Si cet éden…

 

 

 

 

 

Bruit, tumulte, tapage, mugissement parfois, tintamarre, cacophonie, cancan souvent, scandale, tollé, rumeur toujours. Et toujours chaque été ! Existe-il un coin de plage, une terrasse de café, un village, un hameau où l’on puisse enfin regarder le monde et les autres dans le silence et la douceur estivale ? Où faut-il donc aller pour ne plus subir ce terrorisme sonore qui désormais se hausse du col en prenant des airs d’animation culturelle. Comment fuir la semaine bavaroise de Narbonne, les tambours brésiliens de Saint Affrique et la multitude d’intermittents du spectacle qui prolifèrent jusque dans les burons les plus perdus du pays d’Aubrac et qui hantent nos soirs d’été de leur nullité musicale ?  Je rêve d’une ville sans festival, d’un bistrot sans musique, d’une mer sans pédalos, d’une radio sans « primaires » et d’un ciel sans nuages. Et si cet éden existe ailleurs que dans la lecture ou l’écriture, comme dans l’instant présent, dîtes le moi !

L’ange du Mal !

 

 

 

 

En Norvège, le Mal a pris le visage lisse et pâle d’un jeune homme blond aux yeux bleus. Celui d’un ange ! Qui pouvait le reconnaître, paisible et solitaire néo rural nordique devant ses seuls écrans à passer en boucle des jeux vidéo où l’on tue en masse ? A entendre la bêtise sur nos ondes et dans la bouche de ceux qui en font métier dans les caves politiciennes, l’explication serait toute simple : fondamentalisme chrétien, protestantisme radical… A laquelle le MRAP, en spécialiste de l’hystérisation politique des conflits  communautaires ajoute le FN de Marine Le Pen et les idées de l’extrême droite européenne. Ce serait si rassurant en effet que d’avoir devant soi un Hitler de rechange pour capitaliser nos angoisses et nos peurs devant ce qui ne peut, et ne sera, jamais compréhensible. Cet au-delà de la raison objectivante ! Cette folie, ce délire de la pensée ! Ce Mal qui gît tapi comme un Golem dans tous les recoins de nos sociétés. Tragiquement banal et odieusement sanguinaire ! Et que nulle explication ne pourra jamais en prévenir l’expression ni en saisir les racines…

 

Une couillonnade corrézienne.

C’était, c’était quand au fait ? Hier, aujourd’hui, il y a un siècle ? Faisons un petit effort de mémoire pour sortir du « format » du jour que les médias nous assènent et que commentent en boucle humoristes, éditorialistes, journalistes, philosophes, psychanalystes, gérontologues et politiciens de droite et de gauche. Vous savez, cette phrase de Jacques Chirac : « Je voterai François Hollande ». Une couillonnade venue du fin fond de la Corrèze et présentée comme un évènement historique par les marchands d’audiences à travers leurs canaux d’abrutissement généralisé. C’était quand, au fait, me disais-je, avant cette nouvelle et dernière « fabrication » de l’actu, comme ils disent, le tsunami qui a ravagé le Japon et détruit des villes entières, la guerre civile en Côte d’Ivoire, les révolutions de Jasmin, la chute de DSK, la bactérie tueuse ?  Et j’en oublie certainement, victime comme tant d’autres de cette peste médiatique qui tue le temps et nous plonge dans une espèce de néant historique où le présent est du passé avant même d’advenir. Quand il n’est pas transmué en une grotesque farce comme avec cette nouille chiraquienne reléguant les tueries d’un chef d’Etat syrien dans la rubrique des faits divers…

Il n’y pas de miroir pour l’esprit.

   

 

Mes pages: Celle ci de Bathazar Gracian, dans  » L’homme de Cour « . Toujours et encore…

 

LXXXIX. Connaître parfaitement son génie, son esprit, son cœur, et ses passions.

L’on ne saurait être maître de soi-même que l’on ne se connaisse à fond. Il y a des miroirs pour le visage, mais il n’y en a point pour l’esprit. Il y faut donc suppléer par une sérieuse réflexion sur soi-même. Quand l’image extérieure s’échappera, que l’intérieure la retienne et la corrige. Mesure tes forces et ton adresse avant que de rien entreprendre ; connais ton activité pour t’engager ; sonde ton fonds, et sache où peut aller ta capacité pour toutes choses.

Actualité de Chateaubriand.

 

 

Mes pages :

Celle ci, de Chateaubriand. Qui n’est pas sans résonances avec l’actualité…

 

« Paris, décembre 1821. Société. – Aspect de Paris.

Lorsqu’avant la Révolution, je lisais l’histoire des troubles publics chez divers peuples, je ne concevais pas comment on avait pu vivre en ces temps-là ; je m’étonnais que Montaigne écrivît si gaillardement dans un château dont il ne pouvait faire le tour sans courir le risque d’être enlevé par des bandes de ligueurs ou de protestants. La Révolution m’a fait comprendre cette possibilité d’existence. Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes. Dans une société qui se dissout et se recompose, la lutte des deux génies, le choc du passé et de l’avenir, le mélange des mœurs anciennes et des mœurs nouvelles, forment une combinaison transitoire qui ne laisse pas un moment d’ennui. Les passions et les caractères en liberté, se montrent avec une énergie qu’ils n’ont point dans la cité bien réglée. L’infraction des lois, l’affranchissement des devoirs, des usages et des bienséances, les périls même ajoutent à l’intérêt de ce désordre. Le genre humain en vacances se promène dans la rue, débarrassé de ses pédagogues rentré pour un moment dans l’état de nature, et ne recommençant à sentir la nécessité du frein social, que lorsqu’il porte le joug des nouveaux tyrans enfantés par la licence. »

 

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