Lettre à Monsieur Melon, Architecte des Bâtiments de France

Monsieur, 

 

Je ne vous connais pas. A l’inverse, ceux qui ne cessent, publiquement ou en privé, de vous lancer au visage les plus indignes des insultes, je les connais bien. Ils appartiennent à cette élite régionale politico-économique pour qui les représentants de l’Etat sont des bêtes à abattre .Et parmi eux, les Préfets, les Directeur Départementaux de l’Equipement et les Architectes des Bâtiments de France sont, il est vrai, des cibles de choix, car ils incarnent, avec certes leurs qualités et leurs défauts, la norme commune. Celle définie par la représentation nationale, et qu’ils s’efforcent de faire respecter, le plus souvent avec honnêteté et intelligence. Ce qui, pour certains de nos élus, est "naturellement" interprété comme de la provocation malveillante. Il est vrai que pour ceux-là, l’idéal qu’ils se font de la République présente tous les caractères de celles que l’on définie par ce délicieux qualificatif de bananière. Cette région n’est décidemment pas très accueillante.Et je peux témoigner que dans toute ma carrière au service de l’Etat et des collectivités locales, je n’ai jamais rencontré un tel mépris, si ouvertement et si fièrement affiché. Originaire de ce département, je porte, je vous l’avoue, ce trait de caractère régional avec un sentiment de honte et de tristesse.Il est en effet la marque de ceux qui veulent oublier tout ce qu’ils doivent à l’Etat et qui retournent, sur tout ce qui peut le rappeler, le peu d’estime qu’ils s’accordent à eux-mêmes.Serait-il donc trop exiger de la morale politique et de la morale tout court de s’affranchir enfin de ces comportements si peu respectueux des hommes et des institutions ? En attendant, comme vous, une réponse à cette si naturelle exigence propre à toute société civilisée, je vous transmets, Monsieur, l’expression de mon soutien fraternel.

Tartuffes!

J’ai longtemps cru qu’il était possible de débattre sérieusement des questions relatives à la gestion des affaires publiques. Surtout quand elles concernent le quotidien narbonnais.

C’était naïvement sans compter sur les travers médiatiques locaux. Ceux,surtout, du « Nord Enchaîné ». Que nous explique en effet son rédacteur en chef à propos de l’échec annoncé de la super agglo de la Narbonnaise :1) Tout le monde est d’accord sur le fond  2) C’était une manœuvre politicienne au profit de M. Py 3) J. Bascou et ses amis de droite et de gauche ont eu raison de s’y opposer. Et il enfonce son stylo dans son billet d’humeur pour adopter un registre poujadiste au fumet inquiétant : c’est la victoire des petits, des sans grades, des médiocres, des pas intelligents etc. Ciel ! On n’est pas en 1958, tout de même!

Pourquoi ne nous explique-t-il plutôt pas en quoi cette super agglo aurait permis à M. Py de gagner les futures législatives ? Le ridicule de cette hypothèse, pourtant au coeur de son propos, aurait évidemment sauté à la figure de ses lecteurs. Comme ils ne peuvent plus ne pas constater, le lisant, que derrière le masque de l’indignation morale et des analyses au ras des préjugés se cachent de petites arrières pensées politiciennes…

Qu’on m’entende bien. Que M. Py ait eu de telles intentions, sans doute. Que Martin, Bascou et ses amis en aient eu aussi, certainement. Que certaines plumes s’y trempent consciemment ou pas, la mienne comprise, bien sur. Mais là n’est pas l’essentiel. La seule question qui m’intéresse est de savoir si cela était bon pour notre territoire et si cela pouvait être fait, maintenant.

Ma réponse est: oui! A une condition cependant : que tous les acteurs aient jeté, provisoirement, les inévitables arrières pensées politiciennes qui font le bonheur des tartuffes locaux.Que l’on me démontre, sérieusement, le contraire.

Une phrase immonde.

