La Grèce de Tsiprias serait-elle l’avenir de la France et de l’Europe?

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Tous les regards sont, depuis des semaines, tournés vers Athènes . Et le débat fait rage, à Paris, entre les soutiens de la politique menée par Tsiprias et ceux qui la contestent. Les premiers, qui se font le plus entendre, poursuivent une « guerre idéologique et politique » dont le véritable champ de bataille est en réalité la France, et la cible la politique conduite par son exécutif. Un rassemblement de « forces » aussi hétéroclite que  contradictoire, qui va, comme en Grèce, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par les souverainistes de tous bords, jusqu’à  de larges couches militantes au sein même du PS.  Une mobilisation qui a  l’intérêt d’exprimer, en creux, la crainte bien réelle, de voir notre pays se retrouver un jour dans une situation économique et financière voisine des Grecs. Je sais bien que l’on me fera le procès habituel, ce disant, d’un « amalgame odieux » et de me faire le porte-parole, forcément « zélé »  de la « finance internationale »- que l’on hésite encore à présenter comme étant à l’origine d’un complot contre les peuples et la démocratie – cela ne saurait tarder -, mais les faits politiques sont bien là; et ils sont têtus, disait a juste titre Lénine.  Les faits, et les chiffres… Quelques uns pour rafraîchir les esprits, en ces temps de surchauffe médiatique concentrée sur la Grèce

Notre pays compte 65 millions d’habitants, un PIB tournant autour de 2500 milliards d’euros, et une dette totale qui grimpe à 98% de son PIB. Une dette qui, s’il nous prenait, comme pour l’Italie l’idée d’inclure les dettes des entreprises et de la population, atteindrait 280% de son PIB… Inquiétant, tout comme le déficit budgétaire qui continue de se situer régulièrement bien au-dessus des 3% normalement acceptés (4% en 2014), et comme son taux de chômage, là encore non seulement élevé (à plus de 10%), mais en constante augmentation depuis trois ans. Encore plus inquiétant, là où l’Italie affiche des excédents primaires, la France aligne des déficits primaires de 1.7% en 2014 (2% en 2013). En 2015, il est évalué à environ 31,5 milliards d’euros, soit environ 10% de son budget. Depuis 30 ans (sachons vivre), on s’endette pour payer des dettes, seule l’année 2006 ayant connu un excédent primaire. Dans une entreprise cela porte un nom: faire de la cavalerie. Une réalité économique, financière et sociale que nos Tsipriens hexagonaux nomment « austérité » – On croît rêver! Et qui n’est soutenable que grâce à une politique monétaire de la BCE très accommodante, des prix énergétiques tirés vers le bas par un pétrole très bon marché, et, pire encore, des taux extrêmement bas dont l’État  profite lors de ses émissions d’emprunts. Conséquemment, au moindre mouvement défavorable, vers le haut, des taux d’intérêts des OAT françaises, cet échafaudage d’une extrême fragilité s’écroulera. Et la facture sera salé!  Une facture qui ne doit rien au FMI, à la finance, à l’Allemagne où à je ne sais quel autre bouc-émissaire de notre traditionnelle galerie politique, mais tout à l’irresponsabilité de nos gouvernants…

C’est bien cela que nos adulateurs de Tsiprias ne veulent pas voir, ici et en Grèce. Comme ils ne veulent pas voir que ce référendum, quel que soit son résultat, ne peut pas être présenté comme un modèle de démocratie aux autres peuples européens. Organisé en moins d’une semaine, en l’absence d’une campagne électorale digne de ce nom, sans connaissance de l’objet du vote, sans possibilité de mesurer réellement les enjeux, faudrait-il donc louer, pour être digne du respect que l’on doit à la démocratie, ce qui s’apparente plus à de la manipulation d’un peuple qu’à l’exercice libre et éclairé de sa souveraineté ? Et qui serait en France violemment contesté, à juste titre, si cette voie là, dans ces mêmes conditions, était choisie. C’est bien cela que les partisans de Tsiprias en France voudraient que nous validions; et ce dans l’espoir, illusoire, qu’il serait enfin permis à notre pays, en suivant l’exemple grec, de continuer ainsi à financer sa dette par toujours plus d’emprunts, sans réformes de structures et toujours plus de dépenses publiques? Et de l’imposer aux autres États européens?

