La presse-miroir.
Pour avoir «servi», notamment, des présidents de Régions et fréquenté ce que l’on appelle communément «les élus», je peux témoigner que leur premier souci matinal est la lecture superficielle des deux ou trois quotidiens qui constituent leur ordinaire régional.
Et selon que l’on y commente ou pas leurs actions, ou leurs dernières déclarations, forcément déterminantes pour l’avenir des « territoires » qu’ils gouvernent, leurs collaborateurs en subissent, au pire leur courroux, au mieux leur indifférence. C’est ainsi que pendant de nombreuses années, mon premier geste professionnel, à la première heure, fut la lecture des quotidiens régionaux. J’en déduisais ce que serait l’humeur de mon «patron», le nombre de coups de fil que j’allais recevoir et les dossiers qu’il importait, séance tenante, de mettre sur ma table de travail. C’est un fait universel: le journaliste «politique» est un miroir tendu à la face des politiques. Et réciproquement. Dans le dénigrement ou dans l’éloge, ils sont inséparables. Ils ont en commun la même fascination pour le pouvoir.
En 1969, Montherlant notait dans ses carnets : «Les gens croient qu’un homme public n’existe pas quand on ne parle pas de lui dans les journaux. C’est quand on ne parle pas de lui dans les journaux qu’il existe, s’il est capable d’exister.»
Combien sont-ils ?
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