« Avortons le patriarcat ! », gueulait-elle, qui me donna l’envie de lâcher la bride aux mots…
L’envie me prend, souvent, dans une controverse, un débat, lus, le plus souvent – je ne regarde ni n’écoute les journaux, chroniques et émissions dites « politiques » à la télé ou à la radio – , l’exaspération montant au fil des clichés, banalités et sottises savamment alignés par des compagnies de faiseurs d’opinion, grands et petits, à découvert ou pas, en général planqués dans de confortables niches sociales et intellectuelles – j’allais écrire petite bourgeoise – ; ou bien après avoir entendu de grossiers slogans dans le genre de celui gueulé, samedi dernier, dans ma petite ville, par une grande perche vêtue d’une robe sévillane, qui lui allait comme un sac à une puce : « avortons le patriarcat ! » ; l’envie donc me prend, disais-je, de lâcher la bride aux mots comme cela m’arrivait aux gestes, plus jeune et entreprenant, et qu’il me fallait bien compenser par un art du placage dont j’étais assez fier, un physique dont la masse ne faisait guère illusion aux gaillards du camp d’en face, jusqu’à ce qu’à terre ils en éprouvassent la douleur, au physique et au mental, pour y avoir orgueilleusement et bêtement cédé ; ou vaincre mes complexes de « jeune travailleur » non diplômé et mener bataille dans les salles de cours du département de sociologie de Vincennes dans les années 70, quand j’affrontais des colonnes de marxistes de diverses obédiences et leurs profs, pour revendiquer des cours magistraux qu’ils refusaient violemment à l’affamé de savoir que j’étais alors, au motif qu’il symbolisaient « des rapports de domination entretenus par la bourgeoisie et ses valets « révisonnistes » – les « révisos » étant alors les membres réels ou supposés tels du PCF. Je note, au passage, que se joue aujourd’hui, dans les mêmes départements et laboratoires universitaires de sociologie critique, notamment et surtout, la même « partie » idéologique et politique, sous couvert de science, entre « générations » concurrentes : l’objectif des « jeunes » adeptes des théories décoloniales, intersectionnelles, de genre etc. étant d’éliminer les « vieux mâles blancs hétérosexuels à l’imaginaire structurellement raciste », des positions de pouvoir qu’ils occupent encore dans les temples du savoir et le « champ » politique. Bref ! pour en revenir aux petits joueurs de plume, dont je parlais au début de ce petit texte « d’humeur », j’avoue, certains matins comme celui-ci, ne plus trouver la force et l’énergie de mes vingt ans pour tenter d’endiguer ce flux continu de prétentieuses leçons morales et politiques, quand ne s’y mêlent pas, comble de la vulgarité, de grotesques et lancinantes pleurnicheries publiques… Il sont si nombreux et si jeunes à s’épancher ainsi sur nos ondes et sur la toile, imbus de leur supériorité morale. Comment donc pourrais-je y faire face, seul, avec mes goûts, sentiments et idées du monde « d’avant » – je vous le demande ! – ; et puis le temps qui me reste à vivre est si court ; et tous ces livres que je n’ai pas encore lu ; et tous ces « riens » d’un quotidien dont je prise à présent l’amère nécessité ; la tragique beauté, parfois, aussi… À bien y réfléchir, cependant, songeais-je, cherchant une conclusion – ouverte ! – à ce billet, qu’ai-je fait d’autre, finalement, ce matin, écrivant cela, sinon satisfaire mon envie de « lâcher la bride aux mots » ; pour ne point abandonner la partie – comme si nous pouvions jamais le faire, un jour !…
Illustration : clitoris gonflable de 5 mètres de haut posé le 8 mars 2021 sur le parvis des droits de l’homme (pardon, de la femme!), à Paris, face à la Tour Eiffel. Action à l’initiative du « Gang du Clito ».
Mots-clefs : Gang du Clito, Journée des droits de la femme, Patrice Jean
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clodoweg ( clodoweg )
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J’aime bien le clito gonflable, il ne lui manque plus que deux petites ailes.
Quant à avorter le Patriarcat ce serait possible s’il était encore à naitre mais, hélas pour cette militante, le patriarcat est, depuis toujours (ou presque) déjà là.
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