Si j’en avais le pouvoir, je ferais le cadeau de ce merveilleux petit livre à tous ceux qui, par bonheur, hasard ou nécessité, résident, temporairement ou pas, dans ma petite cité narbonnaise.
Page après page, depuis juin dernier, je passe l’essentiel de mon temps de lecture quotidien dans « … la Recherche du temps perdu ». Il ne me reste plus qu’une heure ou deux avant de terminer ce septième et dernier titre de mon édition numérique. Deux plutôt ! car je m’arrête – ou reviens – fréquemment sur un passage surligné. Comme pour retenir le temps d’en finir avec cette œuvre. Ce qui est impossible ! Immense roman-poème, y plonger, c’est en effet n’en jamais ressortir. On ne quitte pas Proust ! Sa recherche du temps perdu est la nôtre. Elle émeut, elle éveille, elle fait sourire. Ses personnages, des plus glorieux aux plus humbles, sont de tous les temps. Comme les « portraits » sociaux et psychologiques qu’en fait le Narrateur, d’une profondeur et d’une finesse admirables.
Rien ne vaut la lecture de trois, quatre pages du journal d’Éric Chevillard : « L’autofictif repousse du pied un blaireau mort (2019-2020) », pour égayer ma journée. Sous sa plume, le monde est renversé ; et son absurdité comico-tragique recouvre toutes les dimensions du réel… Jubilatoire !
« 28 septembre.
Il s’immobilisa, la tête renversée en arrière, la bouche grande ouverte. L’avaleur de sabres avait faim. L’épée de Damoclès finirait bien par tomber.
Il y a en effet une vie après la mort. Très active même, celle des nécrophores.
Ce plumage m’as-tu-vu, cet œil fixe et méchant, ce bec obtus, cette serre avide, le perroquet n’a pas besoin de répéter ses mots pour imiter l’homme à la perfection.
25 septembre
Toujours cette impression d’être suivi. Il accéléra le pas, s’élança brusquement dans le lacis des ruelles, bifurqua une fois, deux fois, s’engouffra dans une taverne dont il sortit par l’arrière-salle, zigzagua longtemps encore dans la ville. Le lendemain, l’office du tourisme lui retirait son habilitation de guide officiel et le licenciait sans préavis.
ELLE (perplexe). — Heu… Tu prétends avoir passé trois ans dans l’atelier d’un grand maître japonais de l’origami et que ton pliage représente un cygne ?!
MOI. — Mais oui, et même un cygne écrasé par un tracteur, déchiqueté par la charrue, puis à demi dévoré par le chien du fermier. »
Dans la salle des pas perdus du crématorium « Le Grand bleu », elle pleurait ce philosophe balnéaire, son ami – noyé ! : « il aura brûlé sa vie par le petit bout ».
Dans le style « genré » ! De madame Royal, qui n’est pas un aigle, doit-on dire que c’est une buse ?
Assis sur les marches du Palais du Travail, des Sports et des Arts, un clochard. Sur son tee-shirt : « École de commerce de Montpellier ».
Cette après-midi dans un salon de thé (on l’appellera : « Chez Angèle ») : « Mais ma chère Marie, ne vois-tu pas que ton petit Gabriel a le diable au corps ».
Ce matin aux Halles. Ma volaillère, un gros couteau à la main : « Je vous laisse la tête ? »
Samedi. Ou peut-être jeudi. Je terminais mon tour de ville. À hauteur du café « Le Duplex », je pensais à Pierre. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]
Hier midi, au début des Barques. Là où la ville se raconte qu’elle est un décor. Ils étaient trois. Un couple de cols verts et leur petit. Neuf et maladroit. […]
Ce matin, aux Halles. Chez Laurent Chamayou. À l’heure où l’on se retrouve. Des amis qui aiment l’Espagne. Qui aiment Jerez, le flamenco et ses bodegas. Séville, son élégance et sa féria. Sanlúcar […]
Lu dans l’Indépendant du jour : « l’Occitanie résiliente entend proposer un nouveau modèle de développement pour assurer la souveraineté économique, énergétique, sanitaire et alimentaire […]
La pluie tombait. J’étais près de la fenêtre. La rue était vide. Des feuilles mortes couvraient la chaussée, mouillées. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]