Contre-Regards

par Michel SANTO

Instantané dans une salle d’attente.

 
     

   

Une salle d’attente : celle de mon médecin ! Ses murs gris et sa table basse recouverte de magazines défraîchis. L’ambiance y est un peu lourde, inquiète. Entrent deux personnes accompagnées d’un enfant. Elles s’assoient, le petit garçon entre elles. Pressé, il plonge sa main dans un sac en plastique, en sort un livre et le tend à son « papy ». Puis un autre qu’il offre à sa « mamie », tout sourire. Cela fait, il se cale bien droit sur sa chaise, inspecte une dernière fois le fond de son sac, et en tire un jeu vidéo. Trois personnes me font face, plongées dans des « imaginaires » discordants. Deux mondes aussi qui s’éloignent rapidement l’un de l’autre…

Tout est si simple!

 

 

 

Tout est si simple ! Réduire les déficits publics et échapper à l’abaissement de notre triple A ? Il suffit de supprimer les niches fiscales ! Ouah, ouah ! Sauf que (sauve que !), les niches en question sont aussi nombreuses que les contribuables qui y résident. Tous étant d’accord pour la suppression de la niche du voisin. Les restaurateurs en ont une de plus de 3 milliards d’euros avec la TVA à 5,5 % et la supprimer les mettrait dans la rue. Il en est de même aujourd’hui avec la suppression demandée par l’Europe de la TVA réduite pour les centres équestres. D’autres, comme les fraudes aux prestations sociales, sont plus sournoises, et à voir le tollé suscité par toute proposition afin de les limiter, on imagine les réactions de la «  classe politique » en cette période pré électorale : « Touche pas à ma clientèle ! ». Reste la solution de les raboter petitement toutes selon le bon principe égalitarisme et républicain. Pas sur du tout que cela suffise ! Il est même à craindre que les agences de notations se fâchent dur. Ah ! J’oubliais le courage politique et le pari que nous pourrions prendre d’un sursaut de lucidité au service de l’intérêt général. Rêvons ! Un peu…

Contraindre la volonté politique.

   

 

 

 

Politiques et médias nous le rabâchent sans cesse : la crise des finances publiques de pays de la zone euro (Grèce, Portugal, Irlande, Espagne, Italie…), crise qui n’épargne pas la France, serait une fiction orchestrée par les agences de notation et les « marchés » ! C’est évidemment fort simple et conséquemment faux ! Comme si un thermomètre pouvait être à l’origine d’un accès de fièvre et les cotisants à la Sécu responsables de l’état clinique des français, par exemple. En réalité, si les détenteurs de capitaux : fonds souverains et établissements financiers et bancaires ne veulent plus de « papiers » émis par des Etats surendettés, ou alors au prix fort, c’est qu’ils doutent fortement de leurs capacités à les rembourser. Et on ne peut leur reprocher à la fois leur tiédeur (ils ne veulent prendre aucun risque) et leur irresponsabilité (ils ont prêté sans discernement), pour les présenter ensuite, face à l’opinion, comme les seuls responsables de budgets publics perclus de dettes depuis plus de trente ans par des gouvernements et des majorités de gauche comme de droite. Des responsables politiques qui, aujourd’hui, jouent la défausse pour n’avoir pas à rendre des comptes sur la démagogie de leurs engagements électoraux et des politiques mises en œuvre. Une démagogie de surcroît protégée par une impunité qui les absout de toute poursuite et de toute sanction même dans le cas de situation de quasi faillite comme en Grèce. Un pays, et d’autres demain, où le peuple paye au prix fort la gabegie de ses dirigeants pendant que ses derniers continuent de jouir de leurs privilèges. Il y a là quelque chose de scandaleux d’autant qu’on imagine aisément ce qu’il adviendrait d’un ménage ou d’une entreprise gérés de manière tout aussi irresponsable. Pour ces raisons, il est impératif que la volonté politique soit contrainte, et qu’elle le soit par la plus haute des normes juridiques : la Constitution, afin de l’obliger à l’équilibre budgétaire. Il en va de l’intérêt public et de la crédibilité de nos dirigeants…Comme de la simple morale !