Moments de vie : Un instant parfait ; un instant de bonheur simple : dans un autre temps !

 
J’ai quitté ma « cabane » hier après-midi. J’avais deux ou trois choses à faire en ville. Une ville pleine comme un oeuf, envahie par d’imposantes troupes de touristes ayant fui des plages balayées par un vent violent soufflant par rafales. Une désolation esthétique ! Je n’avais jamais vu autant d’obèses : surtout des femmes, en shorts ultra courts et tatouées ; et d’hommes : bedonnants, en bermudas multi-poches. Tous promenaient leur ennui, et, pour beaucoup, leurs chiens, tout en léchant d’énormes cornets de glace. Des enfants aux yeux tristes suivaient en traînant les pieds. Ils pensaient à leurs copains et copines restés au camping ou à la maison ; à leurs jeux aussi. Ce monde-là semblait les accabler. Ils savent pourtant qu’il sera bientôt le leur. À intervalles réguliers, un message en différentes langues recommandait le port du masque sanitaire. Personne ne l’entendait ! Jamais la ville n’est aussi triste que durant ces jours d’aout très venteux. Elle paraît plus lourde, molle, fatiguée. Sans énergie. Le matin – Il le faut bien ! – j’avais ouvert ma fenêtre numérique pour y lire les nouvelles du jour. Désespérantes ! Je ne sais que penser, notamment, de la situation en Afghanistan. Je n’ai aucune compétence pour imaginer des solutions. Ce que je lis ici ou là ne me permet pas d’émettre un avis sur ce qu’il faudrait faire. Je vois pourtant passer, sur cette page, des commentaires d’indignés et de « savants » qui ne savent rien. La morale « humaniste » des progressistes et la vanité des demi-habiles s’y étalent sans pudeur. Je voudrais bien rester indifférent, mais cela m’afflige. La seule chose que je sais par contre est qu’un pays est en train de retomber dans l’obscurantisme, et qu’une grande partie de son peuple l’attendait, l’espérait. Comment comprendre autrement en effet ce qui vient de se passer, aussi vite et sans oppositions, dans ce pays où 90 de nos soldats sont morts. Si j’écris ces phrases, un peu comme elles viennent, c’est parce que notre impuissance collective me rend triste. Et qu’on ne vienne pas m’expliquer surtout pourquoi j’aurais tort de l’être. Il est 11 heures à présent. L’appartement est frais – dans une bienfaisante pénombre. Le vent joue avec les stores et les rideaux. Ils tamisent une lumière qui déforme meubles et objets. Des rayons et des taches de soleil dansent sur le parquet du salon. Pas un bruit dehors ! Je me laisse porter par ce voile aux couleurs printanières légèrement fanées par le temps. Il flotte, l’air est doux. Un instant parfait ; un instant de bonheur simple : dans un autre temps !
 

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