À quoi bon inventer des histoires, les mots n’y suffiront jamais.
2. J’allais donc sur une plage de sable fin dont je tairai ici le nom, pour encore tenter de vivre, dans ce moment d’écriture, l’illusoire après midi d’un monde rythmé par des images et des bruits advenant à ma conscience, sans le filtre intellectuel ou moral des jours ordinaires et des convenances sociales, au seul rythme d’une marche que justifiait le plaisir physique d’en inscrire les traces sur cette limite mouvante entre mer et terre ; là où les vagues finissent leur vie dans un lent et profond mouvement d’aller-retour, ne laissant à contempler au promeneur solitaire sans identité et destination que j’étais alors, un mince filet d’écume, de sable et d’eaux mêlées aux bordures bouillonnantes qu’irisait un soleil généreux jouant de l’ombre et de la lum!ère avec de rares nuages égarés dans un ciel uniformément bleu. L’espace et le temps se fondaient en un au-delà du langage où nulle raison, nulle pensée, nulle contradiction, nul sentiment ne s’imposaient à l’intuition de vivre une harmonie aussi parfaite qu’instable, aussi fugitive que mystérieuse — Dans la joie comme dans le tragique. Une poupée de chiffon gisait là, soudain ; nue, sans visage. À quoi bon inventer des histoires : les mots n’y suffiront jamais.
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