institutionnel.
    J’ajoute que ce que ce constat fait ici, je l’ai souvent exposé devant vos collègues , pas à voix basse mais devant un micro, sans qu’ils s’en offusquent comme vous, ou me prennent violemment à partie par des attaques personnelles qui frisent l’indignité morale.
    Gerard Borras, qui fut président de la CCI de Montpellier , partage mon diagnostic et m’a fait récemment sur Facebook, à propos de ce billet, que vous n’aimez pas, ce commentaire : " Les CCI sont l’exemple parfait du mal français, le refus d’institutions d’évoluer avec leur temps et de se réformer.Il y a 20 ans une réforme avait été proposé pae Madelin,levée de boucliers des Présidents en place et d’atermoiments en atermoiements on va arriver à une disparition des seuls organismes ou des chefs d’entreprises élues pouvait participer au débat public.Cest regrettable "
    Lui diriez vous à lui aussi les amabilités que vous me servez dans un langage que je ne qualifierai pas tant il me coûterait de me placer à ce niveau …
    Cela dit, pour l’info de ceux qui liront cet échange , précisons que si je fus le Délégué General du Triangle d’Oc avec un bureau à la CCI de Narbonne , que vous présidez aujourd’hui, celle ci ne participait au financement de cette mission qu’à hauteur de 15%. Une contribution à la "soupe", selon votre vocabulaire châtié , vous en conviendrez, bien maigre , surtout en regard des retours financiers sur votre institution, notamment en provenance de la Région… dont j’étais précédemment le DGA …
    Mais , plus sérieusement , je suis prêt à débattre de ces questions avec vous, si vous le souhaitez, en public et à vos conditions de lieu et de temps. Je vous laisse le choix des " armes " . De la sorte je pourrais être entendu de ceux qui font encore semblant de ne rien entendre … et préfère détourner l’attention en distribuant des " coups bas " !
    Bien à vous Monsieur le Président !

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    raynal

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    Il y va a la hussarde, sabre au clair, le petit nouveau ! Pour assez bien connaitre les CCI (tout au moins une )….J’ai l’impression qu’une bonne partie de ses arguments est loin d’être infondée….Après tout faire mieux avec moins , c’est ce que les chefs d’entreprise demandent a l’état (et a juste titre )…ça ne serait donc pas idiot qu’ils commencent eux mêmes dans leurs propres structures….Et si on arrêtait de penser que c’est toujours au voisin de faire un effort quand on se considère soi même comme intouchable ?

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