« Il n’y a pas de causes sociales au djihadisme » par Paul Berman.

Ce matin, j’avais décidé d’écrire un billet pour faire le commentaire critique de ces phrases de notre ministre de l’économie Emmanuel Macron, lors d’une intervention en conclusion de l’université du groupe social-démocrate « Les Gracques », huit jours après les attentats meurtriers en région parisienne, revendiqués par le groupe Etat islamique (EI):

Le terreau sur lequel les terroristes ont réussi à nourrir la violence, à détourner quelques individus, c’est celui de la défiance . Je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments sont la cause première du djihadisme. C’est la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre responsabilité

Un propos, cela dit en passant, rapidement détourné par les médias, qui n’ont retenu de cette intervention que la première phrase,  pour les besoins de la « bonne cause » de la lutte contre l’islamophobie ambiante. Je m’apprêtais donc à montrer que ce genre d’analyse, si on peut dire, n’explique en rien les mêmes crimes commis par de jeunes djihadistes , au nom de la même idéologie, dans leurs propres pays ou ailleurs, comme en Tunisie, récemment, en Égypte, au Mali, etc… , quand je suis tombé sur cette tribune de Paul Berman, publié dans la Matinale du Monde (édition abonné), de ce jour. Aussi, comme nombre de ses remarques, pas forcément toutes, auraient pu figurer dans mon propre « papier », je préfère le reproduire ici, in-extenso, dans toute sa cohérence intellectuelle…

berman300

Bonne lecture:

Nous, les modernes, croyons en la doctrine des « causes profondes », selon laquelle de fortes pressions sociales sont toujours à l’origine de la rage meurtrière, mais les poètes de l’Antiquité ne voyaient pas les choses de cette manière. Ils considéraient la rage meurtrière comme un trait constant de la nature humaine. Ils pensaient, comme l’a écrit André Glucksmann, que « le principe destructeur nous habite ». Ou alors ils attribuaient cette fureur à des dieux irascibles dont les motivations, emportées et fantasques, ne nécessitaient aucune explication. Pour les poètes, n’importe qui était susceptible de plonger dans une rage meurtrière – un peuple vaincu, une femme blessée ou une victime des dieux. C’est la rage elle-même qui suscita leur attention, non pas ses origines ou ses causes supposées. Ils consacrèrent toute leur science, poétique, à l’examen de la fureur : à ses rythmes, ses mètres, son vocabulaire, ses nuances, ses degrés d’intensité. L’Enéide est aussi bien une traversée de la Méditerranée qu’un parcours à travers les différentes mutations de cette rage.

Nous, les modernes, préférons néanmoins les chercheurs en sciences sociales aux poètes, parce que nous pensons fondamentalement que le monde est soumis à une certaine logique impersonnelle de cause à effet, que les sciences sociales précisément nous révèlent. Nous sommes convaincus que, si un mouvement terroriste se déchaîne à travers le monde, sa cause est nécessairement à chercher dans un principe de destruction extérieur aux terroristes eux-mêmes. Nous nous tournons alors vers les spécialistes en sciences sociales qui, apparemment, n’ont aucune difficulté à en cerner la cause : c’est une question d’identité professionnelle. Que nous disent les économistes ? Que la folie terroriste a bien une cause profonde : la pauvreté. Et les géographes ? Que c’est l’aridification du Moyen-Orient qui a provoqué cette vague de terrorisme. Il y a autant de « causes profondes » du terrorisme islamiste qu’il y a d’experts en sciences sociales. Et elles disent tout et son contraire.

On nous explique que la cause profonde du djihad islamiste est l’invasion et l’occupation militaire de puissances étrangères, comme en Tchétchénie et en Palestine, alors même qu’à Rakka, et ailleurs qu’en Syrie, ce sont les djihadistes eux-mêmes qui représentent des occupants étrangers. On nous dit que le chaos qui suivit le renversement des dictateurs ayant sévi pendant des décennies est à l’origine des mouvements terroristes, comme en Libye, alors que, dans le cas des terroristes marocains, c’est la frustration suscitée par l’impossibilité de renverser la monarchie qui est en cause. On nous explique que c’est le despotisme du général Sissi qui a entraîné l’explosion du terrorisme en Egypte, mais que c’est la fin du despotisme de Ben Ali qui en est la cause en Tunisie. On nous dit que le sionisme est la cause du terrorisme islamiste partout dans le monde, mais, en Syrie, les leaders mondiaux de l’antisionisme nous ont fait comprendre que, au final, ils préféraient se massacrer entre eux.

CONTRADICTOIRES ET FANTASQUES

Avant 2011, on considérait que la présence américaine en Irak était à l’origine du terrorisme qui sévissait dans une partie du monde ; après 2011, c’est le retrait américain qui en est devenu responsable. Les inégalités économiques expliquent tout… comme les contrariétés de la vie dans les républiques égalitaires scandinaves. Le chômage explique tout ? Pourtant des terroristes surgissent au Royaume-Uni, où le taux de chômage est remarquablement bas. Le manque d’éducation explique tout ? Pourtant l’Etat islamique est dirigé par un homme diplômé en sciences islamiques, qui est à la tête du réseau de propagande sur Internet et sur les médias sociaux le plus sophistiqué du monde.