Le croit-on vraiment possible; et souhaitable?…

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Commentaires (9)

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    Polo

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    Bravo pour cette esquisse de notre réalité.
    Une telle cavalerie menerait n’importe quel citoyen en prison.

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    Raynal

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    Comment le peuple Grec pourrait il en une semaine de campagne se prononcer en toute connaissance de cause…..?Tsippras cherche a se dédouaner sur les électeurs de décisions qu’il ne peut pas imposer, prisonnier qu’il est de ses discours électoraux et de ses mensonges….Il envoie ainsi son pays a l’aventure en cas de non et il se débarrasse de la patate chaude en cas de oui….Tout bénéfice pour lui et son image….Certes Syrisa n’est pas responsable de la situation de la Grèce, certes la responsabilité des banques (Goldman Sachs en tête ), l’aveuglement des institutions Européennes , l’irresponsabilité des gouvernements précédents….Tout cela est indubitable….Cette dette dont, c’est vrai, tout le monde est un peu responsable, ne sera jamais payée, personne ne le dit vraiment mais c’est une évidence…..La moindre des choses dans ces conditions est au moins de ne pas continuer de la même façon…..Même les animaux les plus idiots savent tirer les leçons de leurs erreurs….Avec ces gens au pouvoir confortés, la gabegie continuera….L’idéologie et le déni continueront de dominer….Si j’étais Grec, pour moi, ça serait oui….Cent fois oui…..

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    Pelissier

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    Michel, bien des éléments de l’article que tu nous proposes sont incontestables. Pour autant, les déductions que tu en tires sont empreintes d’une subjectivité que nul n’est fondé à te reprocher (sinon chacun devrait garder sa propre subjectivité pour lui ce qui serait assommant), mais à laquelle on peut donc t’en opposer une autre.
    D’abord distinguons deux questions : celle de l’excédent (ou du déficit) primaire d’une part, celle de la dette constituée d’autre part.
    En ce qui concerne l’excédent primaire, je suis de ceux qui l’appellent de leur vœu le plus rapidement possible dans leur propre pays comme dans les autres pays (encore que les excédents des uns se nourrissent des déficits des autres, cela aussi est un constat objectif indiscutable, en tout cas au sein de l’UE.)
    Il me semble qu’il est en effet parfaitement conforme à la raison élémentaire de ne pas dépenser plus que l’on gagne et que sauf exceptions dûment repérées (certains investissements gages de profits futurs, ou d’abandons de déficits à venir). Nous n’aurions que des avantages à nous ranger à cette discipline.
    Pour cela il nous faut impérativement mener deux actions courageuses, indispensables : – celle de faciliter notre remise en compétitivité en créditant dès aujourd’hui toutes nos entreprises d’un abandon de 10 points de leurs charges.
    – celle de passer enfin à une réelle fiscalité progressive et non pas seulement proportionnelle, cela tant pour ce qui est de tous les impôts connus que de toutes les cotisations sociales connues.
    Ces deux mesures, prises concomitamment sans idéologie aucune (chaque camp y trouvant son compte) sont de nature à rééquilibrer durablement nos comptes. Le seul problème étant qu’elles exigent ce courage dont nul n’a fait preuve jusque là.
    En ce qui concerne la dette constituée :
    Qu’on arrête enfin ce cinéma qui ne trompe plus personne, ou bien une dette est insoutenable, ce qui semble le cas en Grèce, et dans ce cas on l’annule comme on l’a déjà fait mille fois, ou si l’on veut finasser, on la consolide a un point qu’elle ne dérange plus personne, ni les créanciers qui tout en acceptant d’étaler son service jusqu’à ce qu’elle ne pèse plus pour le débiteur, n’ont pas à la comptabiliser dans leur bilan au titre des pertes puisque formellement elle existe encore … Ni donc les débiteurs qui dans le cas de la Grèce, verrait son service passer de 7 milliards par an à dix ou vingt fois moins (il s’agit de pures conventions, de jeu d’écriture sans conséquence puisqu’un état est réputé éternel au contraire des personnes physiques.
    Tout cela pouvait certes économiser un référendum, mais au moins la tenue de ce dernier et quelqu’en soit le résultat aura-t-il pu permettre qu’on pose la question. Le refus de Merkel de poser ainsi le problème est tout autant la cause de cet exercice inutile que la nécessité dans laquelle fut Tsipras d’en venir à cette mesure.

