Articles marqués avec ‘Littérature’

Grand Narbonne ! Un beau moment avec Daniel Maximin au 1er Salon du Livre et de la jeunesse !

Samedi dernier, je me rendais au 1er Salon du Livre et de la jeunesse du Grand Narbonne quand , passant devant le petit chapiteau dédié aux conférences débats, j’entendis la voix de Bernard Laborde déclamant un discours non prononcé de Mirabeau sur l’abolition de la traite des Noirs (novembre 1789 – mars 1790) : les bières flottantes des négriers. Un texte d’une puissance inouïe .

Le temps de prendre place et Daniel Maximin pris la sienne sur la petite estrade où il nous exposa sa pensée sur l’histoire de l’esclavage. Un Maximin dont je ne connaissais que la voix, naguère entendue sur France-Culture . Un Maximin qui écrit comme il parle : une langue profonde et souple .

Un beau moment de littérature orale où il nous fut montré que que l’esclavage avait perdu, qu’il n’était pas fait pour fonder des sociétés, des cultures et qu’il ne devait y avoir ni ressentiment, ni ressassement, ni posture victimaire. Que la mémoire peut être manipulée, qu’il existe des stratégies d’utilisation de l’Histoire pour son profit ou par lâcheté…

Nous nous sommes revus le lendemain ! Conversation agréable autour de son oeuvre, et dédicace de son dernier ouvrage … Un récit de ses échanges avec Aimé Césaire, de celui qu’il appelait « frère volcan », qui est aussi une belle introduction à son oeuvre, sa pensée et son action.

Un récit que je recommande particulièrement à celle qui sans aucune gêne s’est introduite vulgairement entre nous pour nous dire qu’elle ne comprenait rien à ce grand poète …

Lisez donc Maximin !

Un printemps et tout un été avec Antoine Compagnon et son Montaigne …

Un printemps et tout un été avec Antoine Compagnon et son Montaigne ...

Dan son merveilleux petit livre à l’usage de toutes les générations, Antoine Compagnon nous dit de Montaigne qu’il multiplie sans cesse les points de vue dans ses tentatives de saisir un monde lui-même plein de paradoxes et d’incohérences. Seule en effet l’illusion peut nous faire croire que nous irons au bout d’un sujet. Allant de-ci de-là, abordant toute chose par un petit côté, Montaigne n’écrit pas comme si c’était pour de bon, sérieusement, définitivement, mais en suivant son bon plaisir, en se contredisant à l’occasion, ou en suspendant son jugement si la matière est intraitable ou indécidable. Mon identité est instable ! nous enseigne -t – il . Montaigne n’a pas trouvé de « point fixe », mais il n’a jamais cessé de chercher…

Un printemps et tout un été avec Antoine Compagnon et son Montaigne ...

« Je festoie et caresse la vérité en quelque main que je la trouve, et m’y rends allégrement, et lui tends mes armes vaincues, de loin que je la vois approcher. Et pourvu qu’on n’y procède d’une trogne trop impérieusement magistrale, je prends plaisir à être repris. Et m’accommode aux accusateurs, souvent plus, par raison de civilité, que par raison d’amendement : aimant à gratifier et à nourrir la liberté de m’avertir, par la facilité de céder » (III, 8, 1447).

Emplacement 113 sur ma liseuse Kindle

Un printemps et tout un été avec Antoine Compagnon et son Montaigne ...

Il conseille aussi aux puissants de ne pas se prendre trop au sérieux, de ne pas « coller » entièrement à leur fonction; qu’ils sachent garder un certain sens de l’humour et de l’ironie. Et Antoine Compagnon de noter ( emplacement 700 Kindle):

" Si Montaigne, une fois élu maire, n’a pas joué à l’Important – comme disait le philosophe Alain –, il n’en a pas moins exercé toutes les prérogatives de sa charge avec fermeté, contrairement à ce que l’on a pu laisser entendre en le prenant au mot. Nul éloge de l’hypocrisie quand il demande que l’on isole l’être du paraître, mais une exigence de lucidité et, avant Pascal, une mise en garde contre la duperie de soi-même. "

Bonne lecture !

Un printemps et tout un été avec Antoine Compagnon et son Montaigne ...

Milan Kundera célèbre la Fête de l’insignifiance

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Georges Perros, toujours vivant!

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Parce que ses  » Papiers collés «  ( Trois tomes ) se trouvent toujours à portée de mes mains et qu’on y trouve ce genre de perle: «  L’écriture c’est passer le temps. La musique c’est le faire passer. La peinture c’est l’effacer. «  Et ceci encore:  » Qui va au théâtre pour passer une bonne soirée est un piètre spectateur.  » Admirable Perros! Tout est bon à lire chez lui : sa poésie, ses critiques. Écoutez le! Et partez vite plonger dans ses textes…

Le signe de la médiocrité.

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Sur le style, en littérature, mais pas seulement, cette page lue dans « La culture des idées » de Rémy de Gourmont (1858-1915). Ce matin, juste après mon café. Corsé!

Mes lectures:

«Déprécier l’écriture, c’est une précaution que prennent de temps à autre les écrivains nuls; ils la croient bonne; elle est le signe de leur médiocrité et l’aveu d’une tristesse. Ce n’est pas sans dépit que l’impuissant renonce à la jolie femme aux yeux trop limpides; il doit y avoir de l’amertume dans le dédain public d’un homme qui confesse l’ignorance première de son métier ou l’absence du don sans lequel l’exercice de ce métier est une imposture. Cependant quelques-uns de ces pauvres se glorifient de leur indigence; ils déclarent que leurs idées sont assez belles pour se passer de vêtement, que les images les plus neuves et les plus riches ne sont que des voiles de vanité jetés sur le néant de la pensée, que ce qui importe, après tout, c’est le fond et non la forme, l’esprit et non la lettre, la chose et non le mot, et ils peuvent parler ainsi très longtemps, car ils possèdent une meute de clichés nombreuse et docile, mais pas méchante. Il faut plaindre les premiers et mépriser les seconds et ne leur rien répondre, sinon ceci: qu’il y a deux littératures et qu’ils font partie de l’autre. Deux littératures: c’est une manière de dire provisoire et de prudence, afin que la meute nous oublie, ayant sa part du paysage et la vue du jardin où elle n’entrera pas. S’il n’y avait pas deux littératures et deux provinces, il faudrait égorger immédiatement presque tous les écrivains français; cela serait une besogne bien malpropre et de laquelle, pour ma part, je rougirais de me mêler. Laissons donc; la frontière est tracée; il y a deux sortes d’écrivains: les écrivains qui écrivent et les écrivains qui n’écrivent pas, — comme il y a les chanteurs aphones et les chanteurs qui ont de la voix.»