La menace d’une relégation du RCNM en F1 est un évènement cruel, où le déclin finit d’être latent pour entrer dans l’ordre du possible. Dans ces conditions, l’exposition Génération Spanghero, organisée dans le cadre de Sportfolio (et voulue sans doute pour réhabiliter un nom écorné il y a peu), sonne étrangement. Elle rend ce passé glorieux encore plus lointain et révolu, mais le rend encore plus présent, par comparaison dépitée.
Côté arts et culture, Narbonne compte des acteurs souvent remarquables, et a suffisamment d’arguments pour ne pas craindre la relégation la saison prochaine.
Mais si Sportfolio consacrait une expo à la dream team des artistes Narbonnais du passé, il y aurait du beau monde là aussi.
Comme tout territoire, Narbonne n’est pas entièrement lisse et homogène. Au contraire, c’est un agrégat de quartiers, d’ îlots qui ont leur histoire, leur style ainsi que leurs frontières invisibles. Promenez-vous par exemple rue Cabirol, puis bifurquez sur la place Cassaignol : vous avez traversé un espace très bref et vous voilà dans un changement total d’ambiance visuelle et sonore. Il y a comme bio-diversité appliquée à la Ville, où ce ne sont plus les espèces mais les espaces qui apparaissent, se développent, et où d’autres sont menacés ou en voie d’extinction.
Ces deux notions n’ont pas de définition universelle, mais appliquées à une ville, le charme est du côté de la subtilité : les ambiances, les couleurs, ce qui possède un caractère de proximité et échappe à la symétrie, à la répétition.
La beauté s’accommode très bien du charme, mais elle suppose un plus, une puissance, que ce soit celle d’un monument, ou d’une vue perspective. Elle produit des images mémorables et gagne trois étoiles au guide Michelin.
Le plus beau monument de Narbonne, si c’était le théâtre inachevé du Palais du Travail, ici magnifiquement capturé par Marie Demunter (1) ?
Le Palais du Travail fut un grand chantier de Narbonne d’avant-guerre, un chantier Front Pop’, un programme total réunissant les Arts, les Sports et le Travail. Le chantier commença en 1938, fut stoppé par la guerre puis reprit jusqu’en 1952, année où fut inaugurée la bourse du travail.