En plaçant le FN au centre du combat électoral, Manuel Valls signe la fin de l’hégémonie politique et intellectuelle du PS et de la vieille gauche…
Manuel Valls fait des élections départementales celles de la seule lutte contre le FN. Si la menace est sérieuse, on peut néanmoins s’interroger sur le sens politique de sa stratégie. On aurait pu s’attendre, en effet, à ce que le premier ministre, sa majorité, le PS et ses alliés défendent la politique et les actions que le gouvernement met en oeuvre, sous l’autorité de François Hollande. À tort ou à raison, peu importe, sous le quinquennat, les élections intermédiaires valident ou pas la politique de l’exécutif. Il est donc clair que Manuel Valls, en déplaçant, l’axe de la campagne sur le seul terrain de l’affrontement « moral » avec le FN, fait l’amer constat que le combat idéologique et politique sur le bilan gouvernemental, depuis 2012, est perdu. Ne lui reste donc, pour sauver le maximum de positions dans les départements, que de parier sur des seconds tours du PS face au FN, et sur des reports de la droite modérée sur ses candidats, en plaçant le FN au centre de l’affrontement électoral. Un pari à très haut risque! et une élection qui va sans doute réserver des surprises quant aux mouvements de voix entre UMP, PS et FN… Signe de cette « panique », l’attaque des intellectuels, qui ne se mobiliseraient plus contre le danger d’extrême droite. Une désertion, en effet, massive. Ne reste plus qu’un Pierre Arditi, ou presque, dans les tranchées de la ligne de front! C’est peu… Et la preuve que la gauche (la veille gauche, celle qui a conquis le pouvoir en 2012) ne dispose plus de l’hégémonie culturelle dans ce pays. Disons le autrement: le gouvernement n’a pas les moyens idéologiques et politiques, ni les relais d’opinion, dans la classe intellectuelle comme dans les milieux sociaux qui composent le coeur de son électorat, de sa politique. Et si le PS n’est pas capable de revoir de fond en comble son corps de doctrine, ses idées et ses alliances, l’annonce de Manuel Valls selon laquelle son parti n’est pas éternel pourrait se vérifier. L’exemple grec est là pour nous le prouver: le PASOK et ses leaders ont disparu de la scène politique …
Mots-clefs : Congrès du PS, FN, Hégémonie, Onfray, PASOK, PS, UMP, Valls
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Jacques PERRY
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Parlant des électeurs du FN, François Hollande dit vouloir « aller les chercher, les arracher même, pour leur parler et les convaincre » (Le Parisien, ce mercredi). Mais comment prendre le président au sérieux, quand toute sa politique est menée à rebours des valeurs recherchées par ceux qui, notamment à gauche, se dirigent vers Marine Le Pen ? Les beaux esprits se scandalisent d’entendre le député UMP, Gérald Darmanin, s’en prendre, mardi, à Christiane Taubira, parlant d’elle comme d’ »un tract ambulant pour le FN ». C’est pourtant la vérité. Ceux ont vu dans cette déclaration irrespectueuse un « propos nauséabond » sont obsédés par la couleur de peau de la Garde des sceaux. La culture de l’excuse et la victimisation des coupables, qui restent les fondamentaux de sa politique, sont des sujets d’incompréhension pour une opinion en demande d’autorité et de sanctions.Pour ou contre le Front national ? Les élections départementales vont-elles se transformer en référendum ? C’est à le croire en écoutant les principaux responsables politiques de gauche comme de droite. Le parti de Marine Le Pen est devenu leur obsession. Il n’est question que de lui et très peu d’impôts locaux, de l’avenir des territoires ou de la décentralisation. « J’ai peur pour mon pays, qu’il se fracasse contre le FN », a lancé ce dimanche Manuel Valls. Quelques jours auparavant, François Hollande déclarait qu’il fallait « arracher les électeurs au FN ». Les temps ont bien changé depuis François Mitterrand. Quand l’ancien président socialiste prenait un malin plaisir à instrumentaliser la formation frontiste pour affaiblir la droite, son lointain successeur envisage la montée de Marine Le Pen avec angoisse. C’est la survie du Parti socialiste qui est en jeu et le propre destin électoral du chef de l’État, en 2017. Mais à qui la faute ? À MM. Hollande et Valls, bien sûr, et à leur politique. Ce n’est pas en brandissant à tout bout de champ la menace d’un raz-de-marée bleu marine que les socialistes empêcheront les électeurs de leur tourner le dos. Les discours à fort relent idéologique n’y suffiront pas. Que proposent-ils eux-mêmes d’audible et d’efficace pour contrôler l’immigration, faire reculer le chômage, l’insécurité, les déficits, la pression fiscale ? Rien…
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jraynal
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Toujours les mêmes vieilles recettes….Instrumentaliser le FN pour essayer de sauver les meubles….C’est triste et pathétique, on pouvait esperer mieux de notre hidalgo national que d’avouer ainsi sa frousse….Quel constat d’impuissance ! Oui, je le crains pour notre démocratie, le PS est entré en phase terminale….La gauche généreuse, porteuse de foi et d’esperance est en train de disparaitre du paysage politique….Vont s’avancer maintenant les droites »décomplexées » ou déchainées….Malheur aux faibles, aux petits, aux sans grade….! On l’avait cru Don Quichotte, il n’etait même pas Sancho pança, tout juste Rossinante, et encore, boiteuse….Ses attaques contre Onfray, un des rares intellectuels qui a pourtant clairement choisi le camp de la vraie gauche, sont indignes et ridicules….Bien décevant tout ça….L’addition va être salée dans 15 jours….
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jraynal
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Merci, Jacques pour cette brillante analyse que je partage totalement….Ou est l’argumentaire de Vals quand a sa politique….? ou est la volonté de defendre son bilan….? Il n’éssaie même pas et se cantonne a ses imprécations incantatoires sur le FN dont nous voyons bien désormais a quel point elles sont inopérantes….Cette gauche là semble n’avoir plus rien a dire sinon agiter de façon compulsive le chiffon noir de l’extrème droite…..Quand on est sur de soi, on n’a pas peur, on se bat …..Sur ses valeurs ! Là, je crois que Vals a tout loupé et je le déplore….
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Elle
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Excellent titre Monsieur Santo. Un article réconfortant à lire quand on voit tout ce foin pour des départementales. Tout est dit avec en plus l’analyse pertinente de Jacques Perry. Ceux qui croient encore aux valeurs de la gauche doivent avoir (peut être ) le cœur qui saigne. Cette gauche ci est pathétique et presque méprisable. Quelle politique mener quand on passe son temps à traiter le FN et ses électeurs (qui sont français) de diable ? Aucune !
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Elle
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Commentaire que vous pouvez supprimer : je viens de laisser un commentaire sur un article de 2008 « un jeune tigre de belle caste » et j’ai réalisé que j’avais une très jolie tête. Qui me convient tout à fait. Mais pas sur cette page ? Aurais je méchamment vieilli ?
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michel
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Pendant ce temps là , mr Hacene Dekhil , candidat à Marseille 2, Front de Gauche , peut étaler son antisémitisme sur ses blogs , et peut se permettre de représenter Hollande en chien recevant la gamelle du CRIF . sans que le toréador de salon , la presse en second lieu et toutes les associations soit disant anti racistes ne pipent mot . Le Front de Gauche serait il donc plus républicain que le FN ? Mais il est vrai qu’on ne peut pas se priver d’un parti qui s’est toujours « vendu » pour quelques places au soleil .
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