Hier, Isabelle Chésa aurait dit, devant les militants de l’U.M.P, à Carcassonne: « Sur l’immigration, on ne peut être la poubelle du monde. » Ecrivant cette phrase immonde, pour le besoin de ce billet, j’en tremble encore de rage. Comment peut-on, quand on souhaite représenter la nation française, tenir des propos aussi indignes ? Comparer les immigrés, mêmes en situation irrégulière, à des déchets, des ordures est au-delà de tout ce que j’ai pu entendre et lire sur ce sujet. Et les mots me manquent pour exprimer ma colère. Que notre pays ne puisse accueillir toute la misère du monde, certes. Mais la moindre des chose, et au premier chef le respect qu’on se doit à soi même, devrait nous amener à ne jamais retirer à quiconque ce qui le constitue en tant qu’homme: sa dignité. Cette dame l’a fait.Sait-elle que les nazis ont d’abord commencé leur œuvre de mort en niant l’humanité des juifs ? Pour les envoyer ensuite dans des fours.Comme des déchets…Décidemment, un air nauséabond est en train d’envahir les esprits en ce début de campagne électorale. 

La formation et l’emploi

Après la rentrée des élèves, c’est, à présent, celle du Président de la Région . C’était au lycée Clemenceau. Et il y aurait prononcé cette phrase (L’indépendant du 5 septembre) : « Au lieu de former des psychologues et des archéologues en masse…on ferait mieux d’orienter les jeunes vers…ou d’autres professions du tourisme où ils gagneront bien leur vie. »

Je ne suis pas certain que l’on gagne vraiment bien sa vie dans l’exercice de métier comme maître d’hôtel, cuisinier ou serveur dans les entreprises de notre région. A l’exception peut-être de certains établissements. Mais, ce dont je suis sur, c’est que les cohortes de sociologues, d’historiens, de géographes… fabriquées par nos universités régionales, et d’ailleurs sont, elles, condamnées à pointer à l’ANPE. Le temps est définitivement révolu, en effet, ou la possession d’une licence de philo permettait l’accès quasi assuré à un emploi de cadre. Aujourd’hui, sans finalisation professionnelle, l’enseignement supérieur ne peut produire que des chômeurs ou des frustrés. Sur ce point, nous sommes d’accord. Cela dit, peut-on et doit-on réorienter l’ensemble de notre système éducatif régional afin de l’adapter à la seule dynamique de l’emploi dans notre région. Je ne le pense pas. A ce compte, il ne faudrait former que pour les métiers du commerce, du bâtiment et du secteur social dont les niveaux de qualifications et de rémunération sont aujourd’hui,hélas, plutôt faibles.

Disons les choses encore plus nettement: le Languedoc-Roussillon ne produira jamais d’emplois suffisants, en nombre et en qualité, pour satisfaire la demande de tous ses lycéens et étudiants. Sauf à imposer à des licenciés en psycho, produits en abondance, ou a des personnes sans qualification, des emplois de maçons et de manœuvres, par exemple, qui ne trouvent pas preneurs. Ce qui éthiquement est inconcevable…

La recherche d’une parfaite adéquation entre formation et emploi relève donc du voeux pieux. Mais, par contre, et à la condition de réaliser un gros effort d’orientation et de professionnalisation ( c’est l’enjeux des vingt prochaines années) notre région pourrait donner à ses enfants le viatique nécessaire pour entrer avec le maximum d’atouts dans la vie professionnelle. Ici, ou ailleurs. En France et en Europe… Et l’Etat, comme la Région et les entreprises ont chacun leur part de responsabilités dans la réussite de ce chantier.

 

 

 

 

 

 

 

 

Un crime symbolique.

Château de Peyrepertuse. C’était un après midi d’un mois d’août particulièrement venteux. La plage de Gruissan était presque déserte. À l’exception de deux couples qui s’occupaient à construire un château de sable. L’ouvrage achevé, une gamine se mit à sauter par-dessus tours, tourelles et murailles en criant « j’ai mon château cathare, j’ai mon…, j’ai mon… ».

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