L’actualité qui nous est fabriquée et présentée par les médias me » gonfle « , mais me gonfle à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Entre les deux » Karachi « , qui assurent la promo de leur bouquin ; Villepin, qui en rajoute une couche pour l’enlever le lendemain; le PS, qui crie au scandale pour faire oublier ses divisions; Mediapart, qui se fait piquer ses ordinateurs tous les jours ou presque; Joffrin, qui prétend tout savoir mais avoue ne disposer d’aucune preuve, Montambour, qui s’en va-t-en-guerre et Pulvar qui quitte I Télé; Devedjian, qui fustige Jean (le fils) et flatte Nicolas ( son père); Act Up, qui de Benoît ( XVI) voudrait qu’il soit homo, et la météo, qui nest pas bonne, je ne sais pas vous, mais moi l’envie me prend de tout éteindre et brûler pendant tout le temps qui me reste encore à vivre. Jusqu’à Noël en tout cas. Après, j’attendrai jusqu’à Pâques. Peut-être alors une vraie parole se fera entendre. Il n’est pas interdit de croire aux miracles…
Vingt personnalités signent un appel (accessible sur Internet à l’adresse www.suppressiondesnoteselementaire.org) pour réclamer la disparition des notes à l’école élémentaire (du CP au CM). Parmi les signataires, Daniel Pennac, Marcel Rufo, Michel Rocard ou encore Axel Kahn. Ils estiment que « ce système de notation, et l’obsession du classement, crée dès l’école élémentaire une très forte pression scolaire et stigmatise les élèves ». Avec pour conséquences, toujours selon eux : « fissuration de l’estime de soi, absence de valorisation, détérioration des relations familiales et souffrance scolaire ». Après le sexe, la couleur de la peau, la religion, les prénoms et les noms, les quartiers de résidence, les collèges et les lycées de scolarisation, le métier exercé, le statut de chômeur, celui de r-émiste, de femme au foyer, d’obèse, d’anorexique, de… de…, voici à présent la note à l’école élémentaire présentée comme une « technique de gestion sociale » stigmatisante à la limite de la torture psychologique. Ce qui, en effet, est proprement scandaleux. Aussi, en attendant que ces victimes soient enfin reconnues et correctement indemnisées par nos tribunaux, je suggère à ces éminents spécialistes de proposer au nouveau Ministre en charge de l’éducation de nos chers enfants, la distribution universelle et obligatoire de la seule note 20/20. A tous les élèves, dans toutes les matières et pour tous les devoirs. Devoirs! J’ai dérapé, zut! Pardon!
Je feuillette un de mes nombreux carnets (remplis ou pas, de différents formats de poche…) dans lesquels j’ai pris l’habitude de consigner les livres à acheter ou à consulter, les idées récoltées aux terrasses de café ou à l’écoute, volontaire ou pas, d’une radio, les tics et phobies de mes « amis » internautes, les miens aussi, quand ils me sont gentiment rapportés. Il porte en couverture et en titre : « Tour de France 2008, du 5 au 27 Juillet » et en accroche : » Le Tour toujours « . Attribuant ainsi, de façon tout à fait inattendue et salutaire, un statut un brin dérisoire à des notes pourtant emplies de sérieux. Les premières de la première page (pas de date !), je les ai pêchées chez Renan (Pensées de 1848 : l’avenir de la Science), qui affirmait » Ma religion, c’est le progrès de la raison, c’est-à-dire celui de la science « . Pour, vingt ans plus tard, nous dire : » Notre siècle ne va ni vers le Bien, ni vers le Mal ; il va vers le Médiocre. » Avouons que des générations d’êtres humains du vingtième siècle, broyées par l’histoire au nom d’idéaux se réclamant du Bien, se seraient satisfaites de cette « médiocrité » envisagée par Renan ; une « médiocrité » dont je me demande, aujourd’hui, si, finalement, elle n’est pas le meilleur des remparts contre toutes les tentations totalitaires et totalisantes (1).
(1)L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut ; rien que la médiocrité n’est bon. [Pascal, Pensées]
Il est des auteurs qui finissent toujours par ressembler à quelqu’une de leurs créations. Ainsi de ce Dominique, qui, tous les jours, se place aux extrémités de tous les toits médiatiques pour y clamer la haine de ce Nicolas. Comme une gargouille dont il fit du cri le titre d’un de ses essais. Une gargouille qui prend la pose et surjoue. Comme cette Chimère de Notre-Damequi, penchée vers le sol, semblent se repaître du spectacle des turpitudes de l’humanité.
C’était dans le cimetière de Bages. Un joli petit cimetière aux tombes bien entretenues. Un jour de cette semaine, par un bel après midi ensoleillé. Un cimetière couvert de fleurs et plein de vie. Celle de familles se croisant et se parlant comme si elles ne le pouvaient plus ailleurs. Des éclats de rires aussi, venants de derrière un cyprès. Ou d’une chapelle, porte ouverte. C’est au coin d’une allée que je l’ai rencontré. Fatigué, courbé par les ans. Un panier à la main rempli de tout son matériel de jardinier. Terreau, sarcloir, bouteille d’eau et un peu d’engrais. Perdu et épuisé. Je lui ai proposé mon aide et nous avons bavardé jusque devant la tombe, qu’il n’aurait jamais trouvée me dit-il. Sur la stèle, des noms italiens. Les seuls en ce lieu. Des vies qu’il m’a racontées le sourire aux lèvres. Le bonheur de les dire pour l’amour qu’il leur porte.
Plus tard, repensant à cette étrange communion des vivants et des morts dans une ambiance sereine et joyeuse qui m’a rappelé celle du cimetière de Séville où les andalous se promènent en famille le dimanche, m’est revenu à l’esprit cette annonce d’un cimetière virtuel. Un cimetière sans terre et sans ciel. Sans âme. Avec sa boutique et ses tarifs. Un cimetière où se croisent des signes et des images. Plates. Sans profondeur. Où la mort semble communier avec la mort. Un monde lisse et glacé comme la préfiguration de celui à venir. Un monde sans amour et sans les mots pour le dire. Sans les mots et l’amour de ce Monsieur Gentili qui, les disant par ce bel après midi de cette semaine, m’a fait l’offrande d’un instant de bonheur.