Au marché aux fleurs une dame vapotait…
Le jeudi matin, une petite partie de la place de l’Hôtel de ville est réservée au seul « marché aux fleurs » ; l’alimentaire et celui de plein vent sont un peu plus loin : sur les deux « rives » de la Robine. Si le ciel est tristement nuageux, l’air est toutefois agréable : ni chaud, ni froid. Une ambiance de septembre : un peu romantique. Quelques rares touristes se promènent. Des retraités pour la plupart, ou de très jeunes gens. Assis à la terrasse d’un café, je goûte ce moment. La vie semble légère. J’oublie le peu d’actualités vite lu après le premier café. Toujours les mêmes débats, les mêmes violences, les mêmes peurs. À la table voisine deux dames. Mêmes jeans, mêmes baskets blanches. Même taille ! L’une, disons mince, l’autre, plutôt potelée. Elles commandent ensemble un « café long allongé et un verre d’eau. » La première pose son vapoteur rose sur la table. Elle en vante les bienfaits. La plus ronde tient son portable dans sa main gauche, elle l’écoute. Toutes deux se lancent alors dans une discussion animée sur leur passé de fumeuses. Elles faisaient comme « tout le monde », leurs maris et amis, disent elles ; à dîner, lors de réceptions, au boulot. Des habitudes, des poses dont à l’évidence elles aiment le souvenir. Elles en reproduisent d’ailleurs les gestes et les mots. Leur voix change de ton aussi : elle est plus grave, elle prend celui des regrets. Comme si le poids du temps se faisait plus lourd. Aux pieds de leurs chaises, des sacs ouverts dans lesquels on aperçoit des queues de poireaux, des feuilles de salades, des tomates. Il est 11 heures 30. Brusquement, la « vaporeuse » se lève et donne le signal du départ. « Mon Dieu, je suis en retard ! » Nos regards se croisent. Nous échangeons un sourire de politesse ; et toutes deux, pressées, s’en vont. Cet après midi, si le vent du Nord poussait son avantage, il pourrait bien pleuvoir…
Mots-clefs : Marché aux fleurs, Palais des Archevêques Narbonne, Passage de l'Ancre
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