Ça commence à se voir autour de minuit, minuit.
Je m’en sors pas mal jusqu’au coucher du soleil,
Au dîner, je me sens triste,
Mais ça devient vraiment mauvais, autour de minuit.
Les souvenirs commencent toujours autour de minuit.
Je n’ai pas le cœur pour faire face à ces souvenirs
Et mon cœur est encore auprès de toi ;
Et ce vieux minuit le sait aussi
Quand après une dispute, on a besoin de se raccommoder.
Est-ce que ça veut dire que notre amour se finit ?
Chéri, j’ai besoin de toi, ces derniers temps, je trouve,
Tu es sorti de mon cœur et je perds la tête.
Laissons nos cœurs prendre leurs vols autour de minuit, minuit.
Laissons les anges chanter pour ton retour
Jusqu’à ce que notre amour soit sauvé.
Alors, que ce vieux minuit vienne à son tour.
Être triste devient vraiment mauvais
Autour, autour, autour de minuit.
Round Midnight, a été composé par Thelonious Monk, à l’âge de 19 ans, au début des années 1940. Il est certainement le standard le plus joué et le plus enregistré de l’histoire du jazz.
Hier soir, à la Guinguette de Tournebelle , superbe moment musical. Joël ALLOUCHE Quintet y donnait concert et nous offrait un univers sonore inspiré par celui qui imprima dès les années 60 un nouvel élan à son instrument : Tony Williams.
C’est un restaurant musical comme on en voit dans certains films américains, entre Narbonne et Gruissan. Au milieu de nulle part , Sylvain, le jeune maître de maison, sait accueillir ses clients amateurs de jazz et de bonne musique autour de menus simples et savoureux. L’ambiance en salle, en terrasse ou sur l’ancien chemin de halage respire » l’esprit du lieu » : un ilot cerné par les eaux d’étangs et de rizières. Le soir venu, ses lumières clignotent sur celle du canal de la Robine. En toile de fond, la » Clape » offre ses formes lascives, que le soleil couchant caresse de nuances cuivrées. C’est un endroit, comme ce soir d’été, où l’on rencontre une amie danoise perdue de vue, une petite troupe de sexagénaires anglo saxons descendus d’un village des Corbières, un inconnu venu en Panhard de collection, dont je sais à quel point sa restauration fut difficile, un fonctionnaire démissionnaire faisant office de serveur, des musiciens de Toulouse venus en spectateurs et d’autres personnages assemblés ici dans une joyeuse et nostalgique ambiance des années 60. Sur scène les Oldies, nous remettaient en tête et en corps ACDC, les Stones, Hendrix, The Animals… la joie et l’insouciance d’une génération qui vit se briser les codes et les moeurs d’une société bloquée : les français s’ennuyaient disait-on !… C’était un soir d’été , au Tournebelle, loin, très loin des médiocres » animations » bistrotières des centres-ville alentours et d’un pseudo festival de jazz . Au plus près de ce qu’offre de sincérité un paysage à nul autre pareil. Si par bonheur ou par hasard vous prenez l’envie de vivre quelques heures hors de la vulgarité marchande quotidienne , c’est à la Guinguette qu’il vous faut rendre. A minuit ou à la pointe du jour, quand s’éteignent les lumières et que les yeux brillent, les rizières ressentissent du chant d’amour des grenouilles…