Chez mon coiffeur.

Sous des apparences bonhommes, mon coiffeur est un observateur avisé de la politique locale. En témoigne son ironique remarque, entre deux coups de ciseaux parfaitement ajustés, au lendemain d’une séance du conseil municipal qui, d’après la presse locale fut passablement agitée. « Ils s’amusent comme des gamins, n’est ce pas ? » me fit-il observer. « Comme des gamins dans une cour d’école » poursuivis-je. Que faisons nous de notre vie, en effet, sinon à nous la jouer dans le style épique et guerrier des « indiens contre les cow- boys ». Pour les mâles assurément ! Nous continuâmes ainsi dans une ambiance chargée d’odeurs de shampoings et d’ammoniaque. Juste avant de le quitter, il me fit aussi  part de sa passion pour la chasse (tiens donc !). Et du perdreau. Qu’il traque en Espagne. La chasse et la politique comme le prolongement, par d’autres moyens, de nos inoffensifs jeux d’enfants. On tire toujours profit de son coiffeur.

 

Notes sur le développement durable.

Sur le marché des valeurs conceptuelles, il en est une, le développement durable, dont la cote ne cesse de monter, au risque du cliché, et dont l’usage réunit dans un consensus paradoxal des patrons de multinationales et des militants paléo-marxistes, des libéraux et des altermondialistes. La droite et la gauche… Lula et Chirac. Bref, la notion fait l’unanimité.Les collectivités locales ne sont pas en reste. Surtout en Europe du Nord et Grande Bretagne où elles représentent plus de 60% de l’ensemble des collectivités locales du continent  porteuses d’une politique de développement durable.

En France, comme toujours, il a fallu attendre les années 2000 pour voir naître une cinquantaine de projets. Rien de bien original. Notre pays est un spécialiste du décalage entre les intentions annoncées et les prises de décisions concrètes. Il n’empêche que, pour la première fois, peut-être, dans l’histoire, des problèmes et des aspirations sont compris comme communs à l’humanité entière: crises et régulation de l’économie, destruction et protection des écosystèmes, accroissement et réduction des injustices socio-politiques.

Pour déchiffrer ce référentiel nouveau, on rappelle généralement la définition, devenue canonique, proposée en 1987 par une commission présidée par GroHarlem Brundtland dans son rapport aux Nations Unies «  Notre avenir à tous » : le développement durable y est présenté comme “ modèle de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ”. Cet appel est d’importance : il invite l’humanité à se penser comme une à travers le temps.

En réalité, ce consensus linguistique masque de profondes divergences. Une version faible du “développement durable ” se concentre sur la gestion optimale des ressources naturelles en vue d’une croissance économique indéfinie ; une version plus forte met l’accent sur les droits politiques, économiques et sociaux de la personne humaine, la participation des populations aux décisions qui les concernent… ; d’autres versions encore rejettent sans complexe l’objectif de croissance au nom des droits de la nature.

Plutôt que de le déplorer, pourquoi ne pas s’en réjouir ? L’unanimité, le flou  et les contradiction que la notion recueille ne permet-elle pas, aussi, aux acteurs sociaux, politiques et économiques de dialoguer, d’échanger, de se retrouver autour des doutes et des questions du monde contemporain, en transcendant leurs identités et leurs oppositions passées ? Et cette nébuleuse discursive du “ développement durable ” ne crée-t elle pas un espace de dialogue, une écoute neuve et mutuelle autour d’enjeux fondamentaux.Ceux dont la gestion requiert une coopération du secteur privé, des autorités publiques et des sociétés civiles ? Une nouvelle manière de faire de la politique, à l’échelle du monde, des états et des collectivités locales: la gouvernance dans l’univers anglo-saxon. Une notion nouvelle introduite dans le champ politique français, et traduite, dans les années 80, par ce qui est devenu une antienne pour l’élu local à l’écoute de son territoire: la démocratie participative.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les mots justes de Ségolène.

