La santé n’est pas la valeur suprême dont toutes les autres dépendraient…

       

     

Si Montaigne aime tellement la santé* c’est parce que la santé est la condition du plaisir. Elle n’est pas la valeur suprême dont toutes les autres dépendraient. Et le médecin n’est pas celui à qui nous devrions déléguer la gestion de nos vies et de notre société.

« Autant que je le peux, je m’occupe entièrement de moi, et sur ce sujet même, je briderais pourtant et retiendrais volontiers mon attention qu’elle ne s’y plonge pas trop entière, puisque c’est un sujet qui est dépendant d’autrui, et sur lequel le sort a plus de droits que je n’en ai. Si bien que, jusqu’à la santé que j’estime tant, je devrais prendre soin de ne pas la désirer et de ne pas m’y adonner si furieusement que j’en trouve les maladies insupportables. On doit se modérer et rester entre la haine de la douleur et l’amour de la volupté. Platon ordonne une conduite de sa vie à mi-chemin entre les deux. Mais aux attentions qui me distraient de moi et m’attachent ailleurs, à celles-là certes je m’oppose de toute ma force. Mon opinion est qu’il faut se prêter à autrui, mais ne se donner qu’à soi-même. »

*Lui qui souffrit toute sa vie de coliques néphrétiques

Montaigne, Michel De. Essais – Livre III Chapitre 10. De gérer sa volonté (Français moderne) Les Editions de Londres.

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