Contre-Regards

par Michel SANTO

Une dernière vilenie!

 

Il est de ces hommes qui, l’âge venant et l’égo en berne, se glissent dans les couloirs et les ors des sous-préfectures pour y chercher les doux rayons d’une considération jamais reçue pendant  leur médiocre petite vie active. Un profond ressentiment, une récente et confortable retraite et une tardive  jeune femme leur sont désormais comme un nouveau bain de jouvence. Ils se découvrent poètes et tricotent des vers d’une lénifiante vulgarité. Maire d’un petit village conquis par la trahison de celui qui devait l’être, la pensée du notre s’est colorée d’un rouge vif. L’environnement local ne lui laissait pas d’autres choix et ceux qui le fréquentèrent dans ses années de maturité y retrouvent l’arrogance et le cynisme dont témoigne toujours son regard brumeux et fuyant. Il fut un temps où il m’invitait : par  utilité.Une sorte d’investissement relationnel pour l’avenir, toujours incertain. Il m’ignore aujourd’hui : je témoigne de sa vérité. Une image de lui-même limitée et mesquine. Qu’il ne peut s’empêcher de m’imposer, comme si en dépendait la sérénité de son âme. Une dernière vilenie: par crainte de son devoir…

Touche pas à ma niche ! Protégeons nos gamelles !

C’est Jérôme Cahuzac, le Président P.S de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, qui résume le mieux ce que serait la politique fiscale de ses amis en 2012 : « Nettoyer les niches fiscales pour harmoniser les assiettes. » Une formule piquée dans la charte de la S.P.A ! A une nuance près, cependant. S’agissant de canidés se gavant de copieuses pâtées d’exonérations d’impôts, des gamelles eussent été plus appropriées. Mais quel chantier ! Chaque français ou presque possédant sa niche, l’effort à consentir pour karchériser cet immense parc  canin, nécessitera une mobilisation sans précédent. Sans compter les risques de vilaines morsures. Quant aux gamelles et à leur harmonisation souhaitable ( Un seul format, monocolore ), on imagine d’ici la gueule d’un Doberman devant une pâtée de Teckel !!! Et prédire un chenil fiscal en perpétuel concert d’aboiements : « Touche pas à ma niche ! Protégeons nos gamelles ! »

Trois leçons de Gracian.

 

 

 

 

 

Trois leçons de B. Gracian prises dans  » L’homme de cour « 

 

 

 

La conversation familière doit servir d’école d’érudition et de politesse. De ses amis, il en faut faire ses maîtres, assaisonnant le plaisir de converser de l’utilité d’apprendre. Entre les gens d’esprit la jouissance est réciproque. Ceux qui parlent sont payés de l’applaudissement qu’on donne à ce qu’ils disent ; et ceux qui écoutent, du profit qu’ils en reçoivent. Notre intérêt propre nous porte à converser. L’homme d’entendement fréquente les bons courtisans, dont les maisons sont plutôt les théâtres de l’héroïsme que les palais de la vanité. Il y a des hommes qui, outre qu’ils sont eux-mêmes des oracles qui instruisent autrui par leur exemple, ont encore ce bonheur que leur cortège est une académie de prudence et de politesse.

 

Il n’y a point de beauté sans aide, ni de perfection qui ne donne dans le barbarisme, si l’art n’y met la main. L’art corrige ce qui est mauvais, et perfectionne ce qui est bon. D’ordinaire, la nature nous épargne le meilleur, afin que nous ayons recours à l’art. Sans l’art, le meilleur naturel est en friche ; et, quelque grands que soient les talents d’un homme, ce ne sont que des demi-talents, s’ils ne sont pas cultivés. Sans l’art, l’homme ne fait rien comme il faut, et est grossier en tout ce qu’il fait.

 

C’est faire en homme sage de ne parler jamais en superlatifs, car cette manière de parler blesse toujours, ou la vérité, ou la prudence. Les exagérations sont autant de prostitutions de la réputation, en ce qu’elles découvrent la petitesse de l’entendement et le mauvais goût de celui qui parle. Les louanges excessives réveillent la curiosité et aiguillonnent l’envie ; de sorte que, si le mérite ne correspond pas au prix qu’on lui a donné, comme il arrive d’ordinaire, l’opinion commune se révolte contre la tromperie, et tourne le flatteur et le flatté en ridicule. C’est pourquoi l’homme prudent va bride en main, et aime mieux pécher par le trop peu que par le trop. L’excellence est rare, et, par conséquent, il faut mesurer son estime. L’exagération est une sorte de mensonge ; à exagérer, on se fait passer pour homme de mauvais goût et, qui pis est, pour homme de peu d’entendement

Faux débats et faux culs!

 

Faux débats ? Débat sur le débat ? Débat nécessaire, mais sous conditions ? Débat sur les conditions nécessaire d’un débat ? Pas de débat ? Convention alors ? Sur la laïcité ? La place des religions ? L’islam en particulier ? Les problèmes concrets qu’il poserait ? La prière dans les rues, les demandes religieuses dans les hôpitaux ? Les dispositifs juridiques en vigueur souffriraient-ils d’erreurs d’interprétations ou d’une méconnaissance totale de la part des autorités publiques chargés de les faire respecter ? Des circulaires d’applications et des formations ne pourraient-elles être mises en place pour y pallier ? Pourquoi donc utiliser un « marteau pilon » pour écraser « une mouche » ? Voudrait-on jouer sur les peurs ? Entre la lâcheté républicaine et sa sœur jumelle la démagogie islamophobe, point d’espace pour un vrai dialogue démocratique ? Un vrai débat ? De ceux qui font l’essence même d’une République laïque ? C’était bien une hirondelle qui virevoltait, ce matin, dans le ciel gris de Narbonne. Puis une autre et une autre encore… Enfin !

Comment être sage dans le chaos?

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« Ne sois pas trop juste, ne pratique pas trop la sagesse : pourquoi te rendre ridicule? » (L’Ecclésiaste)

 Mes images:

« Dandy », « nihiliste petit-bourgeois », « frimeur dilettante », Frédéric Schiffter se pâme de ses vertus, que tant de philosophes, Zarathoustra du bocage ou bluffeurs d’éthiques, honnissent. Déjà, étudiant, il préférait Manchette à Lévinas. Pourtant, « l’essayiste le moins lu de France » signe aujourd’hui son dixième livre, un décalogue inspiré par dix aphorismes cueillis parmi son panthéon, dans lequel Freud allonge Proust tandis que Pessoa flirte avec l’Ecclésiaste.