C’est dans des circonstances difficiles que se révèle la vérité des caractères et des sentiments. Et que tombent les masques.La leçon nous en a été  donnée hier encore, par J.C Gayssot, le vice président communiste de la Région Languedoc-Roussillon, qui, après avoir démissionné mardi, est rentré dans les rangs en criant victoire pour avoir obtenu de G. Frèche…Quoi donc ?…Une délégation aux droits de l’homme ! Sans rire ! Une parfaite illustration de l’idée que se fait « l’Impérator » des êtres en général et des politiques en particulier. De médiocres «  petits tas d’intérêts égoïstes » affamés de pouvoir et de notabilité.Pour ses propres « amis », il n’a pas eu à faire ce petit effort. Soumis et dépendants grâce à une distribution bien ciblée des vices présidences assortie des généreux émoluments qui vont avec, ils n’ont pas le choix. Sinon celui de l’honneur (1). Mais qui ne suffit pas à ceux, de gauche, de droite et d’ailleurs, dont la politique est le seul métier et le seul souci de ne le pas perdre. Avec, comme valeur, un cynisme absolu et, comme méthode, la manipulation des consciences.La version contemporaine du "sens des responsabilités".Et demain, après l’orage, une rose à la main et un sourire attendrissant sur les lèvres, on ira à la chasse aux voix en clamant la pureté de ses intentions humanistes. Pour l’heure, Ségolène a précisé qu’elle attendait des élus des "retours de terrain" pour lui permettre notamment de "trouver les mots justes et avancer des propositions qui rencontrent un écho profond" auprès des Français. Le plat lui a déjà été servi en Septimanie ! Bon appétit…

(1) J. Bascou est le seul à l’avoir sauvé, en terre d’Aude, en faisant part de sa consternation.Je signale aussi, dans " Le Monde " d’aujourd’hui, un article définitif de P. Palat sur le " Frèchisme ".

 

 

 

Le prix de l’environnement.

La visite du site narbonnais de la Comurhex, qui nous est rapportée par la presse locale de ce jour, et les mesures annoncées par son porte parole en faveur d’une meilleure protection de l’environnement viennent confirmer la place prise par cette question dans le débat présidentiel. Débat dopé par la tournée d’Al Gore et  l’intervention médiatiquement réussie de Nicolas Hulot. Plus personne n’est à présent sensé ignorer les menaces qui pèsent sur notre planète. Et des chiffres commencent à sortir. Car la préservation de l’environnement a un prix, qu’il faudra bien payer. Le rapport Stern l’évalue à 5500 milliards d’euros. L’O.N.U à 1000 milliards de dollars par an (!!). Une paille ! Pour la Comurhex ce sera 9 chantiers et 29 millions d’euros. Ce qui n’a pas l’air de satisfaire tout le monde. Les associations et les riverains en veulent plus. Les salariés du site craignent eux sa fermeture. Quant aux dirigeants de l’entreprise, ils invoquent leurs difficultés à boucler leurs plans de financement. Cette situation est tout à fait révélatrice de ce que chacun, à son niveau, est prêt à consentir de sacrifices pour apporter son écot à la préservation de l’environnement. La taxe sur le recyclage des produits électroménagers, qui entre en vigueur aujourd’hui, en est aussi une illustration. Celle sur les activités polluantes en est une autre. Demain, l’interdiction de circulation des automobiles dans les villes. Aujourd’hui sa limitation dans le cœur de Narbonne.Tout cela, dira-t-on, ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan. Oui, mais il faut bien commencer par quelque chose. Et arrêter de flatter démagogiquement tout nos petits lobbys narbonnais. Des commerçants du centre ville aux inconditionnels pétaradants de la bagnole.

 

 

 

Le retour du refoulé.

Aujourd’hui, les militants du PS vont donner leur préférence à celui ou celle qui défendra leur couleur à la prochaine présidentielle. Dans l’Hérault, Frèche annonce, sûr de ses troupes, 85% pour Ségolène. Normal ! A l’inverse, il trouve que 82% de blacks dans l’équipe de France ça ne l’est pas. La juste proportion, prétend-t-il, serait « qu’il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société » Et il ajoute, en fin analyste «…s’il y en a autant, c’est parce que les blancs sont nuls. J’ai honte pour ce pays. » (Le Midi Libre de ce jour, en page région, en haut à droite…) Que dire ! Sinon que j’ai honte et mal pour cette région. Quant aux élus qui ont entendu sans réagir ces propos ignominieux, qu’en penser ! Rien justement…La mémoire est décidément courte et bien fragile. Dans l’opposition à J. Blanc, ce Monsieur et ses amis ne cessaient de lui taper dessus au motif qu’il s’était placé dans la dépendance contaminante du Front National. En réalité, J. Blanc n’a jamais cédé un pouce aux idées ou au vocabulaire de ce parti. Immunisé contre le virus lepeniste et raciste, aucun acte ou propos indigne ne pourra jamais lui être reproché. Le bas et le vulgaire, c’est ici et maintenant qu’on nous le sert. Comme un retour du refoulé. Qui en dit long sur le personnage et sur ceux qui se taisent…