Petite métaphysique de l’être aspirant…

   

   

Vêtu comme un joggeur, je passe l’aspirateur. Armé de mon « tube » orientable, arrimé à son train sur roulettes, j’avale les miettes des repas de la veille oubliés dans la cuisine ; dévore les « moutons » qui gîtent paisiblement sous mon lit et absorde la poussière couvrant meubles et tapis.

Hier, ma ville était grise et mouillée. Il pleuvait !

     

Hier, ma ville était grise et mouillée. Il pleuvait ! Un incessant lamento couvrait tout l’espace. Les façades gorgées d’eau présentaient d’étranges figures ; de rares passants semblaient glisser sur des trottoirs rendus à l’état liquide, tandis que des corneilles disputaient aux pigeons un carré de verdure imbibé d’eau, pareil à une éponge. Le temps s’étirait mollement ; le jour semblait la nuit, et je n’avais nulle envie d’en briser la ligne, ne serait-ce qu’une heure durant.

Une heure dans ma ville et dans ce temps traversé…

   

15h 15 ! Sur la ville, d’épais nuages bas poussés par un fort vent de mer, filent vers l’intérieur des terres. Par moments, des trouées de lumière donnent à voir un peu de ciel bleu. Le soleil s’y glisse et colore des façades aux volets tristes. Tout semble las et respire l’ennuie.

Sur le cours Mirabeau, en revenant des Halles, j’ai croisé quelques ombres ; des masques aussi…

 

     

Il est 10h 45 ! Lavé, rasé, habillé et chaussé, je déplis mon attestation de déplacement dérogatoire, coche la deuxième case, la date, la signe ; prends la porte et descends l’escalier pour aller faire mes « achats de première nécessité ». Aux Halles, là tout près. La rue en bas est déserte, et le ciel très bleu. Un vent marin, un brin frisquet, pousse une canette de bière.

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