On nous dit que l’islamophobie est la cause du terrorisme islamiste – alors que l’immense majorité des terroristes islamistes viennent de pays musulmans où l’islamophobie n’est vraiment pas le problème. Ailleurs dans le monde, en France, par exemple, c’est l’exigence intolérante faite aux immigrés de se conformer à la culture française qui aurait fait naître le terrorisme islamiste ; au Royaume-Uni, ce serait au contraire le refus multiculturaliste d’exiger d’eux une adaptation. Les causes profondes du terrorisme islamiste se révèlent, au bout du compte, aussi nombreuses que les divinités antiques, et aussi contradictoires et fantasques qu’elles. Il se pourrait que ce soit la doctrine des causes profondes elle-même, telle qu’elle se trouve développée en sciences sociales, qui échoue totalement à cerner les causes du terrorisme. Les investigations des sciences sociales réussissent à peine à identifier ce que Glucksmann appelait des « circonstances favorables », qu’il serait certainement crucial de connaître, si seulement nous parvenions à distinguer les interprétations valides des interprétations fallacieuses. Et pourtant, même la synthèse la plus pertinente et la mieux renseignée des circonstances favorables ne pourra jamais nous amener au cœur du sujet, à savoir la rage.

DOCTRINE ANTIPOÉTIQUE

C’est pourquoi la doctrine des causes profondes est profondément erronée. Elle encourage à prêter attention à tout sauf aux rythmes, aux mètres, au vocabulaire, aux intensités émotionnelles et aux nuances de la rage terroriste elle-même, c’est-à-dire à l’idéologie islamiste et à ses modes d’expression. La rage terroriste repose sur la haine, et la haine est une émotion qui est aussi un discours, en l’occurrence un discours élaboré composé de tracts, de poèmes, de chants, de sermons et de tout ce qui peut alimenter un système idéologique parfaitement huilé. Pour comprendre le discours, il faut disposer de ce que l’on pourrait appeler une « poétique ».

Or, la doctrine des causes profondes est antipoétique. En cela, elle représente une régression par rapport à la poésie antique. Elle nous empêche de comprendre ceux-là mêmes qui veulent nous tuer. Pire : la doctrine des causes profondes nous induit à penser que la rage insensée, étant le résultat prévisible d’une cause, ne saurait être vraiment insensée. Pire : la doctrine des causes profondes nous conduit au soupçon que nous pourrions nous-mêmes en être la cause. Après les attentats du 11 septembre 2001, de nombreuses personnes ont considéré que l’Amérique avait eu ce qu’elle méritait. Il y a dix mois en France, on entendait que les caricaturistes de Charlie Hebdo l’avaient bien cherché, que les juifs l’avaient bien cherché. Et on commence déjà à entendre la même rengaine à propos des supporteurs du Stade de France, des gens venus dîner au restaurant ou écouter du rock. De cette manière, la doctrine des causes profondes, qui promeut une certaine forme d’aveuglement, nous enlève jusqu’à l’envie de résister.


Traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria

Paul Berman est un écrivain et essayiste américain. Il est notamment l’auteur des Habits neufs de la terreur (Hachette Littératures, 2004) et de Cours vite camarade ! (Denoël, 2006). The New York Review of Books, The New Republic, ou la revue d’études juives Tablet ont publié ses articles. Historien de la gauche, il en a critiqué les positions à l’égard de l’islam radical, qui sont à ses yeux trop conciliantes. En 2003, il a défendu l’idée de la guerre en Irak, tout en condamnant la manière dont elle a été conduite par l’administration Bush.

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Commentaires (12)

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    Jacques Molénat

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    Très juste !

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      Jean Alain

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      Oui, effectivement, c´est trés judicieux d´affirmer entre les lignes que les terroristes ne sont que des fous enragés. Pas d´analyse à fournir, pas de responsabilité à prendre, super soutien idéologique à ceux qui divisent pour mieux reigner. Pour info, le refus d´attribuer des traits humains, comme la rationalité, à des personnes forge les prémisses de la violence contre ces personnes. Voir toute la literature en psychologie sociale à propos des effets de la déshumanisation (https://fr.wikipedia.org/wiki/DC3%A9shumanisation_%28psychologie_sociale%29).

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        Michel Santo

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        Ah bon! vous faites cette lecture simpliste de ce texte. Pas moi. Je dirais même qu’elle complexifie une lecture majoritairement, dans ce pays en tout cas, sociologisante, et qui finit par tout ramener au social et à l’économie pour expliquer certains types de « comportements » collectifs, en l’espèce l’assassinat de groupe par un groupe d’individus. Simpliste, car au bout de la chaîne de la cause et des effets, ou à la fin, peu importe, on trouve le bon vieux postulat de Rousseau: l’homme est naturellement bon, c’est la société qui le rend mauvais. Ce qui ne nous avance guère! Pour en revenir à cette analyse, perturbante, son intérêt est justement de s’attaquer à « l’idéologie », comme matrice , non seulement du passage à l’acte, mais comme terreau du terrorisme djihadiste. Car contrairement à ce que certains prétendent ( Marx, et Lénine surtout, pourtant l’ont assez dit: quand des idées s’emparent de masses, elles deviennent des « forces matérielles ») l’idéologie n’est pas qu’un ensemble d’idées purement subjectives ( voir le commentaire de Tristan D, ci dessus), un voile non déterminant… sans intérêt scientifique.

