Scène de la vie narbonnaise : un café chez E…
9h 30 chez E… Je m’installe dans un coin de la salle, face au comptoir, et commande un café – la spécialité de la maison ! Seul à ma table, l’autre déserte, j’occupe tout ce petit espace avec un léger sentiment de béatitude – à 8h 30, j’étais dans le fauteuil d’un dentiste ! Arrive un couple de « retraités ». Ils s’installent à ma droite. Lui sur la banquette, elle sur une chaise. Les effluves agressifs d’un parfum bon marché cassent aussitôt les goûteux arômes des graines ici torréfiées, plombent son apaisante ambiance.
« Lui », manifestement taiseux, se tait. « Elle », indubitablement bavarde, commente un journal : « Aujourd’hui en France » ! On dirait qu’elle parle dans un vieux micro déréglé. Les aigus montent et descendent sur un rythme syncopé. Un véritable supplice !
« Ils ont joué à huis clos. Tu as vu ? Ça veut dire quoi… La femme qui a mis le feu. Tu as vu ? Ça veut dire quoi… Le petit-fils d’Alain Delon. Tu as vu ça ? C’est son fils… Il l’a eu à quel âge son fils Alain ? Tu as vu ça ?… La banque, elle bloque la carte… èèèhhh ! Tu as vu ?… C’est ça qu’ils sont allés voir… èèèhhh !… J’aime pas rester assise. Ça ne m’intéresse pas… èèèhhh ! C’est calme ici… Tu as vu ça ? èèèhhh ! » Lui : « Oui, c’est calme… »
Je sors à cet instant précis. Quel ciel ! Quelle beauté ! Les amandiers sont certainement en fleurs…
Rétrolien depuis votre site.