L’eau vive de Rousseau.
En ces temps d’hystérie médiatique où tout s’écrit sur n’importe quoi, n’importe qui et n’importe quand ; où le terrorisme de la transparence est vanté par les mêmes qui en stigmatisent l’usage à leur endroit ; où l’actualité se confond avec les vapeurs libidinales de ses commentateurs ; où le cynisme de nos élites éditoriales se goinfre de ragots et de rumeurs, il est bon d’aller se rafraîchir dans ces oasis de pureté que sont nos grands auteurs. Ainsi, ces lignes : « Heurtant de front tout ce qui fait aujourd’hui l’admiration des hommes, je ne puis m’attendre qu’à un blâme universel ; et ce n’est pas pour avoir été honoré de l’approbation de quelques sages que je dois compter sur celle du public : aussi mon parti est-il pris ; je ne me soucie de plaire ni aux beaux esprits, ni aux gens à la mode. Il y aura dans tous les temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de leur pays, de leur société … » Ecrites en 1750, par J.J Rousseau dans sa préface au Discours sur les sciences et les arts, page 9 de la superbe collection « Le Monde de la Philosophie- Flammarion ». Discours dans lequel on peut lire aussi, page 29 : « Non, il n’est pas possible que des esprits dégradés par une multitude de soins futiles s’élèvent jamais à rien de grand ; et quand ils en auraient la force, le courage leur manquerait. ».Tout dans ce texte est admirable. On y puise toujours une eau vive qui court par delà le temps et qui n’en continue pas moins de féconder nos esprits…
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