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    Tristan D.

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    Bon… L’auteur a besoin d’une petit remise à niveau en sciences sociales, qu’il accuse sans jamais citer (quels auteurs, quels articles?). N’oubliez pas que dans sciences sociales, il y a science, et je pense la science plus capable de décrire le monde et de le comprendre que la poésie antique. Lisez Aristote et voyez chacun de ses arguments en physique démonté un à un par les sciences physiques modernes.
    Cependant, cela ne signifie pas que l’on comprenne toute la physique simplement parce que nous avons mis en place des protocoles et des démarches scientifiques, nous restons pétris d’incertitudes, moteur même de l’heuristique scientifique. Mais bon, il est vrai que la poésie antique, comme l’auteur l’appelle, nous montre un monde assez simple et directement compréhensible: « il de la nature des objets plus lourds de tomber plus rapidement ». Scientifiquement, c’est faux, alors il faut trouver des équations, des principes d’explications. Il y a des objets lourds qui tombent plus vite et d’autres qui tombent plus lentement que des objets légers (nous parlons d’ailleurs de « corps » en physique modernes). Et il a fallu l’expliquer. Nous avons réussi (loi de la gravitation).
    Passons aux sciences sociales. Comme vous le faites remarquer, il y en a plusieurs: géographie; économie; sociologie; anthropologie; psychologie;… Chacune ayant ses référentiels et ses méthodes scientifiques. Cela vous paraît incompréhensible que les phénomènes humains soient multifactoriels et complexes, vous préférez vous référer à une cause simple (qui n’explique rien): la rage. En science, on appelle cela un raisonnement tautologique. « Les gens sont sont méchants parce qu’ils ont une rage », vous voyez bien que de la description, de l’interrogation (pourquoi les gens sont méchants) est induit votre explication (parce qu’ils ont la rage, qu’on peut facilement incorporer dans la méchanceté).
    Vous avez raison, il y a un discours islamiste, mais les scientifiques l’étudient, contrairement à ce que vous pensez. Cependant, ils ne l’étudient pas dans l’essence mais dans l’appropriation que s’en font les individus. Et la question devient: pourquoi certains individus deviennent terroristes islamistes ? Car c’est un processus qui ne se fait pas de façon solitaire. On pourrait parler de « carrière terroriste » pour reprendre Becker (le sociologue, pas l’économiste) quand il s’intéresse à la déviance, à l’anomie (Durkheim); ou à la réponse à une situation sociale incapable d’atteindre les buts collectifs (Merton). Peut-être même que nous pourrions développer de nouveaux paradigmes pour ces comportements, je ne les ai pas étudiés.
    Mais non, la science n’excuse rien, elle tente d’expliquer et de comprendre, de nous éclairer. Et vous simplifiez à l’extrême pour vous créer un ennemi théorique dans votre paragraphe « contradictoire et fantasque ». Je ne suis pas expert sur la question, mais il est vrai que la présence sur le sol irakien des troupes américaines, et par les différentes « bavures », ont alimenté un rejet de l’Occident. Le retrait, en laissant un premier ministre discriminer les sunnites, a également provoqué une haine envers les chiites et la constitution, à leurs yeux, d’un « vrai islam ». Alors, cela paraît contradictoire, tout comme en physique: « des objets lourds tombent plus vite et d’autres objets lourds tombent moins vite que des objets légers ».
    Vous avez raison, une haine anime ces individus, mais n’avons-nous pas également une haine lorsque nous les bombardons ? Et après avoir dit cela, nous ne sommes pas plus avancés…
    Un des buts des sciences sociales est d’objectiver le subjectif, mais le subjectif est complexe et ne peut se résumer aux sentiments. La recherche est longue, ne vous attendez pas à ce qu’on comprenne les raisons du terrorisme islamique demain, comme il paraît difficilement envisageable que l’on comprenne la matière noire que l’on pense observer en physique demain. Je vous rappelle qu’à une certaine échelle microscopique, des particules peuvent se trouver à plusieurs endroits en même temps ! Les sciences sociales nous font aussi découvrir des choses qui ne vont pas de soi et qu’il faut un certain temps avant de les assimiler.
    Arrêtez de les dénigrer et penchez-vous sur elles, prenez le temps. Parfois, les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux, et ce, dans n’importe quel domaine, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont inintéressants. Je rappelle qu’Einstein a été vivement critiqué par Bohr ! Fallait-il alors rayer la physique des sciences pertinentes ?
    Oui, les humains sont complexes, mais peut-être valent-ils le coup de tenter de les comprendre scientifiquement avant de raisonner irrationnellement ?

