Musées de la Romanité en Occitanie ! Nîmes prêt à décoller quand Narbonne est encore en chantier…
Madame Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, vient d’effectuer, à Narbonne, une visite du chantier (qui a pris du retard) du futur musée régional de la Narbonnaise antique[1].
À cette occasion, j’espérais des « annonces » sur le contenu de ce projet et la résolution de programmes concernant son environnement immédiat (l’aménagement de la voie sur berge de la Robine, celui, avec son financement, du parvis ; la réalisation d’un parking ; le recalibrage des voies de circulation pour y accéder ; l’intégration du Clos de La Lombarde et de l’Horreum etc.) [2], mais rien de bien précis n’est finalement sorti de ce déplacement présidentiel, sinon le changement de nom de ce futur musée. Exit donc le MuReNa, gloria Narbo Via ! L’argument avancé par Carole Delga étant que cette nouvelle appellation « Narbo Via » devrait permettre une bien meilleure promotion du dit musée à l’international ; ce qui, je le confesse, m’a laissé, si je puis dire, sans voix.
D’autant que sur la scène régionale, son concurrent de Nîmes est déjà lancé à toute vitesse dans une course à la notoriété mondiale, que la ville et son patrimoine antique possède déjà, et ce depuis fort longtemps. Pour s’en convaincre et se faire une petite idée de l’avance prise par Nîmes et son futur musée, Il suffit d’aller sur le site internet du grand journal espagnol El Pais. En partenariat avec les guides Lonely Planet, ce journal place en effet le musée de la romanité de Nîmes [3], dont l’ouverture est prévu le 2 juin 2018, dans la liste des 10 musées à découvrir dans le monde, à la 8e place, aux côtés d’autres musées de renommée internationales : celui sur Beethoven à Vienne, l’antenne du Louvre d’Abu Dhabi ou encore du nouveau grand musée sur l’Égypte au Caire.
Je ne voudrais pas passer pour l’empêcheur de rêver en rond, mais force est de constater que tant par sa taille, la qualité de son design, sa situation à proximité des Arènes et du Temple romain (Maison Carrée), son ouverture prochaine au public… et l’unicité institutionnelle et politique de sa réalisation et de sa gestion [4], il va être difficile (très !), pour Narbo Via, de rivaliser avec cet ensemble patrimonial et muséal nîmois ; lui même inclus dans le triangle antique exceptionnel qu’il constitue avec Arles et le Pont du Gard.
[1] Financé à hauteur de 50 M€ par la Région, dont 6 de l’Europe, ce musée, propriété de la Région Occitanie, situé à la périphérie du centre ville, dans une zone bornée par un nouveau quartier, une zone commerciale, un parc des expositions, le canal de la Robine, et pensé par l’architecte Norman Foster, disposera d’une surface totale de 8 000 m² dont 2 700 m² consacrés à l’exposition permanente et 500 m² dédiés à l’exposition temporaire et aux espaces ouverts au public. Son ouverture est prévue, au mieux, l’été 2020…
[2] Et, chose tout de même incroyable, rien sur la récente découverte dans le prolongement de ce chantier d’un ensemble exceptionnel de tombes romaines
[3] C’est le 1 août, que Jean Paul Fournier, le maire de la Ville de Nîmes, maître d’ouvrage du futur musée de la Romanité, a officialisé la « réception de ce bâtiment ». Ce qui en langage courant veut tout simplement dire que le gros des travaux étaient à cette date terminé. Ne reste donc plus qu’à réaliser les aménagements intérieurs dans un ensemble de 9.200 mètres carrés au total, jardin extérieur compris. 5.000 pièces prendront place dans les différentes salles, sur une surface de 3.500 mètres carrés. L’ouverture de musée, qui se situe en plein coeur de la cité, face aux arènes antiques, est, elle, prévue le 2 juin de cette année. Au total cette réalisation signée de l’architecte Elizabeth de Portzamparc s’élève à 59,5 millions d’euros, dont 10 M€ abondés par la Région. Pour aller plus loin, dans ses aspects architecturaux et urbains, je recommande la belle chronique : Musée de la Romanité à Nîmes, patrimoine de l’humanité ? de Christophe Leray
[4] La Ville a assuré la maîtrise d’ouvrage de cet ouvrage, contrairement au Musée régional de Narbonne, et donc sa parfaite intégration dans son environnement urbain. D’autre part, sa gestion est confiée à une société publique locale dont la majorité du capital est détenu par la Ville de Nîmes. Et ce contrairement au musée régional de Narbonne qui, lui, se trouve confronté à des tensions politiques entre la Ville centre et la Communauté d’Agglomération, avec des effets secondaires négatifs de toute nature (La Région n’est évidemment pas en situation d’influer sur l’urbanisation de cette zone et, si la ville met à disposition ses collections lapidaires, elle n’entend pas, pour le moment en tout cas, participer à la gestion de Narbo Via, notamment)
Mots-clefs : Arles, Carole Delga, Christophe Leray, Chroniques d'architecture, Elizabeth de Portzamparc, Jean Paul Fournier, le Pont du Gard, Maison Carrée de Nîmes, MuRéNa, Musée de la romanité de Nîmes, Narbo Via, Narbonne, Nîmes
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Jean Pierre
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A 50 000 000 € l’unité et pour compléter la panoplie du rayonnement mondial
il faudrait aussi bâtir un musée a Montpellier et l’appeler Montpel’Via…
(Merci de faire suivre à Carole Delga que je trouve un peu à court d’idée…)
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Jahan
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Oui…Narbo Via, tout ça pour ça. Goût très amer. Narbonne loupe l’opportunite Phénoménale d’avoir un pôle culturel d’exception : nécropole, musée, aspirateur d’art contemporain et théâtre, canal, tout cela « en ligne « ! Et le renvoi en centre villes vers deux sites d’ewception Pour la romanité l’horreum Et le Clos de la Lombarde…c’est à n’y rien comprendre, un suicide culturel à tous les niveaux décisionnaires. Grosse fatigue des bénévoles du Clos qui a coup d’huile d coude tous les samedis entretiennent les vestiges du quartier résidentiel de Narbo Martivs.
Le clip de la visite virtuelle du musée diffusé par la région montre le « mur lapidaire »….il est aisè de penser au mur des lamentations. Je conseille vivement d’aller une dernière fois se recueillir à Lamourguier auprès des pierres sculptées qui émettent des messages artistiques, sans l’aide de tablette….transportées au mur du musée je crains qu’elles ne taisent pour toujours.Anik
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