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      Michel Santo

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      Tu as noté que je déporte volontairement le débat concernant la Grèce dans notre propre champ politique. Je ne cite aucun chiffre concernant les grecs, je l’ai déjà fait, et m’intéresse à la logique économique, financière et politique de ceux qui soutiennent Tsiprias et qui souhaiteraient la voir reprise, par le même « spectre politique » des forces organisées en France. Cela dit Pierre, sur tes deux points le premier est incontestable, le second pose problème. Pourquoi, parce que jusqu’ici, et parce que c’est le plus facile, l’impôt est toujours utilisé comme la seule variable d’ajustement. Une variable qui ponctionne la relance par la demande, contre-productive au plan économique. Commençons donc par supprimer toutes les rentes et faisons le tri dans nos dépenses publiques. Nous sommes bien placés, ou plutôt nous le fûmes, pour savoir que le gisement est fertile sans que notre modèle social en soit affecté… Merci, pour tes commentaires

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    Pelissier

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    L’objectif de la progressivité de l’impôt, outre qu’il est conforme à notre texte le plus fondateur, notre DDHC de 1789, est aussi de peser moins sur l’activité puisque par définition il porterait essentiellement sur le gras, le superflu … (Le pendant de notre superflu administratif, que même l’actuelle réforme régionale est incapable de générer … ) en tout cas, sur le calcul d’un impôt et de cotisations réellement progressifs, de fins calculateurs issus de nos meilleures écoles, ont des modèles à proposer qu’il conviendrait de tester et puis de corriger éventuellement. Le principe étant de faire deux réformes qui en se totalisant demeurent neutres idéologiquement.

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      Michel Santo

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      Mais d’abord Pierre, et en France le coeur du débat est là, ton exemple le montre encore une fois, chaque fois que l’on réforme pour faire des économies de structures dans nos administrations publiques, dans une entreprise on appelle cela des gains de productivité, nos politiques les limitent ou les détournent pour en accroître les charges, et donc la dette ou l’impôt. Alors ne leur laissons pas le champ libre et n’allons pas dans le sens qui, au final, ne visent qu’à préserver leurs rentes de situation…

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      Pelissier

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      Le problème, Michel , est que nos politiciens sont à la fois (du législatif a l’exécutif) ceux qui décident et ceux qui bénéficient de leurs décisions … Comment pourrait-on en attendre quelques vertus ? Faudra-t-il réformer nos institutions en profondeur, et d’abord le mode d’élection de nos délégués, la durée et l’unicité de leurs mandats et leur possible révocation selon des modalités à définir (le diable étant dans les détails, il nous faudra y réfléchir intensément) ?

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    Aimé COUQUET

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    Mais où sont passés les milliards de profits versés aux actionnaires ?

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    Raynal

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    Il n’est evidemment pas possible de dure clairement que l’on abandonne la dete grecque….Le signal ainsi envoyé aux autres pays endéttés et qui rament pour en sortir (Portugal, Espagne et même nous France ) serait catastrophique….Alors, vous avez tout a fait raison, monsieur Pellissier, on finasse, on étale et surtout on fait en sorte que le cout politique et psychologique de ce renoncement de fait soit le moins lourd possible….Donc, et c’est là tout l’enjeu, assainir la situation de la Grèce pour le futur proche est vital et le retour a un excédent primaire capital….Je me réjouis de ce débat qui, sans agressivité ni pulsions passionnelles nous permet a tous d’enrichir notre reflexion…..Pour ajouter encore un élément a cette discussion, il faut savoir que le budget militaire grec est en pourcentage du PIB, le 3eme du monde….Peut être la situation géographique du pays face a la Turquie et au delà a la Syrie ou l’Irak, le justifie t’il et que cela arrange bien le reste de l’Europe….? Cela veut seulement dire que les considérations économiques ne sont pas les seules a prendre en compte mais qu’il existe aussi des considérations géopolitiques a la situation….

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