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      Michel Santo

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      Une partie de ma réponse est dans celle faite à Jean Alain. J’ajoute que contrairement à ce que vous m’imputez :  » Arrêtez de les dénigrer et penchez-vous sur elles, prenez le temps. Parfois, les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux, et ce, dans n’importe quel domaine, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont inintéressants. Je rappelle qu’Einstein a été vivement critiqué par Bohr ! Fallait-il alors rayer la physique des sciences pertinentes ? », je ne dénigre pas les sciences sociales en soi et en général (j’ai aussi une formation de sociologue!). Je place, ici, un texte qui , comme je le précise est « matière à débat », pas à anathème… Bien plus complexe et riche que vous le prétendez ( voir ma réponse à J.Alain). Quant à ce que vous dites de l’auteur de ce texte « Oui, les humains sont complexes, mais peut-être valent-ils le coup de tenter de les comprendre scientifiquement avant de raisonner irrationnellement ? », j’eusse préféré que vous le contestiez, arguments à l’appui, sur chacune de ces hypothèses; c’est à dire rationnellement…

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        Tristan D.

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        Excusez, j’ai été un peu rapide dans mon commentaire en mélangeant parfois votre point de vue et la proposition de lire ce texte et ce texte en lui-même. Je m’excuse de cet amalgame. Je vais donc me concentrer sur ce texte qui est en effet, matière à débat. Mais avant, j’aimerais préciser une chose: je ne suis pas expert en géopolitique ni en histoire du moyen-orient ni même de l’Islam. Je ne suis pas donc le mieux placer pour parler de ces questions. Cependant, je suis en master de sociologie (je pense que nous pourrons nous retrouver sur certains points) et j’ai un certain amour pour l’épistémologie. Je tente également de défendre les sciences humaines et la sociologie en particulier, que l’on aborde souvent en les survolant et en les considérant comme des opinions, des excuses et non comme des sciences.
        Très bien, je vais m’empresser de faire ce que vous me conseillez:

        Premier paragraphe: dichotomisation de la poésie et des sciences sociales, opposition du regard sur l’homme. Bon, une grande méconnaissance des sciences sociales: toutes ne parlent pas de causes profondes ou de forces sociales, ou alors en d’autres termes nuançant grandement cet aspect impersonnel et vague. Des sociologues se sont penchés sur les raisons de celui qui réalise l’action (Weber; Boudon, voire même Dubet pour les plus emblématiques). Je vous rappelle qu’un des outils du sociologue est l’entretien (ou l’intervention sociologique) par lequel les scientifiques écoutent l’acteur (c’est-à-dire celui qui agit). S’il n’était question que de « forces sociales », pourquoi diable irions-nous interroger les individus sur les raisons de leurs agissements ? Bref, fermons la parenthèse sur « forces sociales ». Raisonner en terme de nature humaine, vous l’avez dit, conduit à une impasse, que cela soit à travers Rousseau considérant l’homme naturellement bon, ou à travers Glucksmann, où il se trouve destructeur. « Ce qui ne nous avance guère », pour vous reprendre. Je ne suis pas spécialiste de l’Antiquité, mais il me semble que la poésie antique n’avait pas comme seul sujet la rage. Je devrais demander à des historiens, mais permettez-moi d’émettre un doute sur ce point.

        Deuxième paragraphe : première phrase: « Nous, les modernes, préférons néanmoins les chercheurs en sciences sociales aux poètes, parce que nous pensons fondamentalement que le monde est soumis à une certaine logique impersonnelle de cause à effet, que les sciences sociales précisément nous révèlent. » en effet. En réalité, je vois peu d’arguments avançant qu’il n’y a aucune cause ou aucun effet à un phénomène humain. La rage est une cause, le libre arbitre également. Cependant, se fier à la science, c’est se permettre d’affiner un peu mieux sa compréhension. Cependant, les sciences sociales ne permettent pas d’émettre que des causes impersonnelles. La sociologie des réseaux, par exemple, va même jusqu’à détailler les liens entre les personnes par des schémas complexes avec chaque acteur en jeu ( http://politbistro.hypotheses.org/ pour un exemple de ce genre de méthodologie). Non, les sciences sociales ne décrivent pas des phénomènes impersonnellement. C’est ou de la mauvaise foi ou de l’ignorance. Je suis désolé (excusez-moi, mais je m’énerve un peu). Deuxième phrase : « Nous sommes convaincus que, si un mouvement terroriste se déchaîne à travers le monde, sa cause est nécessairement à chercher dans un principe de destruction extérieur aux terroristes eux-mêmes. » Ce qu’il appelle un « principe destructeur extérieur » rassemble en réalité de nombreux phénomènes sociaux. D’ailleurs, l’islamisme radical auquel est confronté un individu qui va le plonger dans le terrorisme n’est-il pas un « principe extérieur » ? L’avait-il réellement en lui avant de le rencontrer ? Et la « poétique » dont nous parle l’auteur également ? Il s’avère néanmoins qu’un certain profile terroriste se dessine, se pose alors la question: est-ce un hasard ? Est-ce un hasard que le radicalisme apparaisse lorsqu’il y a de la pauvreté ? Si nous naissions avec une « rage », pourquoi cela touche une certaine partie de la population plus que les autres ? En réalité, nous cherchons des « causes extérieures » car chercher des causes intérieures revient à une psychologisation de bas-étage où certains individus naîtraient terroristes. Cependant, les sciences sociales ne nient pas la subjectivité et la réflexivité des individus, mais n’oublions pas qu’ils sont toujours situés, donc dépendants en partie des conditions sociales, spatiales, physiques, etc.
        Troisième phrase : « Nous nous tournons alors vers les spécialistes en sciences sociales qui, apparemment, n’ont aucune difficulté à en cerner la cause : c’est une question d’identité professionnelle. » Qui a dit cela ? Et puis, les « spécialistes en sciences sociales » (on peut dire chercheurs, scientifiques aussi, car je ne connais personne qui soit spécialiste en sciences sociales, au sein même des disciplines existent des spécialités, des nuances, bref…) ont réellement du mal à trouver des causes, contrairement à ce que vous dites. D’ailleurs, ils ne les trouvent pas comme ça, par hasard ou par opinion, mais par une démarche scientifique qu’on peut parfois oublier en vous lisant. Ensuite, l’auteur se contre-dit, il insinue que les sciences sociales trouvent la cause dans l’identité professionnelle puis fait une analyse du constat des géographes (sans en citer, bien sûr) basée sur la typographie et les ressources du terrain…
        Les deux dernières phrases: « Il y a autant de « causes profondes » du terrorisme islamiste qu’il y a d’experts en sciences sociales. Et elles disent tout et son contraire. » Ce qui est difficilement compréhensible pour un non-initié (donc quelqu’un qui ne s’y connaît pas) quand on lui présente les paradigmes sociologiques (que je connais mieux que les autres), c’est en effet leur hétérogénéité. On se rend compte avec la pratique que cela est indispensable pour rendre compte d’un phénomène social. Prendre seulement quelques variables est réducteur, chaque chercheur va montrer qu’il a un peu raison (je résume). En fait, quand nous prenons un paradigme pour rendre le monde compréhensible (à l’aide de nos idéaux-types, voir Weber), c’est comme lorsqu’on regarde une statue en trois dimensions. Notre regard ne peut porter que sur une face, mais elle en comporte en réalité bien plus, que nous ne pouvons décrire. Il nous faut donc plusieurs angles d’approche. Et si, en plus, on cherche des lois générales au terrorisme islamique, et bien il ne faut pas s’étonner d’être déçu ! Chaque situation est complexe, chaque pays, chaque région, chaque individu ont leurs particularités et ne s’agencent pas à chaque fois de la même façon. C’est comme revenir à dire que les objets lourds doivent bien tomber plus vite et s’étonner que la physique ne puisse pas le prouver, c’est prendre le problème d’un mauvais angle.

        Troisième paragraphe: l’auteur tente son argumentation avec en tête, sa mauvaise interprétation. Les sciences sociales sont situationnelles ! On ne va pas prendre les mêmes explications pour des contextes différents. C’est comme si je vous disais: « regardez, cet objet tombe plus vite que celui-ci dans l’air ». Là, vous me rétorquez: « vous avez faux, cela n’est pas vrai dans l’eau ! Donc la physique n’explique rien ! ». Non, il faut prendre en compte les situations, dans sciences sociales, il y a l’adjectif qui indique que l’on s’intéresse à des humains, avec une histoire, une perception des choses, des sensibilités différentes, des revendications, des nations, etc… Bref, des représentations du monde différentes. Alors en effet, d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, les causes et les effets ne sont pas les mêmes. Bravo, vous venez de montrer à quoi servent les sciences sociales, à expliquer cette différence. Mais comme cela est complexe, le résumer en une ou deux phrases, en faisant fi des auteurs, ouvrages ou articles, paraît idiot. Si je résume le suicide de Durkheim: les gens se suicident à cause des autres. C’est idiot. Il me faudrait du temps pour expliquer sa démarche et ses résultats. Mais l’auteur se contente de construire un ennemi théorique.

        Quatrième paragraphe: même chose. Et puis l’auteur prend les données brutalement. Le chômage, oui, cela peut expliquer, mais il faut étudier comment il affecte les individus dans leur quotidien, dans leur façon de penser. Si on se rend compte qu’il peut amener à une certaine radicalité, car la fragilité qu’il entraîne amène une remise en cause des élites, incapables d’assurer le bonheur matériel pour tous, qu’il coupe de liens sociaux auparavant protecteur du radicalisme, ce qui rend plus attentif à des discours haineux, anti-système, tout ceci amenant dans une socialisation secondaire (au sens de Berger et Luckman, « La construction sociale de la réalité ») de la radicalité, alors oui, le chômage peut être une explication. Mais pas direct, pas mécanique, pas impersonnel, comme semble le croire l’auteur: le chômage= islamisme. Il n’y a aucune trace de telle équation en sciences sociales, en tout cas, pas à ma connaissance. Mais il serait peut-être utile de savoir de quels auteurs il parle…

        Cinquième paragraphe : Première phrase : « On nous dit que l’islamophobie est la cause du terrorisme islamiste – alors que l’immense majorité des terroristes islamistes viennent de pays musulmans où l’islamophobie n’est vraiment pas le problème. ». Peut-être serait-il judicieux de considérer le monde musulman comme complexe, puisqu’apparemment l’auteur nous parle des pays arabes (la deuxième phrase étant ailleurs, en France). Les musulmans se divisent en plusieurs communautés qui peuvent exister sur un seul territoire. Alors, évidemment, si on pense les musulmans comme unis, comme uns, c’est difficile de comprendre les tensions. C’est comme si vous ne compreniez pas la colère des protestants en France au XVI° siècle car vous les prenez comme tous chrétiens. L’auteur reste donc sur une idée simpliste. Oui, il y a des discriminations envers les musulmans dans les pays arabes, c’est-à-dire des tensions entre différentes communautés qui peuvent faire naître un islamisme, comme les tensions ont pu faire la Saint Barthélémy (bon, là encore, je ne suis pas historien et comme je disais précédemment, il faut remettre les choses dans leur contexte, c’était une comparaison aidant la démonstration).
        Deuxième phrase : « Ailleurs dans le monde, en France, par exemple, c’est l’exigence intolérante faite aux immigrés de se conformer à la culture française qui aurait fait naître le terrorisme islamiste ; au Royaume-Uni, ce serait au contraire le refus multiculturaliste d’exiger d’eux une adaptation. » Voilà, à vouloir dégager des principes généraux et à résumer des situations complexes en moins d’une phrase, on arrive à démontrer son argumentaire… Je ne suis pas spécialiste, mais le système d’intégration français, basé sur l’école et le travail en oubliant la culture de ses origines, a été, il me semble, une catastrophe pour les populations maghrébines. Ces dernières ont, si je me souviens bien, misé sur une intégration par l’industrie dans les années 1970, par le fait qu’il s’agissait principalement de non-diplômés. Cependant, l’industrie française connut la crise fin des 1970 début 1980, provoquant de forts taux de chômage parmi ces immigrés. Les baisses de revenus les ont donc conduits à habiter les mêmes quartiers, désertés par les classes populaires montantes et les classes moyennes. C’est ce qu’on appelle la ghettoïsation. Cependant, ces populations ont fait des enfants en France, qui ont tenté une intégration par l’école au moment du désengagement de l’Etat et du soutien aux populations défavorisées (depuis les années 1980, on connaît une paupérisation: Boltanski et Chiapello en parle dans Le nouvel esprit du capitalisme, mais on peut trouver d’autres études sur le sujet, comme, il me semble, celles de F. Weber). Il y a eu donc un défaut d’intégration au modèle français (sous d’autres aspects également) et une montée de l’islamophobie depuis les années 2000 (voir pour aujourd’hui : « discriminations religieuses à l’embauche: une réalité » de Marie-Anne Valfort). Tous ces éléments ont pu faire naître une certaine radicalité dans les « quartiers populaires », dont les plus faibles théologiquement sont certainement les plus touchés (puisqu’on ne trouve pas que des anciens musulmans parmi les terroristes). Même cela, c’est un résumé incomplet avec des approximations. La situation en Angleterre, je la connais que trop peu pour pouvoir la commenter pertinemment. Parfois, il vaut mieux rien écrire que se risquer à trop d’amalgames (après, je dis ça pour moi…).
        Bon, le reste du paragraphe, j’en ai déjà parlé. Mais on voit dans la dernière phrase la cause de l’incompréhension de l’auteur : « Et pourtant, même la synthèse la plus pertinente et la mieux renseignée des circonstances favorables ne pourra jamais nous amener au cœur du sujet, à savoir la rage. ». Il cherche en effet une synthèse cohérente capable d’expliquer le terrorisme islamiste. De plus, il attend, et là on peut voir un biais scientifique, qu’on atteigne « le coeur du sujet » (dont il est le seul à définir). C’est en ça que son raisonnement est tautologique: il cherche l’explication en ayant en tête déjà le mécanisme du phénomène. En science, on cherche, on ne trouve pas de résultats en les ayant déjà en tête. Pour lui, une bonne explication aurait été une explication qui décrit la rage (d’ailleurs, qu’est-ce qu’il attend par là ? Je n’ai pas vu de définition claire à part qu’on peut la trouver dans TOUS les textes poétiques antiques, ce qui fait large quand même…). Pas étonnant que les sciences sociales soient si peu pertinentes à ces yeux. Pour reprendre mon exemple d’objets lourds en physique et son raisonnement : « Ah ben ce que dit la physique, c’est faux, parce qu’elle ne dit pas que les objets lourds tombent plus vite »… Non, les sciences sociales ne disent pas que les terroristes islamistes sont les mêmes partout et tout le temps et qu’il n’y a que la rage qui les guident. On peut encore chercher quand même, en prenant un autre angle, même s’il ne vous plaît pas ?

        Sixième paragraphe : là, c’est son raisonnement qui est erroné, comme je viens de le montrer, j’espère. « Elle encourage à prêter attention à tout sauf aux rythmes, aux mètres, au vocabulaire, aux intensités émotionnelles et aux nuances de la rage terroriste elle-même, c’est-à-dire à l’idéologie islamiste et à ses modes d’expression. ». En effet, les sciences sociales n’essentialisent pas les textes, mais s’intéressent à la façon qu’ont les hommes de s’en servir. Si vous cherchez à trouver de la « rage » dans le Coran, vous en trouverez surement, mais pourquoi la très très grande majorité des musulmans ne soit pas des terroristes ? Voilà l’origine de la méfiance des « textes bruts », on n’explique rien. Les sciences sociales ne s’intéressent pas au discours des musulmans ? Lisez Amghar Samir,« Le niqâb, pour s’affirmer ? », Revue Projet, 2010/7n° HS 0; Loïc Le Pape, « Engagement religieux, engagements politiques », Archives de sciences sociales des religions; Schnapper Dominique,« Par-delà la burka : les politiques d’intégration », Études, 2010/11Tom 413, p. 461-472.
        La phrase suivante est assez pertinente.
        Par contre : « Pour comprendre le discours, il faut disposer de ce que l’on pourrait appeler une « poétique ». ». On ne peut pas comprendre un discours en dehors du cadre d’analyse que nous propose l’auteur, si j’ai bien compris… ça me paraît peu pertinent. D’après les articles et les ouvrages sociologiques que j’ai lus, j’ai cru apercevoir une compréhension des discours par la méthode scientifique, mais on peut remettre en cause les sciences sociales… Ah, mais c’est ce que fait l’article ! (Excusez du sarcasme, mais je suis un peu énervé…). Bon, au lieu de remettre en question son propre raisonnement, l’auteur s’attache à critiquer les sciences sociales dans leur ensemble.

        Dernier paragraphe : Deux premières phrases : « Or, la doctrine des causes profondes est antipoétique. En cela, elle représente une régression par rapport à la poésie antique. » Oui, par rapport à la poésie antique, en effet. Comme l’héliocentrisme est une régression par rapport à la chrétienté de l’époque… Être objectif, c’est tenter de ne pas prendre position par rapport à un référentiel, en tout cas, c’est le mettre en doute. L’auteur ne remet jamais en doute la poésie antique (il nous faudrait quand même une définition). La rendre capable d’expliquer le terrorisme islamique, c’est assez osé comme thèse !
        Les deux phrases suivantes : « Elle nous empêche de comprendre ceux-là mêmes qui veulent nous tuer. Pire : la doctrine des causes profondes nous induit à penser que la rage insensée, étant le résultat prévisible d’une cause, ne saurait être vraiment insensée. » Bon, j’ai beau les mettre dans tous les sens, c’est d’une incohérence évidente. Insensé: qui n’ai pas conforme à la raison (http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/insens%C3%A9_insens%C3%A9e/43314). Les attentats étaient insensés, imprévisibles, d’aucune cause autre que la rage, donc peu compréhensibles à la raison. Les sciences sociales rendent compréhensibles ces comportements, ils les rendent sensés. C’est peut-être ça que l’auteur ne souhaite pas, comprendre rationnellement ces comportements humains. Attention, comprendre rationnellement, cela signifie que les motifs apparents peuvent être irrationnels, c’est faire émerger une conscience qui pourrait rendre compte de ces actions. Rendre objectif le subjectif.
        Phrase suivante : « Pire : la doctrine des causes profondes nous conduit au soupçon que nous pourrions nous-mêmes en être la cause. » Et alors, on ne pourrait douter de cela ? Ceci serait une hypothèse interdite au chercheur ? Peut-être que l’auteur ne veut pas se voir comme responsable involontaire et qu’il refuse toute théorie pouvant montrer cela, mais ça serait psychologiser son discours, ce que je n’apprécierai pas qu’on me fasse. Je pense plutôt que c’est dû à une mauvaise connaissance de la co-construction des phénomènes sociaux, réalisés par inter-actions dirigés selon un système de représentation (pour faire court et en tentant de rassembler toutes les divergences théoriques présentes en sociologie).
        « Après les attentats du 11 septembre 2001, de nombreuses personnes ont considéré que l’Amérique avait eu ce qu’elle méritait. Il y a dix mois en France, on entendait que les caricaturistes de Charlie Hebdo l’avaient bien cherché, que les juifs l’avaient bien cherché. Et on commence déjà à entendre la même rengaine à propos des supporteurs du Stade de France, des gens venus dîner au restaurant ou écouter du rock. De cette manière, la doctrine des causes profondes, qui promeut une certaine forme d’aveuglement, nous enlève jusqu’à l’envie de résister. » Bon, là, c’est n’importe quoi. Quel chercheur a dit « Hahaha ! Tant mieux les Etats-Unis ! Vous ne méritez que ça, gros méchants ! » dans ses écrits scientifiques ? Oui, le 11 septembre est, parmi d’autres, une conséquence de la présence américaine au Moyen-Orient. ça veut pas dire qu’ils le méritent, c’est n’importe quoi…  » Un piano est tombé sur la tête de ma femme, elle est morte. Maudits soient les physiciens et la théorie de la gravitation ! » Si certains l’ont dit, c’est pas parce que des chercheurs le pensaient. C’est un amalgame. La « doctrine » des causes profondes… Et bien, ça vaut le coup pour les chercheurs d’aller sur le terrain et d’interroger des individus. Non, parce que la rage, il la sort de son chapeau, aucune preuve empirique de son existence quand même… Pour contester la science, il faudrait la connaître. Les sciences sociales « enlèvent » l’envie de « résister » car elles ne se sentent pas attaquées par les terroristes islamistes (contrairement à cet article). Elles cherchent les causes, les explications, les éléments de compréhension que la rage ne nous permet en rien de faire, à part de dire qu’il y a des individus dangereux (du coup je comprends l’envie de résistance). Ce n’est pas le rôle des sciences de donner l’envie de résistance, dans ce cas en tout cas. Ce n’est pas à la physique de donner des envies de résistances non plus.

        Bon, pour finir, c’est un auteur et essayiste qui ne connaît pas grand chose aux sciences sociales, qui donnent l’envie de comprendre. J’espère Michel Santo avoir été assez exhaustif pour vous, bien que j’ai dû aller un peu vite sur certains points.

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          Michel Santo

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          Tout d’abord un grand merci pour ce commentaire, qui est aussi un vrai « travail ». Vraiment! Difficile de revenir sur chacun des points soulevés. Mais tenez , cette phrase: « Chaque situation est complexe, chaque pays, chaque région, chaque individu ont leurs particularités et ne s’agencent pas à chaque fois de la même façon ». Certes, mais dans le cas qui nous occupe, des individus à la fois distincts: un ingénieur là-bas, un conducteur de bus ici, un paysan ailleurs, parlant des langues différentes, mais en même temps unifiés et déterminés par la même matrice idéologique. Une matrice, aurait-dit Althusser sur-déterminante. C’est cela qui m’intéresse, et c’est sur ce point, qu’à sa manière, cet auteur met l’accent… quitte à s’en prendre, moins aux sciences sociales d’ailleurs, qu’à leur utilisation simplificatrice par la classe médiatique… Bonne soirée Tristan!

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            Tristan D.

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            En tout cas, merci de m’avoir lu et d’avoir porté un intérêt à mon commentaire sans porter de jugement ou d’a-priori non-constructif. Il est vrai que le traitement médiatique rapide évite les analyses en profondeur (tiens, ça me rappelle Bourdieu « Sur la télévision », d’ailleurs, pour ceux qui ne veulent pas lire-et lire Bourdieu n’est pas toujours une partie de plaisir !-, il y a un documentaire de Pierre Carles disponible sur youtube). Je fais court cette fois ! C’est vrai qu’il existe une certaine hétérogénéité parmi ces radicaux, maintenant jusqu’à quel point ? Et d’ailleurs, est-ce que cela signifie toujours la même chose pour ces individus ? Est-ce que les acteurs se radicalisent pour les mêmes raisons, dans les mêmes circonstances ? Et puis une autre question : pourquoi une interprétation de l’Islam aussi violente se fait actuellement alors qu’elle aurait pu se faire il y a trente ans ? C’est bien qu’il existe des raisons historiques, sociales à cela. Bref, sur ces interrogations, je vous souhaite également une bonne soirée Michel et vous remercie pour votre patience.

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    Grunchard

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    D’après le professeur Felice Dassetto (université de Louvain), spécialiste de l’islam, le terreau (puisque c’est de cela qu’il s’agit), ce sont le salafisme et les Frères musulmans.
    « C’est faux de dire que le djihadisme , y compris dans ses formes extrêmes, n’a rien à voir avec l’islam contemporain : le djihadisme a bien naissance dans une double matrice de l’islam contemporain. »
    http://www.felicedassetto.eu/index.php/blog-islams-et-monde-musulmans/201-djihadisme

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      Michel Santo

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      Merci pour ce lien, Grunchart! ce texte est fort intéressant. Et instructif!

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    Dbod

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    Cher Monsieur,

    Je suis flamand avec des difficulté pour m’exprimer en français.

    Ce sera court.

    N’estimez-vous pas qu’il est temps d’apprendre à nos jeunes et surtout aux jeunes des pays musulmans ce qu’a été la colonisation des âmes par les armées chrétiennes et musulmanes durant 2000 ans d’histoire. C.a.d. l’impact des dogmes qui ont permis à causer tant de guerres, tant de disparitions de civilisations et asservi tant de peuples?

    Est-il possible de démontrer que ce ne sont pas les Juifs qui colonisent la « Palaestina » mais bien des Arabes (des islamisés et des dhimmis chrétiens), c’est à dire des « collaborateurs » comme nous avons connu les nôtres durant la deuxième guerre mondiale et qui rêvaient, comme les Allemands, à un empire qui devrait durer au moins 1000 ans?

    Merci de m’avoir lu.

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